Reportage
Législatives 2024 : "On est dans la diagonale du vide", regrettent ces commerçants de l'Yonne qui voient leur commune mourir à petit feu

À deux semaines du premier tour des élections législatives et au cœur du tumulte politique, franceinfo a décidé de prendre le temps d'écouter certains Français pour comprendre leur vote. Ces commerçants de l'Yonne racontent leurs préoccupations à notre micro.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le centre-ville d'une commune de l'Yonne (image d'illustration). (Bernard Jaubert / Newscom / MaxPPP)

À moins de deux semaines du premier tour des élections législatives, Franceinfo est allé à la rencontre de commerçants qui se battent pour faire vivre leur centre-ville, comme dans cette commune de 5 000 habitants où franceinfo pose son micro. Elle s'est métamorphosée ces dernières années.

"C'est triste de voir des commerces fermés ou qui vont fermer", note Mathieu, le fleuriste, qui se souvient d'un temps pas si lointain où son centre-ville fourmillait d'activité. "Et pour ceux qui restent ouverts, c'est sûr que ça rend la situation compliquée". Mathieu le rappelle : ici, "on est dans la diagonale du vide".

"Les médecins ne veulent pas venir, ceux qui arrivent en retraite ne trouvent pas de repreneur, les dentistes ferment... On est obligé de faire des kilomètres pour aller se faire soigner les dents."

Mathieu

à franceinfo

Le commerçant a voté pour Emmanuel Macron en 2017 et en 2022. Mais lors des élections européennes, il a opté pour le Rassemblement national (RN). "Certaines idées du Rassemblement national font écho à ce qu'on vit au quotidien", assure-t-il, en citant la délinquance "ce que les gens vivent au quotidien en France", ou encore la "non justice sur des affaires".

Hors micro, d'autres commerçants ont des propos moins mesurés que Mathieu, estimant qu'il "y a trop d'arabes ici", dans cette commune de 5 000 habitants, dénonçant la trop grande présence de "kebabs et de salons de thé" qu'il y a désormais.

"Les jeunes partent dans les grandes villes"

"Moi j'ai de bonnes relations avec tous ces nouveaux commerçants", estime Sophie. Cette sexagénaire, ancienne assistante dentaire, s'ennuyait au bout de six mois de retraite et a donc ouvert une friperie, pour renouer avec "le contact humain", mais aussi redynamiser son centre-ville."Les jeunes partent dans les grandes villes, on est une population vieillissante on va dire, observe la commerçante. Il y a beaucoup de Parisiens qui viennent s'installer. Par contre, ils sont là uniquement pour le week-end et ils consomment local, mais la semaine, c'est un peu triste."

Sophie ne sait pas pour qui elle votera lors des élections législatives, vu qu'elle "ne peut pas voter" pour le Rassemblement national. C'est dans son éducation et elle pense à sa mère qui a "vécu le fascisme en Italie". À gauche, le Nouveau Front populaire "ne lui plaît pas", à commencer par Jean-Luc-Mélenchon, qu'elle trouve "hystérique".

Le Rassemblement national a conquis près de la moitié des habitants

Quelques rues plus loin, Laurent pense qu'il ira pêcher lors des élections législatives. Ce brocanteur, passionné d'histoire, 55 ans, et qui tient son magasin dans le centre-ville depuis trois décennies, a voté Éric Zemmour à la dernière élection présidentielle, parce qu'il "aime bien le personnage", et a voté de nouveau Reconquête lors des élections européennes.

Il croit au choc des civilisations, une thèse défendue par l'extrême droite : "Parce qu'on a d'un côté, on a une civilisation européenne qui se renie, qui n'a plus vraiment la moelle pour défendre ses valeurs, pour croire en ses valeurs, avance le brocanteur. Et puis de l'autre côté, on a des forces émergentes et conquérantes – dont le fer de lance est l'Islam – et qui sont prêtes à prendre la place à la faveur de notre fatigue. On est une civilisation un peu fatiguée."

Dans cette ville, près de la moitié des habitants a voté pour l'extrême droite, si l'on additionne les listes de Jordan Bardella, Éric Zemmour et Florian Philippot.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.