Covid-19 : les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Espagne face au "quoi qu'il en coûte"
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Comme en France, la question de prolonger les aides aux secteurs les plus en difficultés face à la pandémie de Covid-19 se pose aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Espagne.
En France, l'État va désormais cibler les secteurs d'activité qui ont toujours besoin d'une aide et promet de faire du cas par cas. Depuis plus d'un an et demi, pour éviter un effondrement de l'économie en raison de la pandémie de Covid-19, de nombreux pays ont du apporter leur aide. Tour d'horizon.
Aux États-Unis, la fin de l'aide pour les chômeurs en fin de droit
La version américaine du "quoi qu'il en coûte" s'achève, dans un pays assez peu habitué aux aides distribuées par l'État. Deux programmes fédéraux d’urgence adoptés pour faire face aux conséquences de la pandémie se terminent aujourd’hui aux États-Unis. Actées en mars 2020 dans la loi CARES signée par Donald Trump à l’époque, ces aides ont été prolongées plusieurs fois, la dernière fois à la fin du mois de décembre.
Deux dispositifs touchent donc à leur fin. D'abord, une aide pour les chômeurs en fin de droit, qui ont épuisé toutes leurs prestations, pour les toucher pendant 13 semaines supplémentaires. Au total, sept millions et demi de personnes sont concernées. Deuxièmement, une aide pour les travailleurs indépendants et ceux à temps partiel, qui permettait aux indépendants et aux chômeurs de longue durée de toucher 300 dollars par semaine de plus que leur prestation.
La fin du chômage partiel au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, le gouvernement de Boris Johnson va mettre fin à son dispositif de chômage partiel à la fin du mois de septembre. Plus d'un million et demi de travailleurs en bénéficiaient toujours début août, certains secteurs se préparent donc à plonger...
En premier lieu, l'aéronautique : le chômage partiel y est toujours indispensable, le trafic dans les aéroports est loin de son niveau d'avant le Covid-19. Les syndicats craignent une explosion des licenciements avec la fin des aides.
Les inquiétudes se ressentent également dans les secteurs de l'événementiel ou chez les petits commerces. Selon un think tank, le chômage partiel a permis de préserver plus de 11 millions d'emplois pendant la crise sanitaire au Royaume-Uni, alors que le dispositif n'existait pas avant. Il a été reconduit à plusieurs reprises ces derniers mois, mais le gouvernement est cette fois bien décidé à y mettre fin, le 30 septembre. Une autre mesure va disparaître, l'augmentation provisoire du “crédit universel”, une allocation touchée par 6 millions de Britanniques. C'est un coup d'arrêt nécessaire, selon le ministre des finances Rishi Sunak.
"Ces mesures ne peuvent évidemment pas se poursuivre éternellement, qu'il s'agisse du chômage partiel ou d'autres. Notre priorité désormais, c'est qu'un maximum de personnes aient un travail, et un travail bien payé.”
Rishi Sunak, ministre des finances du Royaume-Uni
Pour le gouvernement britannique, c'est même l'heure de renflouer les caisses, il devrait annoncer cette semaine une augmentation des cotisations sociales, pour soulager le système de soins public et financer un futur plan santé.
En Espagne, pas de "quoi qu'il en coûte"
On ne peut pas vraiment parler d’une politique du “quoi qu’il en coûte” en Espagne. Le gouvernement espagnol a mis en place toute une série de mesures pour protéger la structure productive, l’emploi, les revenus des familles et assurer la survie des entreprises, mais elles ont fait l’objet aussi de beaucoup de critiques. En effet, l’Espagne a apporté des aides indirectes importantes via, par exemple, les crédits aux entreprises garantis par l’État ou le dispositif de chômage partiel qui a coûté déjà plus de 40 milliards d’euros.
Mais, en contrepartie, l’Espagne a injecté très peu d’aides directes dans le tissu productif. En mars dernier, le gouvernement Sanchez a finalement accepté de débloquer sept milliards d’euros d’aides directes, mais pour les entreprises ces aides sont insuffisantes, puisque destinées seulement à certains secteurs et qui arrivent trop tard. Environ 100 000 entreprises ont mis la clé sous la porte depuis le début de la pandémie.
L’Espagne reste l’un des grands bénéficiaires du plan de relance européen post-COVID 19. Le gouvernement espagnol a prolongé en mai dernier le financement public du chômage partiel, un dispositif qui a un coût très lourd pour les finances publiques mais qui est essentiel pour réduire l’impact social. Par ailleurs, l’exécutif a prolongé jusqu’à fin octobre les aides pour les plus vulnérables, ce qu’on appelle “le bouclier social” pour faire face aux conséquences de la pandémie.
Quant au plan de relance européen, l’Espagne a reçu le mois dernier un premier versement de 9 milliards d’euros. Au total, elle devrait percevoir 140 milliards d’euros, répartis entre subventions et prêts, un soutien sans précédent pour relancer l’économie. Le gouvernement espagnol espère créer 800 000 emplois en trois ans et gagner deux points de croissance du PIB par an.
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