Moselle : menacée de fermeture pour raisons climatiques, la centrale à charbon de Saint-Avold, sujet d'une bataille politique, reprend son activité pour l'hiver

La centrale de Saint-Avold, l'une des deux dernières centrales à charbon françaises, devenue terrain de campagne et d'affrontement politique, recommence, mardi matin, à produire de l'électricité. Les salariés restent néanmoins inquiets pour leur avenir sur le site.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Remise en service de la centrale à charbon de Saint-Avold, le 28 septembre 2022 (photo d'illustration). (THIERRY LINDAUER / MAXPPP)

Comme chaque année à l'approche de l'hiver, la centrale à charbon mosellane de Saint-Avold (Moselle), qui intéresse de près les politiques de tout bord, a repris son activité mardi 12 novembre au matin, rapporte franceinfo. C'est une nouvelle saison dans le flou total pour ses salariés, puisqu'ils relancent la machine comme chaque hiver face au froid, tout en ayant déposé un préavis de grève et sans avoir la garantie d'être toujours là dans quelques mois.

Emmanuel Macron s'est engagé à s'affranchir totalement du charbon avant 2027, pour décarboner le secteur énergétique afin de lutter contre le dérèglement climatique. Saint-Avold est l'une des deux dernières centrales à charbon du pays. Elle produit l'équivalent d'un tiers de la consommation du Grand Est lorsqu'elle fonctionne à plein régime. Environ 500 emplois, directs et induits, seront menacés si la centrale devait fermer ses portes. La menace est d'autant plus tangible qu'une grande partie de leurs contrats, à durée déterminée, se terminent en avril.

Leur seule porte de sortie, une conversion au biogaz ou à la biomasse, n'est toujours pas confirmée. Emmanuel Macron avait appelé en septembre 2023 à ce que les deux dernières centrales à charbon du pays, à Saint-Avold et à Cordemais (Loire-Atlantique) soient converties d'ici à 2027. Depuis, EDF a annoncé abandonner le projet de reconversion de Cordemais. Quant à Saint-Avold, inquiets par le manque de garanties, ses salariés ont déposé un préavis de grève le 25 septembre dernier qui coure jusqu'à avril 2025. 

La reconversion du site en question

Un amendement au projet de loi de finances 2025 pour garantir cette reconversion avait été déposé et voté à l'Assemblée nationale, mais il a finalement disparu, l'article amendé ayant été entièrement supprimé. Daniel Gremillet, sénateur LR des Vosges, a annoncé son intention de déposer un nouvel amendement en ce sens, mais faut-il encore qu'il passe l'épreuve du vote, voire, en cas de 49.3, qu'il soit repris dans la version finale du projet de loi proposé par le gouvernement. Celui-ci s'était d'ailleurs déclaré "défavorable" au premier.

Le gouvernement tergiverse, ont confié des sources proches du dossier à franceinfo. C'est la ministre chargée de l'Énergie Olga Givernet qui doit trancher. En attendant, son ministère affirme que "l'État est attaché à trouver une solution pérenne pour le site et les salariés". "Nous attendons un projet viable pour les employer, pour donner des perspectives", a redit la ministre mardi 12 novembre sur BFM Business, confirmant une fermeture de la centrale de Saint-Avold en 2027. "En 2027, nous ne brûlerons plus de charbon, c'est sûr", assure-t-elle.

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