Élections européennes : avec Jordan Bardella à plus de 30%, qui pourrra battre Marine Le Pen en 2027 ?

À deux jours du scrutin du 9 juin, le dernier sondage Ipsos pour franceinfo donne la liste RN à 32%. Les autres camps se préparent déjà à faire face dans la perspective de la prochaine présidentielle.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le candidat Jordan Bardella avec la présidente du groupe parlementaire RN Marine Le Pen, à Paris le 2 juin 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Si les résultats de chaque liste au soir du dimanche 9 juin restent incertains, tous les partis ont intégré que le Rassemblement national allait arriver très loin devant les autres. Dans le dernier sondage Ipsos pour franceinfo, publié jeudi 6 juin, la liste de Jordan Bardella est donnée à 32%.

Un poids lourd du gouvernement prévient : "Il ne faudra pas sous-estimer la violence du résultat, ce sera un séisme", quand un dirigeant socialiste est fataliste : "Il y aura deux drames, le RN à 30% et le fait que ça ne mette personne dans la rue". Et même si les élections européennes ne préfigurent jamais la présidentielle suivante, un RN très haut sera une donnée à prendre en compte pour tous les adversaires de Marine Le Pen, avec une question qui taraude beaucoup de responsables politiques : "Qui sera capable de la battre ?"

Les autres partis tous travaillés par la dissension

Le résultat qui s'annonce inquiète aussi la majorité présidentielle. La crainte est que le résultat provoque la zizanie, que chacun essaye de jouer sa carte, notamment Édouard Philippe, qui vise 2027. Chez les potentiels successeurs d'Emmanuel Macron, il y a deux stratégies qui s'opposent : faire bloc le plus longtemps possible ou au contraire tenter la rupture. Un ministre est formel en tout cas : "Avec un RN aussi haut, il faudra rassembler tout le monde pour 2027, de la gauche sociale-démocrate à la droite LR, sinon aucune chance de gagner". Mais à une condition, résume un conseiller : "Il ne faut pas que la liste macroniste finisse trop bas dimanche, histoire que l'alternative au RN reste dans l'espace central."

Le cas contraire ouvrivra un espace aux autres. C'est ce que théorise déjà un ténor LR : "Il n'y a plus un macroniste qui pourra battre Le Pen". Laurent Wauquiez est persuadé qu'à partir du moment où Emmanuel Macron ne sera plus dans l'équation, le jeu se réouvrira pour la droite, et accessoirement pour lui. Mais Xavier Bertrand se dit aussi qu'il a une carte à jouer, ayant déjà battu Marine Le Pen aux élections régionales dans les Hauts-de-France.

Du côté de la gauche, ils sont nombreux à espérer que le score du RN provoquera un "électrochoc", car il sera "minuit moins le quart avant Le Pen à l'Élysée", alerte un socialiste. "Il faudra se rassembler", c'est le mot d'ordre en vogue au PS, chez les écologistes et certains insoumis. Une députée prévient : "deux candidats de gauche en 2027, ça veut dire zéro au second tour". Mais la rupture consommée entre la gauche mélenchoniste et la gauche non-mélenchoniste reste en travers du projet, aucune ne semblant aujourd'hui disposée à s'effacer pour l'autre.

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