Election présidentielle de 2022 : tiraillements sur le cap stratégique à droite
Quelles propositions porter à la présidentielle ? La droite s’interroge sur le cap stratégique à donner à sa campagne, et cela ravive de vieilles cicatrices.
Deux stratégies s’opposent. D’un côté, l'aile des Républicains qui considère que pour avoir la moindre chance en 2022, la droite doit "consolider son électorat naturel". Bétonner sur le régalien, parler aux PME, incarner le sérieux et la crédibilité, et surtout ne rien proposer d’iconoclaste.
En face, des dirigeants, souvent plus jeunes, proposent pile l’inverse. À l’image de Guillaume Peltier, vice-président délégué des Républicains, ou Aurélien Pradié, secrétaire général du parti. Quand l’un fait l’éloge de l’audace voire de la transgression, l’autre plaide pour "des propositions turbulentes" à l’adresse de la jeunesse, comme un revenu universel vital versé à partir de 18 ans, une aide qui fusionne tous les dispositifs existants aujourd’hui. Une sorte de cousin germain du revenu universel porté par la gauche. Guillaume Peltier, lui, veut augmenter le SMIC.
"Ça et le retour de l’ISF, ce sont des conneries à ne pas faire", grince un élu important, qui préfère que Les Républicains poussent l’idée d’une TVA réduite en sortie de crise, pour aider les entreprises à reconstituer leurs trésoreries.
Insécurité économique ou insécurité tout court ?
Ces deux droites, loin d'être irréconciliables, lisent en tout cas différemment dans le marc de café. Aurélien Pradié, le secrétaire général des Républicains, prédit que la campagne se fera sur l’insécurité économique. Qu’il n’y aura pas d’explosion de la consommation d’ici un an. Et donc que l’électorat populaire parti chez Marine Le Pen ne reviendra que si on lui parle de justice sociale.
Insécurité économique, oui, mais celle des milieux d’affaires, rétorque une autre partie de la droite. Qui préfère se concentrer sur les patrons. Et là où ça devient complexe, c’est que le camp des régaliens juge que les deux se trompent. 2022 se jouera sur l’insécurité tout court, prédit un sénateur, la délinquance, le terrorisme, le phénomène de bandes... appelant à se concentrer sur ces thématiques.
Un élu rappelle que ces tiraillements ont toujours existé à droite, encore plus à l’approche d’élections : "1995, Chirac qui fait le choix de la fracture sociale face à Balladur." Derrière le rappel historique, un pari politique : celui de "balladuriser" Emmanuel Macron, qui serait "facile à prendre sur la pauvreté et la justice sociale." Pari intéressant... à la condition de trouver le Chirac de 2022.
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