Discours sur l'Europe à la Sorbonne : les eurodéputés français déplorent la date choisie par Emmanuel Macron
Du RN à LFI en passant par LR et les écologistes, tous les eurodéputés français sont invités au discours sur l'Europe d'Emmanuel Macron à la Sorbonne jeudi 25 avril. Problème : ce discours du chef de l'État aura lieu à 11h, pile au même moment que les tout derniers votes de la session parlementaire à Strasbourg, qui se tiennent de 12h à 14h.
Dans l'opposition, beaucoup vont donc "sécher" la Sorbonne. Le timing est "dingo" torpille un écologiste qui dénonce une "aberration". Au RN, certains ont cru à "une blague" en voyant le carton d'invitation. Jordan Bardella, souvent accusé de ne pas être très présent au Parlement, est plutôt dans l'idée "d'exercer son mandat" à Strasbourg, assure un de ses collègues. Le RN suivra quand même attentivement le discours qu'il qualifie de "lancement de la campagne de la liste Renaissance". Ce dont un conseiller de l'Élysée se défend : "Ce sera le discours d'un président qui veut influer sur l'agenda de la future Commission européenne."
Les macronistes n'iront pas tous à la Sorbonne non plus
Les oppositions préfèrent voter à Strasbourg plutôt que de rentrer à Paris écouter le chef de l'État. "Voter contre la PAC que les macronistes veulent déréguler, c'est bien plus important", confie l'insoumise Manon Aubry. Les écologistes de Marie Toussaint aussi veulent ferrailler contre ce projet de "rabotage des critères environnementaux". La délégation LR de François-Xavier Bellamy préfère également Strasbourg à la Sorbonne, tout comme la tête de liste du PS Raphaël Glucksmann et ses camarades.
Le calendrier pose aussi un souci aux eurodéputés macronistes. Leurs adversaires sont déjà prêts à les accuser de manquer à leur "devoir de parlementaires" pour "se précipiter écouter le chef". Mais les macronistes n'iront pas tous à la Sorbonne non plus. C'est "dommage de devoir choisir", grince un élu de la majorité qui restera au Parlement pour les votes, comme une de ses collègues qui relativise : "On écoutera le président en replay dès que possible !" D'autres hésitent encore. Nathalie Loiseau confie ainsi être "un peu tiraillée" entre le discours d'Emmanuel Macron et sa résolution à faire voter à Strasbourg contre les ingérences russes. Un dilemme aussi pour la tête de liste Valérie Hayer, qui est présidente de groupe : "l'arbitrage est en cours", selon son entourage... même si un proche d'Emmanuel Macron verrait d'un bon œil qu'elle soit à la Sorbonne.
Des think thanks à l'Élysée
En attendant, pour finaliser son discours de jeudi, Emmanuel Macron reçoit, mardi 23 avril au matin, une quinzaine de représentants de think tanks proeuropéens, comme l'Institut Jacques-Delors ou la Fondation Jean-Jaurès. L'objectif selon un conseiller : "recueillir leurs idées et tester ses intuitions sur eux". Le président convie ensuite à déjeuner les chefs des partis de la majorité, Stéphane Séjourné (Renaissance), François Bayrou (Modem), Édouard Philippe (Horizons), l'équipe de campagne et quelques poids lourds du gouvernement, histoire d'avoir leur avis sur les grandes orientations du discours.
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