Déconfinement en Europe : où en sont la République Tchèque, le Portugal et la Suède ?
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction la République Tchèque, le Portugal et la Suède pour revenir sur les différents processus de déconfinement.
À l’image de la France, depuis plusieurs mois, les États européens se déconfinent, avec l’espoir de passer un été le plus normal possible, avec un niveau d'épidémie de Covid-19 relativement bas. Alors que le Parlement européen vient de donner son feu vert définitif au pass sanitaire et au certificat Covid qui permet d’éviter les phases de quarantaines, chacun assouplit plus ou moins rapidement ses mesures sanitaires. Tour d’horizon au mercredi 9 juin.
En République tchèque, le gouvernement tente de rattraper sa mauvaise gestion de crise
La République tchèque suit cette tendance d’allègement des mesures. Après avoir affiché un taux de mortalité record en février dernier, les signaux sont à nouveau au vert. Le gouvernement a annoncé entre autres la fin du masque obligatoire dans les salles de classe à Prague, 2 000 personnes sont désormais autorisées à se réunir pour les événements culturels. Un grand concert s’est notamment tenu mardi soir dans le centre de Prague, en soutien à l’opposition démocratique en Biélorussie. Le pays rouvrira également ses frontières pour toute personne en provenance notamment des pays de l’Union européenne à compter du 21 juin. Il faudra tout de même se munir d’un certificat de vaccination, d’un test ou d’une preuve de guérison récente pour pouvoir entrer sur le territoire tchèque.
Rappelons que le gouvernement tchèque a été vivement critiqué pour sa gestion de la pandémie. Quatre ministres de la Santé différents se sont succédé en un an pour finalement renommer celui qui était ministre au tout début de l’épidémie dans le pays. Pas vraiment glorieux, d’autant que le pays avait été épargné par la première vague. Cette mauvaise gestion du Covid cet hiver, avec plus de 30 000 morts en tout sur une population de 10 millions et demi d’habitants, a coûté cher aux partis au pouvoir, selon les récents sondages. Elle risque même de leur coûter la victoire aux élections législatives prévues en octobre.
Le Premier ministre tchèque, Andrej Babiš, lui-même embourbé dans des affaires de conflit d’intérêts, espère profiter politiquement du succès actuel de la campagne de vaccination. Plus de six millions de doses de vaccin ont déjà été inoculées en Tchéquie, un pays qui a finalement renoncé à commander le vaccin russe Spoutnik V, au contraire de sa voisine la Slovaquie ou de la Hongrie.
Au Portugal, le déconfinement pourrait être stoppé
Au Portugal, la situation redevient au contraire préoccupante et l’allégement des mesures entamées le 15 mars dernier à Lisbonne pourrait connaître un coup d’arrêt. La situation doit s’éclaircir à l’issue du conseil des ministres mercredi soir. Dans la capitale, le processus pourrait même reculer. Lisbonne est responsable de plus de la moitié des cas enregistrés chaque jour, qui augmentent, lentement et sûrement. L’incidence était de 181 cas pour 100 000 habitants il y a trois jours dans la capitale.
Au Portugal, près de 600 nouveaux cas sont recensés en moyenne chaque jour. En cas de tour de vis, les bars, restaurants et lieux de culture devront à nouveau fermer à 22h30 et le télétravail redeviendrait obligatoire. Un coup dur pour la capitale, où le tourisme est déjà très restreint et où l’on redoute la dissémination du variant indien désormais appelé Delta.
Une situation qui a poussé le gouvernement britannique à retirer le Portugal de sa liste verte, alors qu’il était le seul pays européens à en bénéficier. En plaçant le pays en zone orange, le gouvernement britannique contraint à la mise en quarantaine pour dix jours pour les retours au Royaume-Uni. Conséquence ? Les touristes se sont précipités dans les aéroports pour un retour anticipé. Il s’agit d’un coup dur pour le Portugal, qui misait sur sa position verte privilégiée pour relancer la saison touristique. Malgré cela et le doute autour de la situation lisboète, l’optimisme reste d’actualité. En principe, le Portugal devrait néanmoins lever les restrictions appliquées aux États-Unis dès la semaine prochaine.
La Suède cultive sa différence
Quand tous les autres étaient confinés et portaient le masque, la Suède a refusé ces mesures, adoptant ses propres restrictions basées sur la distance sociale. Mais aujourd’hui que le monde déconfine, le pays hésite à retrouver une vie normale. La vie en Suède sous coronavirus n’a pas été trop difficile. Seule contrainte ? Éviter de se mélanger. Au pic de l’épidémie, les évènements publics étaient limités à huit personnes et les restaurants devaient fermer à 20h30.
Tandis que les restrictions sont progressivement levées partout, les changements sont bien plus lents en Suède. Ils vont se dérouler en cinq étapes. La première, commencée en juin, est accompagnée d’un couvre-feu dans les restaurants qui doivent fermer à 22h30. Pour tout ce qui est cinémas ou théâtres, la jauge d’accueil est passée de 8 à 50 personnes. En extérieur, elle est de 100 personnes et grimpe à 500 dans les espaces qui permettent de réserver des sièges. En comparaison, quand l’équipe de foot suédoise joue à domicile, c’est 500 supporters, contre 5 000 au Stade de France mardi soir, lorsque les Bleus ont affronté la Bulgarie. En cas de soirée privée dans une salle que vous avez louée, les règles ne changent pas, c’est huit personnes maximum.
Un décalage qui crée un certain agacement. Un chroniqueur du Dagens Nyheter, un des plus grands quotidiens du pays, comparait lundi les restrictions en Suède au mur de Berlin. Il demandait notamment au gouvernement de faire comme l’URSS à l’époque. Cette dernière avait alors permis de mettre le mur à terre. C’est maintenant au tour de la Suède d’abattre le mur des restrictions.
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