Argentine : l'arrivée de Javier Milei ravive l'extrême droite des pays voisins

Javier Milei vient d'être propulsé président de l'Argentine dimanche 19 novembre 2023. Si le président brésilien Lula a salué diplomatiquement le nouvel arrivé, il s'inquiète, comme son homologue chilien, d'une montée des extrêmes droites qui, elles, jubilent.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Mathieu Albertini, Naïla Derroisné
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Lula s'est montré préoccupé par l'élection de Javier Milei en Argentine pour la finalisation de l'accord Mercosur, le pragmatisme entre les partenaires commerciaux devrait néanmoins prévaloir. (PATRICIA DE MELO MOREIRA,JUAN MABROMATA / AFP)

L’Argentine, écrasée par une inflation de 140%, vient d’élire un président ultralibéral, anti-avortement et climatosceptique. Javier Milei, ancien économiste, promet une politique dégagiste en supprimant des ministères comme ceux de l'Éducation et de l'Environnement, et de faire des coupes claires dans les services de l’État pour relancer l'économie. Dès son élection, le président argentin a reçu les félicitations de son idole, Donald Trump, mais, plus près, Jair Bolsonaro n'est pas en reste.

À l'inverse de Lula, Jair Bolsonaro se rendra à l'investiture de Javier Milei le 10 décembre

Au Brésil, l'élection du grand voisin a été suivie de très près. Lula travaillait depuis son élection à relancer une nouvelle dynamique de coopération entre les deux pays, mais l'arrivée de Javier Milei a fait l'effet d'une douche froide. Il s'est contenté d'un message sur le réseau social X, saluant la démocratie argentine, souhaitant bonne chance au nouveau gouvernement et se disant prêt à travailler avec son voisin, tout cela sans nommer le nouveau président argentin. Si certains de ses alliés ont déploré ouvertement l'élection de Javier Milei, Lula cherche dans un premier temps à rester dans une position de chef d’État, se voulant pragmatique, en attendant de voir comment le nouveau président va se comporter. Par contre, il ne devrait pas se rendre à l'investiture de son homologue.

Du côté de l'extrême droite brésilienne, c'est la jubilation. Il faut dire qu'elle était en mal de bonnes nouvelles, après les condamnations à deux peines d'inéligibilité de l'ex-président Jair Bolsonaro, qui est loin d'en avoir fini avec ses ennuis judiciaires. Tous voient dans la victoire en Argentine le début d'une nouvelle vague conservatrice en Amérique du Sud et aux États-Unis. Après avoir réagi sur ses réseaux sociaux, affirmant que "l'espoir brille à nouveau", Jair Bolsonaro a posté une vidéo de son appel au nouveau président argentin dans une ambiance franchement détendue : "Félicitations, je suis vraiment très heureux (rires). Tu représentes beaucoup pour le Brésil, et sache que pour tout ce que je pourrais faire pour t'aider, je suis à disposition. J'en suis presque à supporter l'Argentine lors du match à venir mardi (rires) !" Lui devrait se rendre à l'investiture de Javier Milei, le 10 décembre. En attendant, les fils et les alliés de Bolsonaro s'épanchent sur leurs réseaux sociaux, profitant de l'opportunité pour attaquer le gouvernement Lula et mobiliser leurs sympathisants.

Au Chili, l’extrême droite gagne du terrain depuis deux ans

De l’autre côté de la Cordillère des Andes, au Chili, le président de gauche Gabriel Boric a publié un message assez succinct sur le réseau social X. En bon diplomate, il a salué le triomphe de Javier Milei malgré le mépris affiché de ce dernier pour le président chilien et alors que les deux hommes s’opposent totalement sur le plan politique et idéologique. Gabriel Boric a quand même souhaité le meilleur au peuple argentin et réitéré son respect et soutien à la nation voisine. Au sein de sa coalition de gauche, les quelques-uns qui se sont exprimés se disent "inquiets" de l’arrivée de cet ultra-néolibéral. Certains députés de la majorité estiment même nécessaire une union des forces progressistes pour freiner l’extrême droite qui a gagné du terrain au Chili lors de plusieurs scrutins ces deux dernières années.

Ici, au pays de l’ultra libéralisme, où la droite considère que tout doit être géré par le secteur privé, la victoire de Milei a largement été applaudie. L’ancien candidat d’extrême droite à la présidentielle chilienne, José Antonio Kast, a déclaré : "La reconstruction de l’Argentine commence", tandis qu'une députée de la droite traditionnelle a écrit que "les Argentins ont choisi la meilleure option pour leur pays". Un référendum est d'ailleurs prévu en décembre prochain, concernant l’adoption d'une nouvelle Constitution, écrite justement par la droite et l’extrême droite.

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