Exclus des consultations avec François Bayrou, le RN et LFI assurent se préparer à repartir en campagne

Emmanuel Macron écarte totalement la possibilité de démissionner, mais les insoumis et le Rassemblement national rêvent de le faire partir et de précipiter une présidentielle dans les prochains mois.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. (Sameer Al-Doumy / Xose Bouzas / Hans Lucas / AFP)

Le président de la République n'a aucune intention de démissionner, mais La France insoumise et le Rassemblement national, qui ne sont pas à la table des dernières négociations autour du nouveau Premier ministre François Bayrou jeudi 19 décembre, font infuser l'idée, laissent penser aux Français que c'est possible. D'où l'enjeu pour eux de montrer qu'ils ont une stratégie : faire tomber les prochains gouvernements pour contraindre le chef de l'État à jeter l'éponge et donc précipiter la prochaine présidentielle.

"Nous sommes en situation de faire chuter le président", répète Jean-Luc Mélenchon à ses troupes, encore mardi 17 décembre devant ses députés, à l'Assemblée nationale. Selon les informations de franceinfo, LFI va lancer après les fêtes une campagne d'inscription sur les listes électorales, et multiplie les coups de fil pour trouver les 500 parrainages obligatoires pour se présenter. En cas de démission demain, le scrutin peut se tenir dans les 30 jours, il faudra aller très vite. La quête de parrainages est aussi lancée chez Marine Le Pen. La patronne des députées RN pense que le moment est venu, que la classe politique revient à une "bipolarisation avec deux offres antagonistes et très lisibles", d'après l'un de ses proches à franceinfo, LFI et le RN donc, et "face à Mélenchon, et bien on gagne".

Précipiter la présidentielle pour gagner du temps

Pour eux, le scénario de la démission peut très vite se produire. À la tête de l'appareil insoumis, on imagine une fenêtre, entre fin février et fin mars 2025, avant le verdict qui risque de rendre Marine Le Pen inéligible, et après le renouvellement d'un tiers des membres du Conseil constitutionnel. Emmanuel Macron pourrait d'après LFI être tenté de démissionner s'il obtenait la garantie des Sages de pouvoir se représenter, son deuxième mandat n'étant qu'entamé. Le RN et LFI partagent aussi le même intérêt : sauver leurs chefs. Jean-Luc Mélenchon a 73 ans, gagner deux ans et demi l'assure de pouvoir se présenter. Quant à Marine Le Pen, le verdict dans le procès des assistants parlementaires, qui devrait être prononcé le 31 mars, menace son avenir. Pour eux deux, chaque jour compte, et tous les prétextes sont bons pour multiplier les appels à la démission.

LFI notamment s'appuie sur une longue enquête du Monde. Des sources y rapportent des propos d'Emmanuel Macron tenus en privé, notamment sur l'hôpital et l'Aide médicale d'État aux étrangers en situation irrégulière. "Le problème des urgences dans ce pays, c'est que c'est rempli de Mamadou" aurait dit le président, toujours d'après Le Monde. La cheffe des députés LFI Mathilde Panot dénonce sur X des propos racistes : "La France a un problème, définitivement, il s'appelle Macron". Avant de sortir son hashtag préféré : "Macron démission".

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