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Aéronautique : la situation du secteur aérien en Allemagne et en Irlande

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Allemagne et l'Irlande pour savoir comment se porte le secteur aérien.

Article rédigé par Nathalie Versieux - Emeline Vin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Un Airbus A380 Johannesburg, de la compagnie Lufthansa, au décollage, à l'aéroport de Munich (Allemagne), le 16 décembre 2021. (FRANKHOERMANN / SVEN SIMON / MAXPPP)

Le secteur aéronautique a été particulièrement touché par l'épidémie de Covid-19. Longtemps à l'arrêt, ce dernier revit avec la levée des restrictions. Comment se porte le secteur en Europe ? Réponse chez nos voisins allemands et irlandais.

En Allemagne, la Lufthansa remonte la pente

En Allemagne, Lufthansa fait partie des compagnies aériennes les plus touchées par la crise du Covid-19. Elle vient de rembourser la quasi-totalité des aides que l'État allemand lui a versé. La motivation du patron de la compagnie, Carsten Spohr, de rembourser les aides de l'État, était particulièrement élevée. Lufthansa avait de fait quasiment été placée sous la tutelle de l'État en recevant ces aides. Du temps où elle vivait sous perfusion, la compagnie ne pouvait verser ni dividendes ni bonus aux managers. La compagnie a perçu des aides élevées : Bruxelles et Berlin ont concédé un plan d'aides de 9 milliards d'euros au total, 3 milliards de prêts par la banque publique KFW, et 6 milliards du fonds de stabilisation mis en place par Berlin. Lufthansa n'a finalement eu besoin que de la moitié de ce dernier programme. Cette année, la compagnie a remboursé par étapes l'ensemble des aides directes. Un milliard de crédits a été remboursé en février, 1,5 milliards en octobre, et un milliard de nouveau en novembre.

Ce n'est pas la fin des difficultés pour Lufthansa. Mais la compagne met en avant la reprise du trafic aérien, la poursuite du plan de restructuration, et surtout, la confiance des marchés privés de capitaux qui lui ont permis d'émettre en octobre pour 2,2 milliards d'euros de nouvelles actions. "Les aides de l'État nous ont permis de sauver 100 000 emplois", souligne le président de la compagnie. Mais Lufthansa a réduit ses effectifs de 30 000 postes depuis le début de la crise sanitaire. Sans licenciements secs. Et si les aides perçues de Berlin ont été remboursées, il n'en est pas encore de même pour celles perçues de l'Autriche, de Belgique et de Suisse, trois pays dont Lufthansa avait racheté les compagnies nationales.

L'Allemagne aussi est affectée par la quatrième vague de la pandémie, et le nouveau variant Omicron. En novembre, pour la première fois depuis mars, le volume s'est réduit après une progression continue pendant l'été et le début de l'automne. En novembre, on a compté 175 000 vols, soit 33 000 de moins qu'en octobre. Les compagnies aériennes misaient sur une reprise des vols transatlantiques. Globalement, le trafic a légèrement progressé par rapport à 2020. Mais on est encore loin du niveau de 2019, année record avec 3,3 millions de vols, contre 1,5 million depuis le début de 2021.

En Irlande, Ryanair doit regagner la confiance des voyageurs

La compagnie aérienne à bas coût Ryanair quitte la bourse de Londres, vendredi 17 décembre. La compagnie irlandaise ne sera plus listée qu'à la bourse de Dublin. Plus que la pandémie, c'est une conséquence du Brexit. Ryanair a annoncé son intention de se retirer du London Stock Exchange le mois dernier. Avec la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, la compagnie aérienne a désormais moins de 50% d'actionnaires européens. C'est donc avant tout une manière de protéger sa présence et ses lignes au sein du bloc européen. La décision est purement financière et n'aura pas d'impact sur les opérations, il sera toujours possible de voler de et vers le Royaume-Uni. D'ailleurs, la compagnie bleu marine vient de lancer plusieurs nouvelles liaisons, entre Birmingham et Knock, à l'ouest de l'Irlande ou encore entre Grenoble et Londres.

Officiellement, cela n'a rien à voir avec les résultats financiers du groupe irlandais, même si bien sûr Ryanair a largement subi les effets de la pandémie, comme toutes les compagnies aériennes. En réalité, l'année 2021 a été assez ambivalente pour le groupe. Bien meilleure que 2020, avec même un trimestre dans le vert pour la première fois depuis deux ans, et une nette reprise du trafic. Mais le nombre de passagers reste tout de même bien inférieur à celui d'avant la pandémie, moitié moins environ. En novembre, un porte-parole prévoyait un retour à l'expansion en 2022, avant la découverte du variant Omicron. Au total, Ryanair, qui reste la plus grosse compagnie low cost d'Europe, devrait subir des pertes de 200 millions d'euros cette année et a dû recourir à des tarifs ultra réduits pour remplir ses avions pendant la période des fêtes. 

Pour remplir ses avions… Et pour regagner la confiance des voyageurs aussi. En plus de la crise financière il y a une vraie crise de réputation. Dès le début de la pandémie et les premières restrictions de voyage, la compagnie a traîné à rembourser les vols qui ne pouvaient pas être effectués. Récemment, certains passagers ont expliqué avoir été "blacklistés", empêchés de voler, parce qu'ils avaient demandé un remboursement pour raisons sanitaires sans que le vol ne soit annulé. L'image du groupe a aussi souffert des frasques de son PDG, Michael O'Learu, très ouvertement opposé aux mesures sanitaires. Il vient d'ailleurs de qualifier les restrictions de voyage relatives au variant Omicron de "charabia incohérent et disproportionné décidé par une bande d'imbéciles."

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