Récession en Allemagne : plombée par le prix de l'énergie, l'industrie bénéficie d'un plan d'aide colossal
Jusqu’au déclenchement de la guerre en Ukraine, l’Allemagne dépendait du gaz russe bon marché pour se fournir en énergie. La guerre a mis un terme à ce canal et, depuis, les industriels outre-Rhin subissent des prix de l’électricité particulièrement élevés, parmi les plus hauts en Europe. Le soutien du gouvernement présenté, jeudi 9 novembre, se fera à coups de baisses d’impôts massives et de subventions. Olaf Scholz a décidé de sortir l’arme lourde budgétaire.
Près de 30 milliards d'euros sur cinq ans
Le projet d'aide présenté par le Premier ministre, Olaf Scholz, prévoit tout d’abord de réduire considérablement la taxe sur l’électricité payée par l’ensemble des entreprises industrielles, pour la ramener au minimum européen de 0,05 centime le kWh. C'est un coût pour les finances publiques, et donc le contribuable allemand : trois milliards d’euros par an jusqu’en 2028.
Autre dispositif : 5,5 milliards d’euros débloqués en 2024 pour réduire la redevance payée par les entreprises aux gestionnaires de réseaux électriques. Le total jusqu’en 2028 s’élève à 28 milliards dont 12 milliards uniquement sur 2024.
Dissensions politiques
Si le patronat est satisfait, il est compliqué de se mettre d’accord dans un gouvernement de coalition qui mélange verts et libéraux. Il aura fallu de nombreuses semaines pour parvenir à un compromis. De leur côté, les syndicats critiquent le fait que les allègements de taxes ne soient pas liés à des contreparties imposées aux entreprises en matière de salaires et pérennité de l’emploi.
Quant à la très rigoureuse et sévère Cour constitutionnelle allemande, elle pourrait remettre en cause le tour de passe-passe budgétaire au motif que les fonds débloqués étaient initialement prévus pour faire face à la pandémie de Covid en 2020. Cet argument est invoqué par l’opposition. Malgré tout, ce plan d’aide a de fortes chances de voir le jour en intégralité.
Berlin estime qu’il est urgent d’agir car la crise de l’industrie fait plonger l’ensemble de l’économie du pays. Contrairement à la France et certains de ses partenaires sur le "vieux continent", l’Allemagne va être en récession cette année avec un repli de son PIB de 0,4%. L’ancienne locomotive économique de l’Europe devrait être le seul État du G7 – les sept pays les plus industrialisés de la planète – à enregistrer une chute de sa richesse nationale cette année.
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