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Inflation : Paris tente de faire plier Berlin sur un plan de soutien européen

Dimanche 22 janvier à l’Elysée, Paris et Berlin vont célébrer les 60 ans du Traité de Versailles, la réconciliation franco-allemande. Des festivités alors que les relations sont tendues entre les deux pays et que la France fait tout pour faire plier l’Allemagne sur certains sujets.
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron à l'Elysée à Paris le 27 octobre 2022 (RIT HEIZE / XINHUA)

Comme il semble loin, le temps où le couple franco-allemand était considéré comme le moteur de l’Union européenne. Depuis plusieurs mois, les relations se sont distendues. La faute à des désaccords politiques. La faute aussi à une différence de style : "Macron et Scholz ne fonctionnent pas de la même manière", commente un député, très au fait des négociations franco-allemandes. À l’Elysée, on ne dément pas vraiment mais dans un langage diplomatique, on précise : "Les relations ne se sont jamais rompues". Nous voilà rassurés.

Entre la France et l’Allemagne, cela coince sur les prix du gaz, le nucléaire ou la défense… Les contentieux se sont accumulés depuis le départ d’Angela Merkel, il y a un an. L’Allemagne est déstabilisée par l’énergie et la nouvelle donne avec les Etats-Unis et la Chine. Son modèle est totalement remis en question. Dernier dossier délicat en date : l’inflation. Emmanuel Macron pousse pour que l’Europe se dote d’un dispositif d’aides massives comme l’ont fait les Etats-Unis. En coulisses, "les discussions sont denses", confirme l’Elysée, mais pour l’heure n’aboutissent pas.  

Casse-tête et agacements

Paris se retrouve confronté à une coalition allemande, au pouvoir, elle-même divisée. Sur plusieurs dossiers, les Verts et le SPD ne sont pas d’accord. Conséquence : sur cette réponse anti-inflation, Bruno Le Maire affirme que son homologue à l’Économie est pour, mais que le ministre allemand des Finances, lui, est contre. C’est un casse-tête pour négocier.

Entre Paris et Berlin, chacun s’agace des décisions prises par l’autre sans consultation préalable. Début janvier, Emmanuel Macron annonce la livraison de chars à l’Ukraine. L'Allemagne et les Etats-Unis y travaillaient aussi : les deux pays ont du sortir du bois quelques heures plus tard.  Certains se demandent si l’annonce n’aurait pas eu plus d’effet sur le conflit avec la Russie si les trois pays s’étaient coordonnés. 

Ce week-end, Paris et Berlin vont afficher des sourires et des poignés de main, et partager un Conseil des ministres franco-allemand. La réalité, c’est qu’en coulisses, les mots ne sont plus franchement tendres. À Bercy, certains dénoncent l’égoïsme des Allemands sur la question énergétique. À l’Assemblée, d’autres fustigent "l’aveuglement des élites allemandes" sur la Russie. 

Il va falloir que les choses s’apaisent mais plus personne ne se fait d’illusion à Paris : pour l’heure, le couple franco-allemand n’existe plus.

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