SNCF : alors que la France manque de trains, le groupe s'attaque aux lignes intérieures en Italie
L'offensive du groupe ferroviaire français se fait via sa filiale SNCF Voyageurs, qui s’attaque ainsi au marché de Trenitalia sur son propre territoire. Certains y verront une réponse à l'Italie, puisque dans le cadre de l’ouverture à la concurrence du marché ferroviaire européen, Trenitalia s’est implantée en France fin 2021, concurrençant la SNCF notamment sur les tronçons Paris-Lyon, Paris-Nice et plus récemment Paris-Strasbourg.
Ambitions et plan de bataille
C’est un beau coup de la SNCF, qui s’attaque à son tour au pré carré de sa concurrente sur son propre sol. Mais l’ouverture de ce marché joue dans les deux sens et chacun en profite. Pour SNCF Voyageurs, il s’agit de se positionner en Italie, qui offre un marché naturel de la grande vitesse avec 56 millions de passagers transportés chaque année - contre 122 millions en France. De l'autre côté des Alpes, le marché n'est pas totalement mature et il y a encore beaucoup de candidats au voyage à aller chercher.
Le groupe espère conquérir 15% de part de marché de l’Italie sur la grande vitesse d’ici 10 ans, avec 10 millions de passagers transportés par an. Pour le plan de bataille, SNCF Voyageurs veut proposer neuf allers-retours quotidiens entre Turin, Milan, Rome, Venise et Naples, avec notamment des allers-retours quotidiens entre Turin et Venise, qui font partie des destinations les plus prisées. Pour parvenir à cet objectif, la compagnie prévoit d’utiliser 15 rames de TGV M de dernière génération. Quinze rames sur les 115 que la SNCF a commandées pour son activité globale, et dont les premiers exemplaires doivent être livrés en 2025.
La guerre des rails avec l’Italie après l’Espagne
D'une façon similaire à Trenitalia, SNCF Voyageurs est implantée en Espagne depuis 2021, où elle a déjà réussi à conquérir 20% de parts de marché grâce à son offre à petit prix Ouigo, des prix cassés par rapport à ceux pratiqués par la compagnie nationale espagnole Renfe. Depuis, Renfe a rendu la pareille, en ouvrant des lignes entre la France et l'Espagne en 2023, puis en s'attaquant à des tronçons 100% français en 2024, entre Paris, Lyon et Marseille. Des tronçons désormais en concurrence avec la SCNF et... Trenitalia.
En s’implantant en Italie, la SNCF conforte son assise européenne. Ses activités en Europe représentent aujourd’hui un tiers de son chiffre d’affaires total sur la grande vitesse, soit environ trois milliards d’euros, alors qu’elle peine à répondre à l’explosion de la demande en France. Il va falloir expliquer tout cela aux voyageurs français.
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