Climat favorable, terrains immenses et soutien de l'État ... Le Texas, nouvel eldorado des énergies renouvelables pour les entreprises françaises
C’est un marché en pleine croissance, surtout depuis le début de la guerre en Ukraine. Au Texas, État américain du pétrole et du gaz par excellence, les énergies renouvelables sont en plein essor. Un développement, notamment via le solaire et l'éolien, qui intéresse certains groupes français comme Engie. Le fournisseur vient d’inaugurer deux sites entre Dallas et Waco, villes du centre du Texas.
"Le rejet de C02 évité grâce à toutes ces éoliennes, c'est à peu près l'équivalent de l'émission de 150 000 voitures par an."
Frank Demaille, directeur général adjoint du groupe Engieà franceinfo
Ici, on ne voit aucun puits de pétrole mais des champs à perte de vue. À cheval sur les comtés de Limestone et de Navarro, au sud de Dallas, de gigantesques éoliennes ont été installées. "C'est l'un de nos plus grands sites, avec 300 mégawatts", explique Frank Demaille, directeur général adjoint du groupe Engie, venu spécialement de France pour l'inauguration.
L'éolien, un quart de l'électricité produite au Texas
Au total, 88 éoliennes ont été plantées sur 160 km2. Les pales sont accrochées à 120 mètres du sol, bien plus haut que celles que l'on trouve en France, et pour un rendement deux fois supérieur. "Il y a plus de vent aux États-Unis. Il est plus constant, plus fort, plus régulier, ajoute Frank Demaille. Le Texas, c'est 25% plus grand que la France, avec à peu près deux fois moins d'habitants. Vous avez des propriétaires terriens qui ont de très grandes surfaces, donc vous avez la capacité, en signant des baux avec eux, de pouvoir développer ce genre de projet."
Au Texas se trouvent en effet certaines des plus grandes fermes éoliennes du monde, plus de 600 dans certains comtés. L’éolien représente donc aujourd’hui un quart de l’électricité produite dans l’État, et Engie, comme d'autres, s'est mis sur les rangs : près d’un quart des projets actuels du groupe dans le renouvelable sont aux États-Unis.
Un territoire prometteur et accessible
Le développement des énergies renouvelables au Texas par Engie passe aussi par le solaire. À Abbott, près de Waco, 674 000 panneaux solaires, alignés à moins de deux mètres du sol sur 8 km2, tournent lentement pour suivre les rayons du soleil. Les propriétaires des terres, invités pour l'inauguration du site, ont signé avec Engie des contrats de location pour les 30 prochaines années.
"Quand vous cultivez, vous devez composer avec la météo, ce que ça va coûter de récolter", raconte Alvin Soukup, d'une famille de propriétaires terriens. "Est-ce que ça va pousser ? Est-ce qu’il va faire chaud, sec ? Est-ce qu'il va pleuvoir ? Ou est-ce qu'une tempête de grêle va foutre en l’air ta récolte ? On est nés et on a grandi avec ça. On a eu de bonnes années et des années terribles. C'est beaucoup de stress pour la famille qui exploite la ferme ... Maintenant, on a un moyen de vivre de façon plus verte. Le soleil brille toujours au Texas !", sourit-il.
Josie Soukup, autre membre de cette famille de cinq frères et sœurs, ajoute que "vous pouvez obtenir davantage de cette terre avec le solaire qu'avec l'agriculture, beaucoup plus qu'on ne l'aurait imaginé." Elle refuse cependant de donner des chiffres, assurant que cela peut varier selon l'ensoleillement.
"Ça va toujours plus vite aux États-Unis, mais le Texas en particulier va très vite."
Emmanuel Sbravati, vice-président d'Engie en Amérique du Nordà franceinfo
Engie, de son côté, botte en touche : le groupe explique que les subventions pour la transition énergétique, prévues par l’Inflation Reduction Act de Joe Biden voté à l'été 2022, vont encore améliorer ses projets aux États-Unis, où les conditions d’installation sont plus souples et plus rapides qu’en Europe. "Le Texas, c'est une zone où il y a beaucoup de terrains et où la régulation fait qu'on peut aller très vite", explique Emmanuel Sbravati, vice-président chargé des opérations commerciales d'Engie en Amérique du Nord. "Ici, en temps moyen, on va être sur 4-5 ans pour sortir un projet de terre et l'avoir opérationnel, entre le début et la fin. En France, on va ajouter 3-4 ans parce qu'on va avoir davantage de démarches administratives, beaucoup de recours ... Cela va beaucoup plus vite qu'en France."
Une révolution verte ?
Et les collectivités locales s’y retrouvent aussi, grâce aux impôts générés par les énergies renouvelables. "C'est plus d’1,7 million de dollars qui arrive directement à l'école, c'est énorme pour un district de notre taille", illustre Éric Pustejovsky, le superintendant du district scolaire d’Abbott. "Nous avons 285 élèves de la maternelle à la terminale, et nous n'aurions pas la possibilité d’avoir autant d'argent sans ce partenariat. Sans ce projet, on travaillerait toujours dans un bâtiment de 1966."
Si le Texas est le septième émetteur mondial de gaz à effet de serre, juste derrière l’Allemagne, il ferme des centrales à charbon parce que l’éolien et le solaire sont très rentables. C’est même l'État américain où l’on trouvait en 2022 le plus grand nombre de projets d'énergie renouvelable pour les entreprises.
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