Fin de vie : des interrogations chez les députés de la majorité concernant les modalités du projet de loi sur "l'aide à mourir"
Le texte qui va instaurer l'aide à mourir était très attendu par une grande partie de la majorité, mais maintenant que le gouvernement a dévoilé les détails, l'heure est aux débats. Mardi 19 mars, pour la première fois, les députés Renaissance ont échangé avec la ministre en charge de la Santé et des Solidarités Catherine Vautrin. "Un débat serein, confie un député, avec des nuances bien plus profondes que le simple clivage entre progressistes et conservateurs". "Un vrai débat politique au sens fort du terme" se félicite un de ses collègues.
L'occasion pour certains de faire part de leurs réserves sur des aspects précis du texte, comme l'intervention possible d'un proche pour administrer la substance létale si le patient ne peut pas le faire. Une élue se dit "heurtée" par cette idée et alerte sur les "conséquences psychologiques" pour l'auteur du geste. Dans le même temps, un député également médecin explique que lui-même aurait "des difficultés à le faire".
Des divergences sur les dispositions concrètes
D'autres aspects posent question aux députés. Dans la copie du gouvernement, un seul médecin valide le choix du patient, après avoir consulté d'autres soignants. Des députés Renaissance souhaiteraient une décision "collégiale". Ce qui entraîne inévitablement la question de l'unanimité ou de la majorité pour trancher.
D'autres s'interrogent sur le médecin qui dispose de 15 jours pour statuer, alors que le discernement du patient peut se dégrader très vite, ce qui empêchera des malades d'aller au bout du processus. En fait, "l'aide à mourir" "dans l'absolu" est plutôt saluée, mais il y a des divergences sur les modalités concrètes. Même si, bien sûr, pour certains macronistes améliorer véritablement l'accès aux soins palliatifs sur tout le territoire serait suffisant, sans aller jusqu'à l'aide à mourir.
Ces débats traversent toute la majorité, puisque chez Horizons ainsi qu'au MoDem, il y a aussi des différences d'approches. Chez les amis de François Bayrou, il y a des "très pour" et des "très contre", comme cette députée qui redoute des dérives à long terme. Sa crainte est que "des personnes âgées se disent qu'elles sont des charges, donc autant en finir". À contrario, un de ses collègues défend résolument "l'aide à mourir", pour "offrir la même liberté à tous, quels que soient ses moyens, alors qu'aujourd'hui les plus fortunés vont en Suisse pour mourir". Les débats ne font que commencer puisque le projet de loi arrivera dans l'hémicycle de l'Assemblée le 27 mai prochain.
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