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Covid-19 : le passeport vaccinal va-t-il arriver en Europe et en Israël ?

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Direction Israël, la Grèce et Bruxelles pour aborder la question du passeport vaccinal.

Article rédigé par franceinfo - Angélique Kourounis, Pierre Bénazet et Alice Froussard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8min
Illustration d'un aéroport en Allemagne, le 21 décembre 2020. (ARMANDO BABANI / AFP)

Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a plaidé mardi 13 janvier en faveur de la création d'un passeport vaccinal à l'échelle européenne afin de relancer le trafic aérien transfrontalier qui a particulièrement souffert des effets de la crise du Covid-19. Direction Athènes pour voir comment la population accueille la proposition du Premier ministre, puis à Bruxelles pour comprendre le position de la Commission européenne, et enfin nous irons en Israël où un tel passeport est sérieusement envisagé.

Les Grecs sont partagés sur la proposition du Premier ministre

La Grèce a été très peu touchée par la première vague de la pandémie de Covid-19 au printemps dernier. Mais depuis l’ouverture des frontières, l’été dernier, le pays semble submergé par l’augmentation des cas. Les Grecs ne savent pas vraiment quoi penser de la proposition de leur Premier ministre sur le passeport vaccinal.

D’un côté ce passeport pourrait bien faire redémarrer l’industrie lourde du pays, le tourisme qui est dévasté. Le secteur emploie un Grec sur cinq et représente 20% du PIB. Or, la saison va commencer à Pâques et tout le monde espère qu’il y aura des touristes qui vont venir. D’un autre côté, les Grecs ne sont pas totalement convaincus de l’efficacité, tant du vaccin que de ce passeport. "En apparence, on peut dire que ça tient la route, estime Dimos, fonctionnaire, âgé d’une quarantaine d’année. D’un autre côté, vacciner la population ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’effets secondaires, et, personne ne peut garantir que, vu les données récentes selon lesquelles le virus aurait muté le vaccin soit toujours efficace. Du coup je ne sais trop quoi dire, c’est oui mais je reste un peu sceptique."

L’évolution de l’épidémie en Grèce est de moins en moins rassurante, car il y a plus de 5 330 morts, presque 147 000 cas de contamination environ et 400 personnes en réanimation. Des chiffres importants pour une population de 11 millions d’habitants dont le système hospitalier, et il est là le problème, a été mis à genou par des coupes budgétaires répétées ces dix dernières années de crise. C’est pourquoi l’opposition mais aussi le corps médical dénonce une précipitation avec la demande de ce "passeport vaccinal européen".  
 

La Commission européenne loin d'être hostile

En fin de compte, c’est au niveau européen que la décision de mettre en place un passeport vaccinal dans l’UE devra être prise. La Commission européenne affirme avoir bien reçu la lettre de Kyriakos Mitsotakis et être en train de l’étudier et la première réaction est loin d’être hostile. L’idée d’un "passeport vaccinal" avait en fait été mise une première fois sur la table en décembre 2020 par l’Organisation mondiale de la Santé. La branche européenne de l’OMS disait vouloir travailler à l’établissement de ce qu’elle appelait à l’époque un certificat de vaccination électronique. Depuis l’idée a commencé à faire son chemin pour l’UE et la proposition du Premier ministre grec survient à un moment favorable car l’Union est déjà en train d’établir une harmonisation des tests de dépistage.

La Commission affirme que la réflexion sur le passeport vaccinal est lancée car elle est couplée à l’harmonisation des tests même si elle reconnaît que la reconnaissance mutuelle des dépistages n’a à ce jour engendré aucune tension. Mais pour la Commission une des priorités est de garantir la libre-circulation européenne et l’idée du passeport vaccinal pourrait être un instrument pour le retour à la normale de l’espace Schengen. Il ne faut en revanche pas espérer de décision rapide car pour l’instant on attend ici que le sommet européen virtuel de la semaine prochaine débatte de la question. Il faudrait donc qu’il y ait un accord des 27 capitales pour établir un passeport vaccinal mais pour le moment assez peu de pays s’y sont déclarés favorables.

La Grèce va devoir faire un sérieux travail de sensibilisation auprès des autres pays de l’UE car un consensus serait nécessaire pour cette question d’ordre sanitaire. Pour l’instant on a par exemple la Belgique qui établit une liste des personnes vaccinées avec l’idée que les noms pourront être transmis aux partenaires européens et que les organisateurs d’événements ou les compagnies aériennes pourront le demander individuellement à chacun. L’Estonie puis la Finlande développent avec l’OMS un certificat numérique, et la Hongrie établit une application mobile pour que ses résidents puissent prouver leur état vaccinal et réfléchit à l’idée de n’ouvrir ses frontières qu’à ceux qui ont une preuve de vaccination. Ce type de mesure est justement ce qui pourrait rendre nécessaire un passeport vaccinal en Europe. 

Un passeport vaccinal fortement envisagé en Israël

L'État hébreu a déjà pensé à instaurer un fameux passeport, l’idée est de mettre en place un laisser-passer pour participer à des événements sportifs et culturels en toute sécurité d’entrer aussi dans les restaurants, les hôtels, les salles de sport. Il pourra aussi faciliter les voyages, c’est-à-dire s’affranchir d’une quarantaine au retour et d’une isolation à la maison si on a été cas contact.

Il s’agit donc de faire "revivre" les secteurs qui ont fermés depuis de le début de la pandémie, et derrière, d’inciter la population à la vaccination. Ce fameux passeport vert sera transmis aux personnes vaccinés, celles qui ont reçu les deux injections, et ceux qui ont guéri du coronavirus après avoir été malade, et il sera valable six mois. Mais les autorités parlent aussi d’un passeport temporaire, valable 72 heures, après avoir eu les résultats d’un test négatif. C’est un projet qui a été présenté début janvier à la Knesset, car pour atteindre une immunité collective, il faudrait qu’au moins 70% de la population soit vaccinée ce qui risque de prendre du temps.

On parle de passeport mais il faut plutôt penser à une application sur nos téléphones avec une version en anglais pour les voyageurs internationaux. Pour le moment, on ne sait pas vraiment quand tout ceci sera mis en place le gouvernement parle de l’instaurer dès que le confinement sera terminé, c’est-à-dire autour du 21 janvier mais la principale crainte du ministère de la Santé, c’est le risque de contrefaçon. Une députée israélienne a également exprimé quelques doutes quant à cette application sur téléphone, qui ne respecterait pas la vie privée des habitants. Elle serait trop intrusive et, selon cette députée, il est trop tôt pour parler de passeport vert alors qu’on ne sait toujours pas combien de temps le vaccin est efficace, s’il prévient les infections, et qu’on ne sait toujours pas comment il affecte la population qui a été vaccinée.

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