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Covid-19 : La Nouvelle-Zélande et le Kenya changent de stratégie pour lutter contre l'épidémie

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction le Kenya et la Nouvelle-Zélande, deux pays qui font fortement évoluer leur politique de lutte contre le coronavirus.

Article rédigé par franceinfo
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Un homme reçoit une injection du vaccin Moderna contre le Covid-19 à Nairobi le 17 septembre 2021. (SIMON MAINA / AFP)

L'épidémie de coronavirus repart à la hausse en Europe, à cause du relâchement des gestes barrières, des basses températures, de la couverture vaccinale insuffisante et de la présence du variant Delta. Certaines villes dans des pays comme l'Autriche se reconfinent et en France, 6 000 classes sont fermées dans des écoles pour des cas de Covid-19. L'OMS annonce mardi 23 novembre qu'elle craint 700 000 morts supplémentaires sur le continent, portant le nombre total de décès à 2,2 millions d'ici le printemps. Dans le monde, la pandémie a fait plus de 5 millions de morts depuis que le bureau de l'OMS en Chine a fait état de l'apparition de la maladie fin décembre 2019. Alors que le virus s'installe dans la durée, certains pays changent radicalement de stratégie pour tenter d'en venir à bout.

Au Kenya, l'instauration du pass sanitaire

Le Kenya rejoint la stratégie de bon nombre de pays européens et impose désormais un pass sanitaire. À partir du 21 décembre, il ne sera plus possible d’accéder aux services publics, transports en commun ou encore lieux publics sans preuve de vaccination. La situation sanitaire actuelle est pourtant plutôt bonne dans le pays avec au taux de contamination entre 0,8 et 2%. Il n'y a pas de saturation des hôpitaux. Cependant, le gouvernement serre la vis à l’approche des fêtes de fin d’année car il veut éviter un nouveau boom des contaminations après les grands rassemblements à l’occasion de Noël et du nouvel an.

L'exécutif kenyan a un objectif ambitieux : vacciner 10 millions de personnes d’ici la fin décembre. Cela semble donc difficilement réalisable car à ce jour, seuls 6 millions de Kenyans, soit 10% de la population, sont vaccinés. Il reste environ 4 millions de doses disponibles et le gouvernement en attend 8 millions supplémentaires prochainement, ce qui n'est pas assez pour vacciner les plus de 20 millions de kényans restants. Dans une ville comme Nairobi, il est assez facile de trouver un centre de santé mais dès que vous quittez la capitale, cela se complique. Il faut parfois une journée entière à des Kenyans pour trouver un hôpital. On ne voit pas comment, en un mois, tout cela va se débloquer.

Face à cette situation, c’est la consternation et la colère qui priment au sein de la population. Le pass sanitaire est jugé bien trop restrictif. Il interdit l’accès aux hôpitaux, à l’éducation, aux bureaux de l’administration, aux transports publics, sans parler des bars, restaurants, et autres lieux publics. L’ONG Amnesty International est donc montée au créneau et appelle le gouvernement kényan à abandonner ces mesures coercitives et à travailler davantage sur la sensibilisation de la population, alors que les rumeurs et autres désinformations autour du vaccin circulent allègrement dans le pays.

En Nouvelle-Zélande, fin de la stratégie zéro Covid

En Nouvelle-Zélande, la Première ministre, Jacinda Ardern, a annoncé qu’elle renonçait à la stratégie du zéro Covid et que le confinement auxquels sont soumis les habitants d’Auckland allait être levé le mois prochain. Ce revirement s'explique d’abord par la présence du variant delta, qui circule en Nouvelle-Zélande depuis trois mois et demi. Malgré les mesures de confinement, il n’a pas réussi à être contenu. On sait que ce variant se propage beaucoup plus vite que la souche originelle et le gouvernement néo-zélandais, a fini par l’accepter. Autre élément d'explication : l'accélération de la campagne de vaccination. La Nouvelle-Zélande était, comme l’Australie, très en retard il y a encore quelques mois, mais ces dernières semaines, les choses sont allées très vite, puisque désormais plus de 83% de la population adulte est vaccinée.

Jacinda Ardern estime donc aujourd’hui que d’abord, plutôt que de chercher à éliminer le virus, il faut accepter de vivre avec, et ensuite qu’on peut se le permettre car une très vaste part de la population est vaccinée, et donc protégée contre d’éventuelles formes graves.

Concrêtement, cette nouvelle stratégie sanitaire va s’articuler grâce à un système de feux de circulation. Un feu vert équivaut à presque plus aucune restriction. Au feu orange, le port du masque est obligatoire dans certains lieux, les lieux clos ou à forte affluence par exemple. Et feu rouge, cela signifie que seules les personnes vaccinées peuvent fréquenter les commerces, et ces commerces doivent respecter strictement des mesures de distanciation sociale.

Ce nouveau système doit entrer en vigueur à partir du 3 décembre. Auckland, la plus grande ville du pays qui est confinée depuis trois mois, sera initialement placée en zone rouge. En revanche, contrairement à l’Australie qui va rouvrir ses frontières aux étrangers vaccinés dès le mois prochain, la Nouvelle-Zélande va continuer à imposer une quarantaine stricte aux voyageurs étrangers. Ces mesures pourraient cependant être assouplies en début d’année prochaine. C’est du moins l’engagement qu’a pris Jacinda Ardern.

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