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Régionales : François Bayrou agace la majorité

François Bayrou va-t-il faire dérailler l’alliance avec En Marche pour les régionales ? En coulisse, des élus critiquent la stratégie du président du MoDem.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron et François Bayrou le 14 janvier 2020. (GEORGES GOBET / AFP)

La stratégie de François Bayrou est résumée en quelques mots par un fin connaisseur du MoDem : "Ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est négociable." Deux proches de François Bayrou seront têtes de liste aux régionales : la ministre Geneviève Darrieussecq en Nouvelle-Aquitaine, et le ministre Marc Fesneau en Centre-Val de Loire.

Dans ces régions, François Bayrou réclame une liste unique de la majorité. C'est-à-dire que tous les partis soutiens d’Emmanuel Macron - donc En Marche, le MoDem, Agir et Territoires de Progrès - soient sur la même liste.

Le cas Élimas

Et puis il y a les onze autres régions métropolitaines où c’est plus compliqué parce que les élus siègent déjà avec la droite. Exemple emblématique en Île-de-France où le MoDem fait partie de la majorité de Valérie Pécresse et où il a encore voté son budget pas plus tard que mercredi soir. Parmi les votants, la conseillère régionale Nathalie Élimas, qui se trouve être par ailleurs secrétaire d’État chargée de l'Éducation prioritaire, sous les ordres de Jean-Michel Blanquer qui sera peut-être candidat contre Valérie Pécresse.

En Marche assure que ce cas particulier sera bientôt réglé. Mais la question se pose en réalité pour des dizaines d’élus MoDem qui préfèrent s’engager aux côtés de présidents de région sortants pour garder leur siège, plutôt que sur des listes de la majorité que les sondages donnent perdantes.

"Partenaire boutiquier"

Certains s’agacent que François Bayrou laisse faire au lieu de rappeler à l’ordre ses élus. "Sa technique de négociation, c’est de procrastiner jusqu’en mai pour évaluer le rapport de force et négocier au mieux", décrypte un cadre du MoDem. "Partenaire boutiquier", commente un négociateur d’En Marche.

"Il y aura des dissidences", assurent aussi les marcheurs. Elles ont même commencé en Île-de-France avec un autre parti, Agir, dont des élus ont signé une tribune de soutien à la sortante Valérie Pécresse. En Marche espère qu’il y aura des sanctions à leur encontre. "Ce n’est pas la philosophie maison", répond Agir.

Tensions au Modem

La majorité se raccroche donc à l’hypothèse que de meilleurs sondages, dans les mois à venir, ramènent sur le droit de chemin ces élus. En Marche parie aussi sur les tensions internes au sein du Modem, où de nombreux cadres réprouvent la stratégie de François Bayrou.

En revanche, nul ne compte sur Emmanuel Macron pour taper du poing sur la table. Car à en croire ses visiteurs du soir, le président se fait embobiner par François Bayrou. Confirmation par un conseiller de l'Elysée : "Emmanuel Macron s’en fout d’En Marche et il a de mauvaises intuitions électorales."

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