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Témoignages
Affaire du "violeur de la Sambre" : "Ensemble, nous sommes plus fortes face à lui", confient des victimes avant le procès
30 ans de viols et d'agressions sexuelles, 56 victimes: Dino Scala comparaît à partir de ce vendredi devant les assises du Nord pour un parcours, en partie assumé, de violeur en série, de 1988 à 2018. Certaines de ses victimes espèrent enfin tourner la page.
Elles s'appellent Catherine*, 50 ans, Blandine, 33 ans, et Lauryne, 20 ans, et c'est comme si elles racontaient le même matin d'hiver. Entre 1988 et 2018, dans le Nord de la France et en Belgique, elles sont 56 femmes a avoir croisé la route de Dino Scala, surnommé le "violeur de la Sambre", cette rivière qui traverse la frontrière des deux pays. Le procès de cet homme de 61 ans s'ouvre ce vendredi 10 juin 2022, devant la Cour d'assises du Nord, à Douai. Il est jugé pour agressions sexuelles, viols ou tentatives.
"J'avais 19 ans, j'allais au lycée. Je me suis faite agresser sur la route de la gare", raconte Catherine, agressée en 1991, à Aulnoye-Aymeries. Comme elle, toutes décrivent les mêmes circonstances. "Il faisait nuit, c'était très tôt le matin. Il m'a poussée par derrière et m'a plaquée. Il était armé d'une arme blanche et il m'a tripotée... Il m'a semblé que cela durait une éternité. Et puis j'ai repris ma route, je suis allée au lycée parce que j'avais un examen".
>> Comment le "violeur de la Sambre" a-t-il été arrêté après 30 ans d'enquête ?
Plusieurs de ces femmes témoignent aussi de la difficulté d'être crue par la police. Comme Blandine Camus, agressée en 2002 à l'âge de 13 ans. "Quand je racontais ce qu'il s'était passé, on me répondait : non, ce n'est pas possible, ce n'est pas comme ça que cela se passe... J'ai longtemps cru que je mentais, parce que personne ne me croyait". Pendant des années, Blandine et Catherine n'auront aucune nouvelle de leur plainte.
Durant toutes ces années, les enquêteurs traquent cet homme. C'est finalement en 2018 qu'ils l'identifient et l'arrêtent. Une arrestation très médiatisée au vu de l'ampleur de ce dossier. Pour Blandine, c'est une libération : "Même mon père, qui ne m'avait jamais cru, m'a envoyé un message ce matin-là. Il avait lu les articles, alors il m'a dit qu'il me croyait désormais".
Les enquêteurs ont retrouvé Dino Scala grâce aux images de vidéosurveillance à Erquelinnes, en Belgique. C'est là qu'il a agressé sa dernière victime, Lauryne, 15 ans à l'époque. Au moment de l'arrestation, l'adolescente a pleuré de joie. Elle nous raconte qu'elle s'est ensuite "effondrée", quand elle a appris qu'il y avait toutes ces autres victimes.
Aujourd'hui encore, Blandine, Lauryne et Catherine vivent avec la même peur. Des crises d'angoisse en plein sommeil, parfois, des dizaines d'années après. "Cela m'arrive encore par période", confie Catherine :"Je dors mais je hurle, je tape sur tout ce qui se trouve autour de moi. Jusqu'à ce que mon mari m'apaise". Et i l y a toujours cette crainte, de marcher seule dans la rue. Cette agression a même changé radicalement son comportement avec ses proches.
Je ne fais pas de câlins, c'est impossible. Mes filles en souffrent beaucoup parce qu'elles ont besoin de câlins comme tout enfant. Mais je n'y arrive pas. C'est plus fort que moi.
Catherinefranceinfo
Lauryne, la plus jeune, espère que le procès sera un moment de solidarité. "Ensemble, nous sommes plus forte face à lui", indique-t-elle. Cette femme de 20 ans veut justement regarder Dino Scala droit dans les yeux.
Blandine Camus, elle, ira à l'audience la tête haute avec un message d'espoir : "Je me dis que, 20 ans après, je ne suis plus une victime. Je suis libre et je veux porter ce message à toutes ces femmes. Leur dire : allez-y ! Avancez ! Et faites votre propre chemin. Cette histoire, c'est du passé. La justice s'occupe de lui, alors c'est bon, on avance".
Ce procès, c'est comme un livre qui se ferme, assure Blandine. "Mais on n'oubliera jamais", conclut pour sa part Catherine, l'une des premières victimes. Dino Scala a reconnu la majorité des faits. Pour d'autres, comme Blandine, l'accusé assure que ce n'était pas lui.
*Le prénom a été modifié.
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