Le brief éco. Italie, vers une nouvelle crise en zone euro ?
L’Italie, qui s’apprête à être dirigée par un gouvernement populiste et eurosceptique, commence à inquiéter sérieusement Bruxelles et les marchés financiers. Se dirige-t-on vers une nouvelle crise dans la zone euro ?
Pour l’instant, pas de panique mais l’alerte est sérieuse. Le président italien n’a pas encore donné son feu vert à la nomination de Giuseppe Conte au poste de Premier ministre, comme le proposent la Ligue d’extrême droite et le Parti 5 Etoiles antisystème, mais les opérateurs et les responsables européens sont sur le qui-vive. Mardi 22 mai, les bourses européennes ont terminé en hausse, mais c’est du côté des taux d’intérêt que la situation se tend. Les opérateurs de marché font remonter les coûts d’emprunt de l’Italie et il y a fort à parier que le spread (l’écart de taux entre l’Italie et les autres pays européens, notamment l’Allemagne) se creuse encore dans les prochains jours. Un signal envoyé par les marchés, peut-être un peu tardivement : attention, chers Italiens, ne faites pas n’importe quoi, sinon la zone euro risque de connaître une nouvelle crise sérieuse.
Des risques évidents
D’abord, le programme politique présenté par la coalition antisystème. Il n'y est plus question de la remise en cause de l’euro mais d’un grand plan de relance anti-austérité qui laisserait déraper déficit public et dette : réforme du système de retraites, instauration d'un revenu citoyen de 780 euros par mois pour les chômeurs, etc. Le coût total des mesures reste encore assez flou mais on parle de 100 à 170 milliards d’euros.
Fragilité de l’économie italienne
L’Italie reste confrontée à des problèmes structurels très lourds. La dette publique atteint les 2300 milliards d’euros, soit plus de 130% du PIB, la richesse nationale produite par le pays sur un an. L’économie italienne tend à ralentir : 1,2% de croissance en rythme annuel au premier trimestre 2018 après 1,4% en 2017. Enfin, le système bancaire italien est très fragile. Le taux moyen des créances douteuses (l’argent placé par les banques dans des positions à risque) représente 12% des crédits aux ménages et aux entreprises qui sont ainsi vérolés. Pour l'instant, la Banque centrale européenne soutient le pays à bout de bras pour éviter tout dérapage, mais elle ne tolèrera aucun écart. Il ne faut pas oublier que l’Italie a aujourd’hui l’endettement public le plus élevé de la zone euro après un autre pays qui rappelle des souvenirs pas si anciens : la Grèce.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.