Reportage
"Tous ceux qui vivent ici doivent s’intégrer dans la société" : la Pologne durcit les conditions de vie des réfugiés ukrainiens

Varsovie a notamment revu les conditions de versement des allocations pour les réfugiés, désormais conditionnées au respect de nouvelles règles à l'école pour les réfugiés ukrainiens.
Article rédigé par Virginie Pironon - Adrien Sarlat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Des réfugiés ukrainiens s'enregistrent dans un bureau d'immigration en Pologne, le 5 avril 2022. (VALERIA MONGELLI / HANS LUCAS via AFP)

La Pologne durcit les conditions de vie des réfugiés ukrainiens présents dans le pays. Depuis la rentrée scolaire, les familles ukrainiennes ne peuvent plus recevoir d'allocations familiales si leurs enfants ne sont pas scolarisés dans le système polonais. Une mesure d'intégration renforcée, alors que jusqu'à présent, la moitié des enfants ukrainiens échappaient au système scolaire polonais.

Dans une école ukrainienne de Varsovie, la rentrée est un peu particulière cette année. La direction a décidé de s'associer avec une école locale pour aider les élèves à s'intégrer au système scolaire polonais. "Pour les élèves, ça signifie des heures supplémenSitaires de cours de polonais après les cours, et des matières en plus, qui n'existent pas dans le système ukrainien", explique Olena.

"L’école se trouve sur le territoire polonais, alors il faut s'intégrer au système, mais sans aller trop vite, de la façon la plus douce possible pour les élèves. Et pour tout le monde d’ailleurs, car tout ça, c’est nouveau pour les élèves, mais aussi pour les professeurs."

Olena

à franceinfo

Une manière douce qui convient aussi aux parents. Grâce à ce partenariat, leurs enfants sont inscrits sur les registres du système scolaire polonais : ils continueront donc de percevoir plus de 200 euros d'allocation mensuelle par enfant.

Meilleure intégration sur le sol polonais

Ce conditionnement des aides financières était une façon pour le gouvernement d'accélérer l'intégration des jeunes ukrainiens sur son sol. En 2023, plus de la moitié échappait encore au système scolaire polonais. Ceux qui n'avaient pas accès aux écoles ukrainiennes en présentiel continuaient de suivre les cours de leur école en Ukraine, en visio, voire étaient en complet décrochage scolaire.

Vyatcheslav enseigne l'histoire et comme tous ses collègues, il s'est mis au polonais et a adapté le programme de son cours. "De temps en temps on mélange les histoires ukrainienne et polonaise, car il y a des périodes très importantes de l'histoire polonaise que nos élèves doivent aussi connaître. Pour l'instant, je leur donne seulement quelques éléments de cours en polonais. Mais les enfants et leurs parents doivent comprendre que tous ceux qui vivent ici doivent s'intégrer dans la société. Ce n'est pas négociable." Selon le ministère de l'Education, 60 000 à 80 000 élèves ukrainiens étaient attendus sur les bancs des écoles polonaises à la rentrée.

Près d'un million de réfugiés accueillis en Pologne

En février 2023, soit un an après le début de la guerre en Ukraine, 16 millions d'entrées ont été enregistrées sur le territoire de l'Union européenne en provenance d'Ukraine et de Moldavie. Depuis, selon des chiffres fournis par la commission européenne, 11 millions d'Ukrainiens environ ont fait le voyage dans l'autre sens. Au total, ils seraient aujourd'hui entre 4 et 4,5 millions à s'être installés durablement sur le territoire européen.

De très fortes disparités entre pays membres existent. La Pologne, qui avec 900 000 réfugiés ukrainiens, se classe aujourd'hui au deuxième rang de l'Union européenne, juste derrière l'Allemagne, qui en accueille près de 1,2 million. Si l'on rapporte le nombre de personnes réfugiées par rapport à la population des pays d'accueil, la Pologne, les Pays Baltes, la République tchèque, la Slovaquie ou la Bulgarie arrivent également largement en tête, avec 25 réfugiés environ pour 1 000 habitants.

Pour la France, le chiffre est de 1 pour 1 000 seulement, avec 65 000 personnes accueillies. Le pays avait prévu d'accueillir 150 000 Ukrainiens, le double par rapport aux personnes présentes aujourd'hui dans l'Hexagone. Mais l'éloignement par rapport à l'Ukraine, l'obstacle de la langue, entre autres, font que la France est restée peu attractive pour ces personnes qui ont fui la guerre.

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