Budget de la sécurité sociale : la stratégie de Gabriel Attal interpelle au sein du "socle d'alliés" de Michel Barnier
Gabriel Attal et son groupe de députés Ensemble pour la République, ont finalement apporté leur soutien au budget de la Sécurité sociale mercredi 27 novembre 2024, après quelques jours de suspens. L'ancien Premier ministre avait maintenu la pression sur le gouvernement de Michel Barnier en insistant sur la nécessité de ne pas augmenter les cotisations patronales sur les bas salaires.
Un objectif pour lequel Gabriel Attal a mené un véritable 'bras de fer' avec Michel Barnier, Premier ministre que les macronistes sont pourtant censés soutenir. À la tête des 94 députés de son groupe à l'Assemblée nationale, Gabriel Attal a voulu sauver l'un des héritages du macronisme : "relancer l'économie et les embauches, c'est quand même l'un des seuls trucs qu'on a réussi", assure un membre du groupe.
Alors qu'un député de droite dénonce une logique "jusqu'au-boutiste des élus EPR, qui ne comprennent pas qu’ils n’ont plus la majorité", un élu Horizons considère pour sa part que l'objectif de Gabriel Attal "ne méritait pas qu'on mette à mal le gouvernement". Un gouvernement déjà bien en difficulté alors qu'à gauche et à l'extrême droite, la menace d'une motion de censure se fait grandissante. Matignon refuse officiellement de commenter l'insistance de Gabriel Attal, mais un proche de Michel Barnier tacle : "Attal a voulu jouer au roquet et s'est replié, alors qu'il était en train de se faire une stature d'homme d'État, cette histoire l'a abîmé", regrette-t-il.
Une ambition présidentielle ?
Depuis la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée par le président de la République en juin 2024, l'ancien Premier ministre cherche en effet à imprimer sa marque. Il a instauré un fonctionnement plus collégial, davantage de débats entre élus et de votes en interne. C'est quelqu'un de "très collectif, c'est marrant que ce ne soit pas l'image qu'il donne", commente l'une de ses proches. Mais d'autres membres du groupe macroniste décrivent un "fonctionnement clanique", un président "difficile à rencontrer" et "concentré sur autre chose". Son groupe de députés n'est d'ailleurs pas toujours au rendez-vous des votes, notamment lors de l’examen de la proposition de loi EPR sur la Justice des mineurs, un thème cher à l'ancien ministre de l'Education qu’il a tenu à mettre à l’ordre du jour. Le texte a été détricoté en Commission faute de participants sur les bancs du "socle commun".
Déjà président de son groupe à l'Assemblée nationale, prendre la tête du parti Renaissance en tant que secrétaire général apparaît désormais comme son nouveau défi. Seul en lice après un deal avec Élisabeth Borne, il sera officiellement désigné le 7 décembre, au terme d’un vote qui a rassemblé les deux tiers des adhérents. Son ambition est de "renouveler sans se renier" et de faire du parti un "laboratoire d'idées", explique l'entourage de Gabriel Attal. Difficile de ne pas y voir la marque d'une ambition présidentielle.
Pourtant, dans le clan Attal, on refuse de parler de 2027, "c'est trop loin". Certains membres du parti s'interrogent d'ailleurs : "la marche vers l'Élysée ne serait-t-elle pas trop haute ?" "Ce n’est pas parce qu’on a un talent fou qu’on est très bon politiquement", considèrent certains élus. Une ambition qui laisse certains sceptiques, alors que les soutiens d'Élisabeth Borne considèrent que l'ancien Premier ministre devrait au minium lâcher la présidence du groupe : "On ne peut pas bien faire les deux fonctions en même temps", estime l'une d'eux. À entendre les Attalistes, cela ne semble pourtant pas d'actualité, mais "il ne s’accrochera pas au groupe si la majorité des députés EPR le demandent" .
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.