Le brief éco. En pleine crise sociale, Ryanair investit en France
Ryanair annonce l’ouverture de deux bases en France : une à Bordeaux, l’autre à Marseille. La compagnie irlandaise low cost est en grève vendredi et prévoit l'annulation de 250 vols.
Une grève de plus chez Ryanair. Après des débrayages dans plusieurs pays depuis cet été, la compagnie irlandaise à bas coûts va connaître vendredi 28 septembre une grève européenne. Les dernières négociations ont une nouvelle fois échoué.
L’intersyndicale estime qu’après quatre tours de négociations supplémentaires, la direction de la compagnie n’a pas fait de proposition intéressante. Les revendications concernent de meilleures conditions de travail et, surtout, le rattachement du contrat de travail de chaque salarié à son pays de résidence, contrairement à la pratique historique de Ryanair qui consiste à employer une bonne partie de son personnel via des contrats de droit irlandais.
Modèle économique atypique
Si le modèle économique de l’entreprise est atypique, le management appliqué par le patron l’est tout autant. Empêtré dans les conflits sociaux depuis des mois, Michael O’Leary a récemment menacé de représailles sur l’emploi en Allemagne si les débrayages ne cessaient pas. Il est capable de délocaliser du jour au lendemain avions et personnels sur d’autres pays qui sont en demande de trafic. La Pologne est sa menace fétiche. C’est une pression permanente sur les salariés. Un seul exemple : certains pilotes de Ryanair travaillent à leur compte, l’équivalent d’auto-entrepreneurs et sont payés uniquement s’ils assurent des vols, donc sans rémunération fixe ni assurance maladie. Comme modèle économique disruptif, c’est disruptif. Du rude, du brutal.
Les conflits sociaux n’empêchent pas la compagnie d’investir et de s’étendre
Ryanair annonce l’ouverture de deux bases en France : une à Bordeaux, l’autre à Marseille. C’est un retour dans l’hexagone puisque la compagnie n’y était plus présente depuis 2011. L'investissemement prévu est de 400 millions d’euros. Ce montant comprend notamment le prix des quatre Boeing 737 qui seront déployés à Bordeaux et Marseille. Normalement, 120 emplois devraient être créés, 27 nouvelles lignes seront proposées dont le Maroc, l'Italie ou la République tchèque.
La cible de Ryanair, c’est évidemment Air France, elle-même en prise à un sérieux conflit social et alors qu’un nouveau patron vient d’arriver. Reste à savoir si la pression mise par la low cost irlandaise servira d’argument à Ben Smith – le nouveau DG d'AirFrance/KLM – pour donner un coût d’accélérateur à son propre programme de compagnie à bas coûts censé relancer le groupe. Le low cost d'Air France-KLM c'est notamment la compagnie Transavia que Benjamin Smith a l'intention de développer et d'imposer comme modèle étalon. C'est loin d'être gagné.
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