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Témoignages
Législatives 2024 : ces électeurs de l'Yonne expliquent pourquoi ils iront voter le 30 juin
Sur un banc, au beau milieu d'un quartier dit "prioritaire de la politique de la ville" dans l'Yonne, Aya raconte son histoire. Née à Melun, en Seine-et-Marne, d'un père congolais et d'une mère camerounaise, la jeune femme de 34 ans, qui a grandi en Seine-Saint-Denis et qui se définit comme "Française et Africaine", se confie pour franceinfo, après avoir fini son travail, qu'elle a commencé à 5 heures du matin. Elle fait les "trois-huit" pour une entreprise de conditionnement.
Installée tout sourire sur ce banc, elle regarde autour d'elle : une mosquée, un parc de jeux pour enfants, entourés de quelques barres d'immeubles. "Pour une personne qui vient d'une ville comme le 93, ça fait du bien... Mais, avec le temps, on se sent seule en fait", livre la mère de famille qui a quitté la banlieue parisienne pour venir vivre dans l'Yonne. Aya l'avoue : elle "s'ennuie un peu" ici, dans l'Yonne. Elle voit surtout la dérive de son fils de 15 ans, rivé sur son téléphone portable, "parce que justement dehors, il n'y a pas grand-chose à faire."
TikTok a pris, selon elle, le pouvoir chez les plus jeunes, "dans un monde aujourd'hui qui n'est pas réel pour moi. Les enfants ne s'intéressent plus aux choses importantes, aux choses réelles." C'est son principal point de préoccupation : "L'avenir de mes enfants".
55% d'abstention
Côté politique, Aya l'assure : elle a choisi Emmanuel Macron en 2017. Mais, depuis, elle ne vote plus. "Macron fait n'importe quoi, il a déstabilisé tout un pays, critique-t-elle. J'ai voté pour lui une fois, je ne le ferai pas deux fois. Tout ce qu'il fait, ça m'a dégoûté".
Aujourd'hui, "c'est fort possible" qu'elle vote pour le Rassemblement national (RN), parce que pour elle, il faut désormais que les politiques s'intéressent "au peuple français, à ceux qui sont déjà sur le territoire. Avant de vouloir aider d'autres personnes, ils devraient d'abord faire le nécessaire sur leur propre territoire." Finalement, à deux semaines du 1er tour des élections législatives, elle ne sait pas si elle va voter. Dans sa ville, 55% des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes lors des élections européennes.
À quelques rues de là, un natif de l'Yonne se confie lui aussi à franceinfo. Salah a 24 ans et travaille dans une maison d'enfance à caractère social, et voit dans sa ville se creuser "un fossé" : "D'un côté, on a le quartier" où il a grandi, "et d'un autre côté, on a le centre-ville", observe-t-il. Avant de déplorer que "les mentalités ne sont pas les mêmes."
"Ça nous arrive d'aller en ville, pour des courses ou des démarches administratives, mais la majorité du temps, on est vraiment concentrés, au quartier, entre nous."
Salahà franceinfo
Salah a voté pour la France insoumise (LFI) aux élections européennes. Pour ces législatives, il votera pour le Nouveau Front populaire, qui indique notamment dans son programme vouloir reconnaître l'État de Palestine. "C'est ce qui me préoccupe actuellement, soupire Salah. La première chose qui me vient en tête, c'est le génocide qui est en train de se passer à Gaza. Je ne saurais pas quoi vous dire de plus, à part que ces pauvres gens vivent sous les bombardements et qu'on voit certains représentants de ce pays qui ferment les yeux. Ça me désole et c'est pour ça que j'ai voté LFI", conclut-il.
Dans sa commune, LFI est arrivée en deuxième position avec 15 % des voix, loin derrière le Rassemblement national qui a obtenu 33 % des suffrages exprimés.
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