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Reportage
"L’Hallyu" : la vague coréenne déferle sur la France

Musique, séries, cinéma et même nourriture, la Corée du Sud fascine de plus en plus de Français. Ce phénomène porte un nom : "l’Hallyu" qui se traduit par "la vague coréenne".
Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le concert de Blackpink au Stade de France le 15 juillet 2023 (Benjamin Illy / RADIO FRANCE)

Qui dit "Hallyu", dit K-pop, la musique coréenne et ses milliards de vues sur Youtube. Blackpink, le groupe féminin de K-Pop dont tout le monde parle, en est un bon exemple. Les quatre jeunes femmes enchaînent les succès musicaux et les contrats avec les marques de luxes, notamment françaises.

Blackpink a créé l’événement en France avec leur concert plein de chorégraphies et de paillettes au Stade de France, le 15 juillet dernier, devant une foule survoltée, composée de beaucoup d'adolescents et de jeunes adultes. "C'est ce côté exotique dont on n'a forcément l'habitude qui plaît à beaucoup de jeunes et à beaucoup de monde, décrypte un fan, en ce moment, avec les nouveaux groupes, il y a beaucoup de combats au niveau de l'acceptation de soi, de se libérer des clichés et un petit peu de toutes les choses qui enferment certaines personnes dans des prérequis." "Il y a une vraie connexion entre tout le monde, c'est incroyable", abonde une jeune spectatrice. Pour cette autre fan, c'est "comme des amis, comme si on se connaissait depuis longtemps, au final je n'ai fait que pleurer".

"C'est bien que les groupes, les communautés des groupes, représentent les minorités, on voit des personnes racisées, on voit des personnes LGBT et c'est vraiment très chouette."

Une fan du groupe de K-pop Blackpink

à franceinfo

"Tout le monde s'amuse, on vient comme on est, un peu comme à McDo", sourit une jeune femme. Au premier semestre 2023, selon le service des douanes coréennes, la France s’est hissée dans le top 10 des pays importateurs d’albums de K-Pop. 

Les séries made in Corée battent aussi des records

Sur Netflix, les dramas coréens font aujourd’hui figure de piliers du catalogue de la plateforme. Parmi les séries à succès, Squid Game, The Glory ou encore Crash Landing on you, des histoires dystopiques, des histoires de vengeance, des histoires d’amour, souvent addictives au point que certains en viennent à vouloir apprendre la langue.

Au centre culturel coréen de Paris, les cours de coréen sont littéralement pris d’assaut par des élèves de tous âges, de 18 ans à plus de 70 ans. Près de 400 personnes sont sur liste d’attente chaque année. Hye-young Tcho, professeure confirme cet engouement : "Ça augmente vraiment chaque année. Il y a 25 élèves par classe et 19 classes. Contre seulement deux classes en 1999." À cette professeure, on parle de K-pop, de dramas , "mais aussi de foot, de la nourriture coréenne", complète-t-elle. S'il n'y avait qu'une phrase à apprendre en coréen selon elle, ce serait : "salanghaeyo", "je vous aime".

De plus en plus de Français disent "je t'aime" à la Corée

Selon l’Ambassade de France à Séoul, en 2023,  près de 93 000 Français sont entrés en Corée en Sud, 23% de plus qu'en période pré-Covid. Et près de 5 800 sont titulaires d'un visa long séjour. Parmi les Français inscrits au registre de l'ambassade, 40% ont moins de 25 ans.

Alexandra, bientôt 20 ans, est étudiante en échange universitaire à Séoul pendant un an. Elle parle très bien coréen, est fascinée par ce pays et fan de K-pop, sans surprise. Son expérience de vie en Corée du Sud est globalement positive, même si, elle le reconnaît, tout n’est pas parfait : "L'étranger est quand même assez seul en Corée, ils vont vous mettre dans une case, vous n'allez pas pouvoir entrer dans certains endroits, vous n'allez pas avoir la même facilité à accéder à des comptes bancaires, à l'emploi. À l'université, que personne ne vous adresse la parole c'est un peu compliqué à vivre", raconte-t-elle. Mais tout n'est pas sombre en Corée, assure la jeune femme : "Il y a quand même beaucoup d'étincelles partout, la K-pop est très présente en Corée", même si Alexandra confesse ne pas être fan du groupe Blackpink.

L'Hallyu, fleuron du "soft power" coréen

Pour le directeur du centre culturel coréen de Paris, Il-Yeul Lee, "la vague coréenne date de 1997-1998". "La promotion de notre culture auprès des étrangers a été conçue par le gouvernement, explique-t-il, non seulement le drama, mais aussi la K-pop, que le gouvernement coréen soutenait à l'aide de subventions." De là à ce que la culture coréenne puisse concurrencer la culture américaine ? "Au sens de la culture populaire, ça peut être possible", assure Il-Yeul Lee.

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