Élire les députés à la proportionnelle, le sujet semble enfin faire consensus
À chaque élection, le sujet revient sur la table pendant la campagne. Introduire la proportionnelle dans les décompte des voix, en quoi cela consiste-t-il ? Le brief de campagne de Jean-Rémi Baudot.
Pendant la présidentielle, plusieurs candidats ont de nouveau lancé un appel pour élire les députés à la proportionnelle. Le sujet semble désormais faire consensus et pourrait finalement bien voir le jour. La proportionnelle aux législatives consiste à attribuer des sièges à des listes de députés en proportion des voix qu’elles reçoivent. Traduction : plus une liste obtient de voix, plus elle a de sièges. Un décompte qui paraît intuitif mais qui ne s’applique pas aujourd’hui.
Depuis 1958, on a en effet un scrutin majoritaire, c’est-à-dire que les députés sont élus sur leur score individuel. En pratique, le scrutin majoritaire offre un avantage au parti qui a le vent en poupe et c’est censé offrir de la stabilité politique à l’Assemblée Nationale. A quoi servirait d’introduire la proportionnelle ? En 2017, avec le scrutin majoritaire, le bloc LREM-MoDem a eu 350 députés. Avec une proportionnelle intégrale, il en aurait eu 249, ce qui fait 101 députés de différence. À l’inverse, le Rassemblement national a eu 8 députés en 2017 alors qu’il en aurait eu 81 avec la proportionnelle intégrale, soit 10 fois plus.
Et le sujet revient une fois de plus car c’est une promesse récurrente des candidats à la présidentielle : Sarkozy en 2007, Hollande en 2012, Macron en 2017… Tous ont promis la proportionnelle mais aucun ne l’a appliquée. Politiquement, on le comprend : rares sont les majorités qui ont envie de faire rentrer plus d’opposition au Parlement. Car la proportionnelle change les équilibres politiques. La seule application qu’on a eu lors de la Ve République, c’était en 1986. À l’époque, la proportionnelle fait rentrer pour la première fois le Front national à l’Assemblée avec 35 députés.
On peut penser que cette fois, la proportionnelle a une chance d’être appliquée. Emmanuel Macron avait échoué à la faire voter en 2018. Il promet de reprendre le sujet avec une commission transpartisane. La pression est grande car les grands partis comme le PS et Les Républicains, qui ont longtemps bloqué cette idée, sont aujourd’hui fragilisés. Un cadre MoDem se permet cette taquinerie : "Avant, les LR nous regardaient avec condescendance sur la proportionnelle. Aujourd'hui, ce sont eux les petits, donc ils la réclament." Sur le fond, donc, oui, cette réforme a des chances de passer dans les prochains mois, pas pour les élections de juin mais pour les législatives suivantes. Il y a même des députés LREM qui imaginent négocier l’adoption du texte avec les oppositions contre une promesse de dissolution de l’Assemblée.
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