Rétablissement des peines planchers : le RN tend un piège à la droite et aux amis d'Édouard Philippe

Avec sa proposition de loi pour abroger la réforme des retraites, le Rassemblement national tend un piège à la gauche, mais il tend un autre piège à la droite en voulant rétablir les peines planchers.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les cadres du parti Horizons à Reims, le 11 septembre 2024. (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)

Les troupes de Marine Le Pen veulent jouer avec les nerfs de leurs adversaires le 31 octobre, date à laquelle le RN aura la main sur l'ordre du jour de l'Assemblée via sa "niche parlementaire". Le groupe RN se défend d'en faire un festival de chausse-trappes, et préfère parler d'un "festival de mesures attendues par les Français".

Les députés RN comptent soumettre une proposition de loi pour rétablir les peines planchers, des peines minimales pour les récidivistes, notamment quand les forces de l'ordre sont attaquées. Le RN n'invente rien puisque c'est Nicolas Sarkozy qui avait instauré les peines planchers en 2007, avant leur suppression par François Hollande.

La question va donc se poser pour la droite de voter ce texte. D'autant plus que le rétablissement des peines planchers figure noir sur blanc dans le pacte législatif présenté par le groupe de Laurent Wauquiez cet été, ces mesures auxquelles la droite tient à tout prix dans la nouvelle mandature. Alors que faire face à la proposition RN ? "C'est une bonne question", répond-on au groupe de la droite républicaine, nouveau nom des LR au parlement. Depuis que Laurent Wauquiez a pris les rênes du groupe, il n'y a, à ce stade, pas de doctrine sur le fait de voter ou non un texte issu du Rassemblement national. Certains députés de droite ne se voient pas voter un texte venant de l'extrême droite, d'autres assurent n'avoir aucun souci. "C'est arrivé souvent qu'on vote les textes d'un autre groupe reprenant nos propositions, rappelle un élu, mais il faut voir le détail du texte du RN".

La droite prise entre deux eaux

Des élus imaginent un autre moyen pour sortir du piège : "un projet de loi global sur la sécurité". Un projet de loi, ça vient du gouvernement, quand les propositions de loi sont d'origine parlementaire. Ils renvoient ainsi la balle au futur gouvernement de Michel Barnier, où LR espère bien décrocher des postes régaliens pour mettre en œuvre une politique de fermeté.

Cette proposition de loi du RN va aussi poser question aux troupes d'Édouard Philippe. "Le RN fait exprès de mettre des textes les plus enquiquinants possibles", peste un cadre Horizons, car le groupe avait défendu, en vain, une proposition de loi pour rétablir des peines planchers au printemps 2023. Ce texte s'était heurté au refus du gouvernement et de l'ex majorité. Chez Horizons, la stratégie à adopter n'est pas encore arrêtée. Un proche de Marine Le Pen compte en tout cas mesurer à cette occasion "le degré de sectarisme" des uns et des autres, alors que le RN avait soutenu la tentative des amis d'Édouard Philippe.

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