En attendant le gouvernement d'Elisabeth Borne, l'aile droite de la macronie en proie au doute
Le profil de la Première ministre et de ceux qui vont l'entourer à Matignon inquiètent à droite où, derrière l’annonce du prochain gouvernement, les équilibres politiques vont se redessiner.
L'attente de l'annonce du gouvernement d'Elisabeth Borne crée de la tension au sein de la majorité, où l’aile droite de la macronie craint de perdre du terrain. Dans cette période d’incertitude pour le casting gouvernemental, chacun cherche des éléments pour mesurer la manière dont les forces politiques seront représentées dans la nouvelle équipe. Et certains parmi les macronistes de droite ont repéré des signaux qui les inquiètent, notamment la composition du cabinet d’Elisabeth Borne.
Aux côtés de la nouvelle Première ministre : Aurélien Rousseau, directeur de cabinet issu de la gauche. Une ancienne du cabinet de Bernard Cazeneuve est aussi pressentie. "C’est comme si le clan Delanoë se retrouvait à Matignon”, s’étrangle un conseiller. En creux, derrière ces critiques, c’est toute la philosophie du macronisme qui se retrouve en question. Emmanuel Macron a toujours vanté le "dépassement" en politique, la fin de la droite et de la gauche. Mais dans ses équipes, après deux Premiers ministres issus de la droite, certains pensaient que cette architecture était faite pour durer. Ils sont donc un peu déstabilisés.
Côté droit, on prie donc pour que tous ces ministères où il y aura des réformes ne tomberont pas tous à gauche. Affaires sociales, éducation, santé… “Les gens de droite sont inquiets car ils veulent que les futures réformes parlent à leur électorat” décrypte un fin connaisseur.
Plus aucune figure "indéboulonnable"
Et puis surtout, ils sont déstabilisés car il y a eu beaucoup de rumeurs ces dernières semaines : un deal Macron-Sarkozy pour faire venir des députés LR… Une femme de droite à Matignon, Catherine Vautrin... Des rumeurs qui ne se sont pas réalisées. “Il y a deux mois, dans le gouvernement, les poids lourds de droite paraissaient indéboulonnables… aujourd’hui, ça n'est plus le cas” s’amuse un membre de l’entourage d’Edouard Philippe…
Même chez Edouard Philippe, on s’amuse de ce petit jeu d’influence. Car il y a de l’eau dans le gaz entre Edouard Philippe et certains de ses anciens camarades de droite en macronie. Ses relations avec Gérald Darmanin sont notoirement plus tendues. “Ils se surveillent et se jaugent” explique sobrement un conseiller. Edouard Philippe jouit de sa position à l’extérieur du dispositif. Il a été consulté mercredi par Elisabeth Borne. En parallèle, il travaille à faire élire un maximum de députés Horizons, il tente aussi de créer un groupe au Sénat et fait tout pour peser un maximum pour la suite.
Il faut comprendre que derrière l’annonce du prochain gouvernement, il y a des équilibres politiques qui vont se redessiner. Et on perçoit la fragilité du macronisme. “La réalité, cette unité de façade droite-gauche tacitement imposée par Emmanuel Macron, elle n’existe pas”, déplore un visiteur du soir de l’Elysée. Si elle est reconduite, la future majorité ne sera pas simple à tenir.
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