Télécoms : pourquoi le patron d’Altice monte au créneau
Rarement la parole de Patrick Drahi aura été aussi attendue. D’habitude très discret, il doit s’exprimer lundi 7 et mardi 8 août en marge de la publication des résultats d’Altice International et d’Altice France, pour rassurer les créanciers du groupe, quelques jours après l’arrestation au Portugal d’un de ses anciens bras droits, soupçonné de s’être enrichi aux dépens de l’entreprise.
Aujourd’hui classé 13e fortune française par le magazine Challenges, Patrick Drahi est l’artisan de la montée en puissance d’Altice. Un empire des télécoms bâti à coup d’acquisitions menées tambour battant. Son coup de maître : le rachat de SFR au nez et à la barbe de Bouygues en 2014. L’année suivante il met le cap sur les États-Unis où il s’offre deux cablo-opérateurs de renom. Conséquence de cet appétit d’ogre : une dette cumulée estimée aujourd’hui à 60 milliards d’euros, l’une des plus élevées du secteur des télécoms.
La dette d'Altice pose problème tout d’abord parce qu’elle est énorme au regard de son chiffre d’affaires. Altice France à elle seule est endettée à hauteur de 23,5 milliards d’euros, c’est plus du double de son chiffre d’affaires annuel. Par comparaison, celle de son concurrent Iliad, le propriétaire de Free, qui lui aussi s’est beaucoup développé ces dernières années, n’est “que” de 10,5 milliards d’euros. Ensuite et surtout parce qu’au moment où les taux d’intérêt montent en flèche, refinancer une telle dette coûte de plus en plus cher au groupe. Fini l’époque où l’on pouvait profiter d’un argent bon marché avec des taux proches de zéro. La dette d’Altice a aussi la particularité d’être surtout obligataire. Les titres émis par l’opérateur sont dans la catégorie dite “hautement spéculative”, ce qui veut dire que les souscripteurs de ces obligations exigent une rémunération plus élevée que la moyenne en échange de leur prise de risque.
Les options pour Altice
Pour calmer la nervosité des marchés qui commence à poindre, la première option serait d’alléger la dette en cédant des actifs. Altice a déjà commencé à le faire il y a quelques mois en vendant ses relais télécom ou encore la moitié de son réseau fibre. Le groupe fait régulièrement savoir qu’il possède encore “de nombreux actifs à forte valeur”, au cas où il devrait s’en séparer.
L’autre solution serait d’améliorer la rentabilité de SFR pour dégager plus de liquidités et donc rembourser plus rapidement la dette. Mais il faudrait pour cela augmenter les abonnements sur le mobile et les box internet, plutôt délicat en pleine crise du pouvoir d’achat, et à l’heure où la guerre des prix continue de faire rage.
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