Le budget de l'armée en discussion : quelle stratégie de défense pour 2030 ?
"Avoir de nouvelles frégates c’est bien mais les Chinois et les Indiens, eux, ils sont déjà dans le cyber et le spatial." Phrase entendue à l’Hôtel de Brienne, au ministère de la Défense, en pleine négociation budgétaire. On y discute la "LPM", la loi de programmation militaire, pour laquelle il va falloir faire des choix.
On ne parle pas de coupes budgétaires. L’armée est clairement à l’abri, jamais la France n’a consacré autant d'argent à sa défense que sous Emmanuel Macron. En 2023, le budget des armées est en hausse pour la 5e année consécutive : 43,9 milliards d'euros. De quoi accélérer le remplacement du vieux matériel, mais pas de combler toutes les failles. La guerre en Ukraine a mis au jour de nouvelles lacunes. La France manque de munitions mais aussi et surtout de drones, de systèmes d'information et de communication ou encore de renseignement. La liste est longue…
Le problème, c’est que pendant longtemps, le budget de l’armée n’était pas réellement un sujet politique. La LPM était avant tout une question budgétaire, calquée sur les recommandations techniques des états-majors et tranchée à Bercy.
Le budget de l'armée, un sujet politique ou militaire ?
On ne peut pas dire que la politique ait pris la main mais en novembre, en présentant la Revue stratégique nationale (RSN), Emmanuel Macron a plaidé un changement de méthode : d’abord définir quelle armée nous voulons en 2030, ensuite on verra le budget nécessaire et la répartition de ces fonds.
Message reçu au ministère de la Défense où dans les négociations, le ministre Sébastien Lecornu tente d’expliquer : oui il faut moderniser l’armée mais il faut surtout se préparer aux guerres de demain. Comment combattre ceux qui détournent les moyens civils pour faire la guerre (les matières premières, l’information…). La France sait-elle correctement se battre contre des groupes comme Wagner qui tentent de manipuler l’opinion ? Des enjeux qui ne passent pas forcément par un nouveau porte-avion. Il faut répartir les fonds en fonction de la stratégie.
Ces négociations sont confidentielles mais selon différentes sources, il n’est pas toujours simple de faire accepter cette nouvelle méthode à tous les corps d’armée. Il reste quatre mois de discussions. La loi de programmation militaire sera dévoilée au mois de mars et engagera l’Etat jusqu’en 2030.
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