Cet article date de plus de trois ans.

Covid-19 : la lutte contre le variant Delta à Singapour, en Australie et en Russie

Le variant Delta est très certainement le variant qui inquiète actuellement le plus les autorités. Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières. Direction Singapour, l’Australie et la Russie pour voir quelles sont les réponses apportées.

Article rédigé par franceinfo - Gabriel Maréchaux, Grégory Plesse, Claude Bruillot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Une patiente testée au volant de sa voiture alors que plusieurs cas positifs de Covid-19 ont conduit à un vérouillage de quatre jours dans la région métropolitaine de Perth en Australie (29 juin 2021). (TREVOR COLLENS / AFP)

En France, le variant Delta, d’abord appelé variant indien "représente environ 20 % des nouveaux diagnostics" et "devient progressivement dominant" souligne Olivier Véran mardi 29 juin sur franceinfo. Le ministre des Solidarités et de la Santé précise que si ce variant "continue de monter en pourcentage" , il n’augmente pas "en valeur absolue, puisqu’il y a une baisse du nombre de cas." Ce n’est malheureusement pas le seul pays confronté à ce variant Delta. Tour d’horizon.  

À Singapour, des mesures particulières pour face au variant Delta

Le système de santé avait résisté aux variants Alpha, Beta et Gamma, mais le variant Delta a mis à mal toutes les mesures de protection de ce riche petit pays d’Asie du Sud-Est. Quand le variant Delta est arrivé, Singapour était considéré comme le pays le plus sûr au monde en temps de pandémie par Bloomberg. 90% de la population était équipée de l’application de traçage ou d’une sorte de porte-clés Bluetooth distribué dans le même but. Les réunions étaient limitées à 5 personnes, le masque obligatoire partout, et le pays était le plus avancé d’Asie du Sud-Est en terme de vaccination. Les voyageurs en provenance d’Inde et de ses pays voisins, ne pouvaient pas venir à Singapour, et les autres devaient se soumettre à une quarantaine de deux ou trois semaines.

Malgré tout cela Singapour s’est retrouvé dépassé par la propagation du variant Delta, et a été obligé de prendre des mesures encore plus sévères début mai en fermant écoles, restaurants, et en interdisant les réunions de plus de deux personnes. Aujourd’hui ces règles se sont un peu assouplies, les restaurants ont rouvert et acceptent les groupes de deux personnes, et les chiffres restent relativement bas mais Singapour reste sur le qui-vive. Même si le pays procède au séquençage du génome systématique, et peut d’ordinaire retrouver tous les cas contacts d’une personne en un temps record grâce au traçage général, il reste difficile d’expliquer certains nouveaux cas de Covid-19.

Tous les jours le ministère de la Santé informe du nombre de nouveaux cas. Sur son site internet on peut alors lire, quels âges ont ces personnes, où elles travaillent, si elles étaient vaccinées ou non, par qui et où elles ont été contaminées. Mais certains cas continuent d’être des mystères, et alors que Singapour assouplit un peu ses interdictions et que le nombre de cas globalement diminue, ces mystères, eux, sont en augmentation.  

En Australie, des confinements parfois décrétés après la détection d’un seul nouveau cas 

Après des mois pendant lesquels la vie était presque redevenue normale, ces derniers jours, les villes de Sydney, Darwin, Perth et maintenant Brisbane sont de nouveau soumises au confinement. La stratégie de l’Australie face à la pandémie consiste à taper dur et fort. Cette stratégie peut être considérée comme pénible au quotidien mais elle fonctionne. Il suffit de se pencher sur le bilan sanitaire de l’Australie :  910 morts du coronavirus depuis le début de la pandémie, 1 seul depuis le début de l’année 2021. Cette stratégie fonctionne aussi sur le plan économique, puisque malgré les reconfinements à répétition, décrétés parfois après la détection d’un seul nouveau cas, toutes les pertes provoquées par la pandémie ont déjà été effacées. On est même revenus à une situation de quasi plein emploi, avec un taux de chômage autour de 5%.

La vaccination reste néanmoins le gros point noir ici. Plus de quatre mois après le début de la campagne, moins de 5% de la population est complètement vaccinée. C’est dû en grande partie, aux atermoiements du Premier ministre Scott Morrison, qui dans un premier temps, n’a commandé que très peu de vaccins et n’a cessé de répéter en conférence de presse que la vaccination, ce n’était pas une course. Résultat, même parmi ceux qui sont éligibles, le taux de vaccination reste très faible.

L’apparition récente de nouveaux foyers épidémiques semble jouer un rôle d’accélérateur, sauf que partout, on manque de doses. Alors pour corriger le tir, le gouvernement, qui avait initialement presque entièrement misé sur AstraZeneca, a annoncé tout récemment avoir augmenté ses commandes auprès de Pfizer et signé aussi un contrat d’approvisionnement avec Moderna. Mais tout ceci ne se fait pas du jour au lendemain. Il va falloir attendre août, voire même septembre, pour que le rythme des vaccinations atteigne ici son rythme de croisière.

En Russie, l’utilisation de QR codes 

Cela fait plusieurs semaines maintenant que les autorités russes tentent de lutter contre la propagation très rapide du variant Delta. Le nombre de victimes – plus de 650 sur les dernières 24 heures - a encore augmenté. La vaccination obligatoire pour les employés des services et les restrictions sanitaires ne produisent pour l’instant aucun effet. À Moscou, comme à Saint-Pétersbourg, les deux premières villes russes, les plus touchées par le variant Delta, les centres de vaccination accueillent globalement davantage de monde depuis deux semaines. Mais les autorités russes ont calculé que pour vacciner 60 % des salariés du secteur des services, à raison de deux doses, il faudra au moins patienter jusqu’à la mi-août. D’ici là, l’espoir de voir la courbe du nombre de personnes infectées s’inverser ne repose que sur le respect des gestes barrières et la limitation, ainsi que la sécurisation, des accès au lieu les plus fréquentés en cette saison, comme les bars et les restaurants.

Pour avoir accès à ces lieux, la mairie de Moscou a délivré 2,5 millions QR codes aux moscovites vaccinés ou disposant d’un test négatif de moins de 72 heures, ou encore attestant d’avoir été malades du coronavirus il y a moins de 6 mois. Malgré ces dispositions, les professionnels du secteur s’attendent à une très large perte de clientèle. Malgré tout, l’idée d’un reconfinement global est toujours écartée par le Kremlin, notamment pour des raisons économiques.

L’objectif reste de préserver l’économie russe, déjà très fragilisée par 16 mois de pandémie, en essayant de maintenir le niveau de consommation  malgré une hausse significative du prix de certains produits de base qui a déjà touché les revenus les moins élevés : 22 millions de russes vivent avec moins de 150 euros par mois. Le pouvoir russe veut éviter de déclencher un mécontentement plus important encore dans la population avec un reconfinement généralisé à un peu plus de deux mois des législatives. Enfin, le Kremlin espère encore, avec la menace du variant Delta, que le vaccin Spoutnik V, finira par gagner la confiance d’une majorité de russe, ce qui n’est toujours pas le cas actuellement.  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.