Le brief éco. Galileo : le GPS européen perd la boussole
Sérieux couac pour Galileo, la constellation de satellites européens. Le système, présenté comme révolutionnaire, rencontre des problèmes d’horloge interne susceptibles d’affecter les nouveaux services de géolocalisation.
Les satellites envoyés dans l'espace pour la géolocalisation connaissent des problèmes d'horloge interne et risquent d'être un frein pour le programme Galileo. C'est un programme spatial lancé en 1999 par l’Union européenne. Un système de navigation par satellite qui se veut le pendant européen de l’offre américaine de GPS. Jusqu’à présent 18 satellites ont été lancés. A l’horizon 2020, la constellation devrait atteindre la trentaine de satellites.
Problème : neuf des 72 horloges atomiques qui équipent ces satellites sont en panne. Des pendules fabriquées par l’entreprise suisse Spectratime. Or, la coordination de ces horloges est capitale pour permettre une localisation précise. Cela concerne directement nos smartphones, GPS de voitures, etc.
Pour l’anecdote, les systèmes à hydrogène qui équipent les satellites sont prévus pour assurer une stabilité de l’ordre de la nanoseconde (un milliardième de seconde) par 24 heures, ce qui équivaut à gagner ou perdre une seconde toutes les 2,7 millions d’années. Par comparaison, une montre numérique présente une précision d’environ une seconde par jour.
Une panne qui tombe au mauvais moment
L’Agence spatiale européenne avait annoncé en grandes pompes le lancement de nouveaux services le 15 décembre, avec promesse d’une localisation plus précise. C’est plutôt raté !
Cet épisode intervient aussi après une série de problèmes allant du management (business plan mal ficelé) jusqu'à deux satellites placés sur mauvaise orbite en 2014. La vie n’est pas un long fleuve tranquille pour la constellation européenne qui a pris une bonne dizaine d’années de retard, avec explosion de budget (13 milliards d’euros selon la Cour des comptes contre cinq milliards initialement budgétés). La facture pour la France s’élèverait à 2,4 milliards d’euros.
Coup dur pour l’Europe spatiale
On ne peut jamais reprocher aux nouvelles aventures technologiques de pointe de rencontrer des difficultés de mise en place. Mais cela intervient dans une forte concurrence internationale. Outre le GPS américain, il y a aussi le Glonass russe et le Beidu chinois, déjà en fonctionnement.
L’enjeu est de taille. 10% du PIB européen (1 500 milliards d’euros) dépend aujourd’hui des systèmes de positionnement par satellites pour les livraisons, les entreprises de transports, la maintenance industrielle, l’agriculture. En 2018, selon Bruxelles, tous les nouveaux véhicules vendus en Europe seront équipés de capteurs Galileo. On croise les doigts.
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