Euro 2024 : pourquoi la Bundesliga attire tant de joueurs français, et pourquoi les clubs allemands les apprécient tant

Alors que l'Euro de football vient de débuter en Allemagne, gros plan sur la Bundesliga, devenu au fil des années un véritable eldorado pour les joueurs français, de plus en plus nombreux à poser leurs crampons outre-Rhin.
Article rédigé par Xavier Monferran
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le milieu de terrain Lucas Tousart joue en Allemagne depuis quatre ans, ici sous les couleurs de l'Union Berlin lors d'un match face à Stuttgart, en mars 2024. (TOM WELLER / DPA)

C'est le grand championnat européen qui attire le plus de Français. L'Allemagne, qui accueille depuis vendredi 14 juin l'Euro de football, possède avec la Bundesliga l'un des championnats les plus réputés en Europe par son niveau de jeu, mais pas seulement. De plus en plus de joueurs quittent la Ligue 1 pour venir jouer outre-Rhin. Un amour pour le football allemand, qui le leur rend bien.

Une quarantaine de joueurs tricolores jouent en Allemagne

"Franchement c'est ouf ! Quand je suis arrivé ici, je n'avais pas forcément vu comment c'était l'ambiance à l'intérieur des stades… et tous les week-ends, les stades sont pleins", raconte Lucas Tousard qui a quitté Lyon en 2020 pour s'installer à Berlin. "Même dans les plus petits clubs, les stades sont tout le temps plein et pour un joueur, c'est agréable. Tous les week-ends, il y a des ambiances de fou. Donc c'est un plaisir de jouer ici."

Vitrine idéale scrutée par les grands clubs européens, la Bundesliga attire en particulier les jeunes joueurs français, qui souhaitent faire leurs gammes en Allemagne. Le SC Freiburg fait partie de ces clubs à ouvrir grand ses vestiaires pour ces pépites made in France. Le club allemand est notamment allé chercher Jordy Makengo, 22 ans, à Auxerre. Depuis, le latéral gauche apparaît régulièrement en Bundesliga. 20 matchs disputés sur 34 possibles cette saison. "Au début, je ne jouais pas trop, mais ils ont vraiment pris le temps avec moi. Ils m'ont fait confiance pour que ça fonctionne."

"Pour débuter sa carrière, c'est parfait."

Jordy Makengo

à franceinfo

Autre exemple de réussite outre-Rhin, Anthony Rouault. Le défenseur quitte Toulouse durant l'été 2023 pour rejoindre le VfB Stuttgart. Un choix payant puisque non seulement il s'est installé en défense centrale, mais le Français et son équipe ont terminé deuxième de Bundesliga, devant le Bayern Munich.

Anthony Rouault, sur le point d'entrer en jeu avec le VfB Stuttgart, écoute les dernières consignes de son entraineur allemand Sebastian Hoeness, lors d'un match contre le Borussia Dortmund en décembre 2023. (RALF IBING / FIRO SPORTPHOTO via AFP)

En une saison, Anthony Rouault a changé de dimension. "C'est un championnat qui est, je pense, plus relevé que la France. Ça nous permet, les jeunes joueurs, de pouvoir progresser pour apprendre de nouvelles choses, ça nous enrichit, observe le défenseur de 23 ans. 

"C'est un tremplin, une opportunité à saisir".

Anthony Rouault

à franceinfo

Anthony Rouault rêve d'un destin à la Benjamin Pavard. Lui aussi s'est révélé au VfB Stuttgart, avant de gagner la Coupe du monde avec les Bleus et rejoindre en 2019 le Bayern Munich. "Je trouve que c'est bien de passer par des étapes pour un jeune joueur français, qui part dans un club moyen et qui ne va pas tout de suite au Bayern ou à Manchester City, constate Guy Stéphan, entraîneur adjoint de l'équipe de France. Il y a une progression. C'est comme ça qu'ils arrivent à avoir des paliers", avant de devenir de grands joueurs comme Bixente Lizarazu, Franck Ribéry et plus récemment Kingsley Coman. Un chiffre, d'ailleurs, ne trompe pas : près d'un tiers des Bleus retenus pour cet Euro 2024 jouent ou ont joué en Allemagne.

Jeunes, bien formés et pas chers

Mais pour fonctionner sur la durée, une histoire d'amour doit marcher dans les deux sens. Et c'est vrai que le profil des Français plaît aux clubs allemands. Ils sont jeunes, pas chers, très bien formés et particulièrement costauds. Le type de joueurs qu'un entraîneur peut vite lancer dans le grand bain sans trop d'inquiétude. "Les joueurs français sont souvent très bien entraînés, ils sont physiques, robustes et rapides, vante Julian Nagelsmann, l'actuel sélectionneur de la Mannschaft, qui eut sous ses ordres bon nombre de jeunes Français, quand il était sur le banc de Leipzig ou du Bayern Munich. La Ligue 1 est aussi très physique. C'est un championnat difficile avec des joueurs puissants, et ce, quel que soit leur poste. C'est très varié. Ce sont des profils que vous voulez avoir dans votre équipe".

Cet amour réciproque entre joueurs français et clubs allemands se transmet de génération en génération. Il n'y a qu'à consulter la liste des Espoirs pour les Jeux olympiques de Paris cet été. Parmi les moins de 23 ans convoqués par Thierry Henry, plusieurs d'entre eux comme Castello Lukeba (Leipzig) ou encore Mathys Tel (Bayern Munich) se sont déjà fait un nom dans l'élite du football allemand.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.