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Assemblée nationale : pourquoi la proposition de loi sur l'instauration de peines minimales contre des récidivistes crispe au sein de la majorité

L'Assemblée nationale étudie aujourd’hui une proposition de loi pour rétablir les peines planchers, proposition des députés Horizons, le parti d’Edouard Philippe. Mais le texte n’a quasiment aucune chance d’être adopté. Le brief politique d'Hadrien Bect.
Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'ancien Premier ministre, Edouard Philippe, lors du congrès des adhérents des mouvements de la majorité présidentielle, à Paris, le 17 septembre 2022. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

Division sur les "peines plancher". Les députés Horizons, et derrière eux, Édouard Philippe, défendent jeudi 2 mars l'instauration de peines minimales contre des récidivistes. Mais le texte n’a quasiment aucune chance d’être adopté. Et pourtant, Horizons, c’est le troisième pilier de la majorité relative, avec Renaissance et le Modem, 29 députés. Oui, mais voilà, le texte qui prévoit une peine minimale en cas de récidive de violence contre les forces de l'ordre notamment ne passe pas du tout auprès du reste de la majorité.

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Déjà rejeté en commission la semaine dernière, la présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé, a même invité devant ses troupes Eric Dupont-Moretti, le garde des Sceaux pour dire tout le mal qu’il pensait de cette loi. De son côté, la rapporteure de la proposition, la députée Naïma Moutchou n’a pas pu défendre sa mesure devant le même groupe Renaissance. "Il n’y a eu aucune envie de discuter", constate un élu Horizons. "Cette mesure ne sert à rien, on ne défend pas ça", répond un cadre de la majorité, quand un autre ajoute, un brin provocateur, "Ils veulent un marqueur de droite pour se différencier de LR, tant mieux pour eux, mais ils vont perdre… sauf s’ils vont chercher les voix du RN". Bref pas question de faire le moindre cadeau aux troupes d’Édouard Philippe.

"La désescalade ou de pire en pire..."

Et c’est n'est évidemment pas uniquement un problème de fond. Il y a certes un aspect d’organisation. "A Renaissance, ils n’ont pas compris qu’on était plus en 2017 et qu’ils n’étaient plus tous puissants", entend-on par exemple. Mais le problème est bien plus profond : Horizons est le parti au service d’une future candidature d’Édouard Philippe en 2027. Alors, toute prise de position de ses députés est lue - et plutôt à juste titre - comme une façon pour l'ex Premier ministre d'avancer ses pions. Forcément, ça crispe. "A Renaissance, ils tapent sur la tête d’Édouard faute d’avoir déjà un candidat", critique un cadre philippiste.

Des échanges d’amabilités donc, mais le quinquennat est loin d’être terminé. A tel point que les patrons des trois partis de la majorité vont eux-mêmes jouer les casques bleus. Stéphane Séjourné, François Bayrou et Édouard Philippe se retrouveront la semaine prochaine, le 8 mars, pour un bureau exécutif commun, comme l'a indiqué Le Figaro. L'occasion de mettre en scène une jolie image d’une majorité unie. Le discours d'Édouard Philippe au congrès de son parti, le 24 mars, sera aussi guetté. Un cadre Horizons prédit d'ailleurs : "Là, soit ça sera la désescalade, soit ça sera de pire en pire..."

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