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Covid-19 : campagnes de vaccination problématiques à Hong Kong, au Sénégal et en Bulgarie

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction Hong Kong, le Sénégal et la Bulgarie, des pays confrontés à une réticence ou à un désintérêt de la population vis-à-vis des campagnes de vaccination contre le Covid-19.

Article rédigé par franceinfo - Florence de Changy, Nathanaël Charbonnier, Damian Vodénitcharov
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Un homme reçoit une dose du vaccin Sinovac dans un centre de vaccination à Hong Kong (23 février 2021). (PAUL YEUNG / POOL)

La France doit franchir mercredi 2 juin la barre des 50% d’adultes vaccinés contre le Covid-19 avec au moins une dose. Après des débuts difficiles, la campagne de vaccination s’est nettement accélérée au fil des mois. Ce n’est pas le cas partout. À Hong Kong, au Sénégal ou en Bulgarie par exemple, la population ne semble pas adhérer, au point que les autorités craignent de se retrouver très vite avec de nombreuses doses inutilisées... et inutilisables.

À Hong Kong, pas d’engouement pour la vaccination

Si l'épidémie de Covid-19 est très bien contrôlée, "seulement" 210 morts depuis ses débuts en février 2020, les autorités hongkongaises ne parviennent pas à motiver la population à se faire vacciner. Au rythme actuel de la vaccination, Hong Kong risque d’avoir d’énormes stocks de vaccins périmés d’ici le mois d'août. À peine 14% de la population a reçu les deux doses.

C’est assez surprenant car tous les résidents de plus de 16 ans ont la possibilité de se faire vacciner gratuitement, et ils ont le choix entre deux vaccins de technologies différentes : le vaccin chinois Sinovac et le vaccin allemand Pfizer-BioNtech. Malgré la forte reprise de l’épidémie dans les pays proches, notamment à Taïwan et Singapour et l’apparition de nouveaux cas dans la ville chinoise voisine de Guanzhou, et bien les Hongkongais boudent la vaccination, Parmi eux, l’artiste et universitaire d’une soixantaine d’années Lai Pui-Yee : "Moi j’adopte l’attitude 'attendons de voir.' Ce n’est pas que moi d’ailleurs, mes amis et les membres de la famille font pareil, dit-il. Beaucoup de gens ont eu des complications après le vaccin, les plus malchanceux sont morts. Je pense que, surtout, les gens ne font pas confiance au gouvernement en ce moment."" 

Appréhension donc mais aussi, geste de défiance face au gouvernement. Tout cela veut dire que Hong Kong risque de gaspiller des centaines de milliers de doses de vaccins. La situation est tellement bloquée que la semaine dernière deux promoteurs immobiliers ont promis de mettre dans une loterie un appartement d’une valeur de plus d’1million d'euros mais seules les personnes vaccinées pourront participer à cette opération. Le taux d’inscription au vaccin n’a que très légèrement augmenté depuis.  

Au Sénégal, entre gaffe et polémique, les débuts ratés de la campagne de vaccination

La vaccination a commencé par une gaffe du ministre de la Santé en février. Il a laissé entendre que la Chine avait offert 200 000 doses de Sinopharm. Devant le pataquès il a du rétropédaler. La version officielle étant que non le Sénégal a bien payé plus de 2 milliards de francs CFA, plus de 3 millions d’euros pour l’achat de 200 000 doses. La vaccination au Sénégal s’est poursuivie avec une autre polémique que l’on doit au président Macky Sall. Voyant que les Sénégalais ne se faisaient pas suffisamment vacciner, il a menacé de donner les vaccins à d’autres pays. Aussitôt levée de boucliers autour du thème : ce sont les Sénégalais qui ont payé, il est hors de question de les donner.

Quoiqu’il en soit, à ce jour on compte plus de 450 000 personnes vaccinées. Le plan de vaccination prévoyait des campagnes par étapes. Les soignants, puis les personnes à risques mais finalement tout cela est tombé et ceux qui veulent se faire vacciner le font. Ici deux vaccins sont utilisés, les vaccins chinois et les vaccins AstraZeneca. L’objectif était de vacciner un quart de la population soit 4 millions de personnes avant la fin de l’année, il n’est pas évident que cet objectif soit atteint.

Cette timide campagne de vaccination est aussi liée à la pandémie qui reste maîtrisée. Les chiffres officiels ne sont pas dramatiques. Suivant les jours on parle de 15 à 50 cas de covid-19, autant dire que la pandémie passe presque inaperçue au Sénégal. D’autant que d’autres épidémies pointent le bout de leur nez. Il y a quelques semaines plus de 600 000 personnes se sont faites vacciner contre la fièvre jaune dans le centre-est du pays. Cela dit, le Sénégal reste mobilisé car l’objectif ici est de produire des vaccins africains. Le 5 mai dernier en conseil des ministres, le sujet a été à nouveau abordé car Dakar possède un atout de taille avec la présence d’un institut Pasteur. C’est avec son concours que des vaccins africains pourraient voir le jour dans les mois à venir.

En Bulgarie, la défiance envers AstraZeneca

Depuis que les vaccins sont disponibles, la Bulgarie est le pays européen où la vaccination a vraiment du plomb dans l'aile. Seuls 8% des Bulgares ont reçu deux doses de vaccin, alors que le plan de vaccination est très souple et a complètement changé en février, avec l'introduction des "corridors verts". Ce qui veut dire que tout le monde peut se rendre dans un centre de vaccination et attendre son tour. Depuis, un système de rendez-vous a aussi été mis en ligne.

Mais il a fallu attendre les législatives du 4 avril pour que tout le monde ait accès aux vaccins à ARN, c'est-à-dire ceux de Pfizer ou de Moderna. Jusque-là ils étaient réservés aux membres des commissions électorales ou aux grandes entreprises jugées importantes de façon assez aléatoire par le gouvernement. Pour le commun des mortels, il n'y avait quasiment que des vaccins AstraZeneca que le gouvernement avait commandé en priorité en 2020. Maintenant les autorités ne savent pas trop quoi faire de ces doses dont personne ne veut. On pensait notamment les offrir aux pays des Balkans occidentaux.

Le scepticisme à l'égard des vaccins existe encore en Bulgarie. C'est surtout au début de la pandémie que les opinions divergentes, même entre experts, se sont faites entendre. Un spécialiste des maladies infectieuses, devenu conseiller de l'ancien Premier ministre Boïko Borissov, estimait qu'il faudrait plutôt compter sur l'immunité collective. Beaucoup de médecins, même ceux des unités Covid, ont également exprimé des doutes à l'égard des vaccins et ont préféré ne pas se faire vacciner. 

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