Le brief éco. Grèce : banques centrales, rendez l’argent !
La Banque centrale européenne a encaissé huit milliards d'euros depuis 2012 avec les intérêts de la dette grecque. Un montant dont le reversement fait polémique.
Huit milliards d’euros. C’est ce qu’a empoché la Banque centrale européenne depuis 2012 avec les différents rachats de la dette grecque. Huit milliards de bénéfices : un chiffre tout aussi symbolique que polémique. Explosif diront certains, très politique diront d’autres.
Dans tous les cas, la BCE se livre à une opération vérité qu’il va falloir maîtriser. Ce chiffre de huit milliards a été communiqué directement par le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, dans une lettre adressée à des députés européens qui se renseignaient sur le programme de soutien à la Grèce.
Les 8 milliards doivent revenir aux banques centrales nationales
Ces 8 milliards d’euros sont le fruit des intérêts de l’argent qui a servi à racheter de la dette grecque pour aider le pays jusqu’en 2011, et que les Grecs ont continué de rembourser les années suivantes. Un plan dont le coût total s’est élevé à 35 milliards. Ces profits ne reviennent pas directement à la BCE mais sont redistribués aux banques centrales nationales, proportionnellement à leur participation au capital de la BCE.
Jusque-là, rien de plus normal. Une banque qui prête de l’argent a toujours perçu un revenu en échange. Problème : cela jette de nouveau la pleine lumière sur l’argument souvent invoqué : les banques s’en mettent plein des poches sous couvert de leur soutien à la Grèce, que la finance internationale a elle-même contribué à faire chuter. Argument que l’on entend aujourd’hui encore.
L'Allemagne s'opporse au transfert des 8 milliards à la Grèce
Est-ce que les banques nationales vont garder cet argent ? Il y a quatre ans, les bailleurs de fonds de la Grèce s’étaient mis d’accord pour re-transférer le pactole à Athènes, à condition, notamment, que le gouvernement grec poursuive les réformes. Mais cet accord a volé en éclat en 2015 lorsque sont apparues de vives tensions avec la gauche radicale Syriza et le Premier ministre Aléxis Tsipras. L’Allemagne a dit "nein" à la poursuite de la procédure et les autres capitales européennes ont suivi Berlin.
Le départ du ministre grec de l’Economie, Yanis Varoufakis, a calmé les esprits et une fenêtre s’est rouverte en juin dernier. La perspective du reversement des profits des banques centrales à la Grèce réapparaît dans certains communiqués de l’Eurogroupe. En mettant la question des profits sur la place publique et en en dévoilant le montant conséquent, Mario Draghi joue la transparence probablement pour éviter de voir l’info fuiter par un autre canal qu’il ne maîtriserait pas, et qui serait certainement plus dangereux en termes de communication.
Maintenant, aux acteurs, banquiers centraux et Etats, de se mettre d’accord sur la suite à donner au dossier pour éviter une nouvelle avoinée de la part de l’opinion publique.
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