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La stratégie du gouvernement pour sauver le Parlement européen à Strasbourg

Face aux limitations de déplacements imposées aux fonctionnaires européens pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, la session prévue à Strasbourg a été transférée à Bruxelles jusqu'à jeudi. Du côté de Paris, on redoute un délaissement du Parlement européen.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Parlement européen à Strasbourg n'a plus accueilli de session depuis février 2020. (CORINNE FUGLER / FRANCE-BLEU ALSACE)

Depuis février, il n’y a eu aucune session du Parlement européen à Strasbourg alors que les députés européens sont censés s'y retrouver tous les mois. Après le coup d’arrêt provoqué par le confinement, la session prévue ces jours-ci a été annulée, ou plutôt transférée jusqu’à jeudi 17 septembre à Bruxelles. Il faut rappeler que l’Europe compte deux Parlements, l’un en Belgique, l’autre en France. Le maintien des députés dans la capitale belge s’explique officiellement par la limitation des déplacements entre Bruxelles et Strasboug imposée aux quelques 2 500 fonctionnaires européens pour lutter contre l’épidémie de Covid-19.

Mais côté français, certains estiment que le Covid a bon dos. D’abord parce que de nombreux agents concernés sont en télétravail et n’ont donc pas besoin de se déplacer. Ensuite, parce qu'un train spécial est affrété à chaque session, la caravane européenne reste donc en vase clos et n'est qu'assez peu en contact avec l'environnement extérieur. Enfin, les protocoles sanitaires sont très stricts.

Vu de France, le Covid-19 est un prétexte bien commode pour marginaliser Strasbourg, une fois de plus. Le débat n’est pas récent puisque des voix en Europe s’élèvent régulièrement pour réclamer l’abandon de l’hémicycle français.  

La France veut rassurer les élus

Le Parlement de Strasbourg pourrait pourtant être renforcé dès le 1er janvier 2022, date à laquelle la France prendra la présidence tournante de l’Union Européenne. Clément Beaune, le Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, chargé des Affaires européennes, s’est rendu à Strasbourg lundi pour rassurer les élus, et promettre que beaucoup d'événements liés à cette présidence auront lieu dans la ville. D’ici là, un comité de suivi est installé entre le gouvernement et les collectivités locales. Il se réunira tous les mois pour faire remonter des idées sur la façon de renforcer la place de Strasbourg en Europe.

L’Etat est prêt à mettre plus de moyens s’il s’avérait que le problème vient de l’accessibilité, explique-t-on. Les élus, de leur côté, tentent de convaincre leurs homologues européen qu'ils seront plus libres et plus indépendants à Strasbourg, loin de la technocratie de Bruxelles. Il faudra attendre le mois prochain pour savoir si l’argument est suffisamment convaincant. Paris se bat pour que la session d'octobre se tienne à Strasbourg, mais n'a obtenu à ce stade aucune garantie.

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