Gouvernement : la mue politique du ministre Pap Ndiaye

C’est la question que tous les ministres, issus de la société civile, se posent à un moment ou à un autre. Pour être un bon ministre, faut-il être uniquement compétent ou faut-il aussi être "politique" ? Faut-il être stratège, créer son réseau chez les élus et les députés et peser pour faire passer ses réformes ? 

Pap Ndiaye a longtemps cru que son expertise suffirait. Il a récemment changé d’avis… Observez son planning. Depuis plusieurs semaines, le ministre de l’Éducation nationale fait bien attention, lors de ses déplacements, à prendre plus de temps sur le terrain pour des rencontres avec des élus ou des militants macronistes... 

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Multiplier les contacts politiques pour se faire connaître

L’idée est simple : parler, rencontrer, se faire connaître et tenter de sortir de l’image qui lui est souvent attribuée, celle d'un technicien dans son couloir de nage, pas très connecté avec la vraie vie. Une idée récemment mise en pratique en Moselle et en Normandie. Comme par hasard, le ministre de l’Éducation cible les circonscriptions des députés de la commission de l’éducation. Aller à la rencontre des élus, écouter leurs problématiques et tenter d’y apporter des réponses, c’est ça faire de la politique. Le cabinet du ministre mise beaucoup sur cette stratégie. Mieux connaître les parlementaires, c’est avoir plus de chance de peser dans les débats. Donc de gagner plus d’arbitrages. Donc faire avancer ses propres sujets.

En privé, Pap Ndiaye jure n’avoir aucune ambition politique. Il n’est d'ailleurs pas encarté au parti présidentiel, Renaissance. Mais il semble avoir compris que la politique avec un grand "P" passait aussi par de la politique avec un petit "p". Depuis janvier, il organise des dîners avec les parlementaires macronistes, regroupés par académie. Là encore, il fait du réseau pour mieux exister au sein de la majorité.

Ce début de "mue politique" permet-elle à Pap Ndiaye d’éviter les difficultés ? Clairement non. Récemment, en pleine contestation des retraites, le ministre avait dû être exfiltré sous protection policière de son TGV, Gare de Lyon à Paris. Enfin, plus dramatique : ce lundi, Pap Ndiaye recevait les parents de la jeune Lindsay, victime de harcèlement scolaire qui s’est suicidée. Le ministre a parlé d’un "échec collectif". Les parents de la jeune fille sont ressortis du rendez-vous en l’accusant de ne pas être "sincère".