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En Allemagne et en Suède, les gouvernements durcissent leur politique migratoire

En Europe, les gouvernements multiplient les annonces sur l’immigration. L'Allemagne entend expulser plus massivement. La Suède annonce la création de centres d'expulsion.
Article rédigé par franceinfo - Carlotta Morteo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le point de contrôle des passeports pour entrer dans l'UE à Dieppe dans la zone portuaire, 12 octobre 2023. (GEORG MORITZ / DPA / MAXPPP)

Alors qu’en France, les sénateurs examinent à partir de lundi le très controversé projet de loi immigration porté par le ministre de l'Intérieur, en Allemagne et en Suède, aussi, les gouvernements multiplient les annonces sur l'immigration.

En Allemagne, la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser a présenté la semaine dernière un texte en conseil des ministres afin de faciliter les expulsions des personnes dont la demande d’asile a été rejetée. Outre-Rhin, 54 000 personnes sont tenues de quitter le territoire. La question figure au sommet de l’agenda politique en Allemagne : Olaf Scholz convoque aujourd’hui les chefs des Länder, avec un ordre du jour consacré à la régulation et à l’organisation de l’immigration.

"Nous devons expulser plus massivement", déclare le chancelier allemand

Le chancelier a entendu le coup de semonce électoral. Il y a un mois, lors des élections régionales en Bavière et en Hesse, les trois partis de la coalition ont subi une cinglante défaite. Le thème de l’immigration a littéralement fait irruption dans la campagne, attisé par les images de Lampedusa au mois de septembre. L’immigration est devenue l’enjeu principal pour leur vote, loin devant l’inflation et le logement, dans un pays où les communes sont souvent saturées par l’accueil des nouveaux arrivants. L'Allemagne accueille plus d’un million d'Ukrainiens, après une arrivée déjà massive de Syriens ayant fui, eux aussi, la guerre. Olaf Scholz, qui pense très fort à sa réélection, l’a dit très clairement dans une grande interview au Spiegel : "Nous devons expulser plus massivement".

Même les écologistes, les plus ouverts à l’accueil des étrangers, changent de discours et parlent désormais d’une réduction de l’immigration. Tous les partis d’Allemagne regardent les succès électoraux de l’AfD, le parti d’extrême droite, avec envie et préoccupation. L’AfD est solidement accrochée à la deuxième place dans les sondages avec 22% d’intention de vote, selon un sondage INSA paru hier dans le journal Bild. La CDU, le parti conservateur, est largement en tête avec 30 %.

Le gouvernement suédois annonce la création de centres d'expulsion

La ministre des Migrations suédoises, Maria Malmer Stenergard, a déclaré, il y a quelques semaines, que cinq centres d'expulsion allaient être ouverts en Suède. Toujours selon la ministre suédoise, l'idée fait son chemin au sein des pays nordiques d'ouvrir un centre spécial à l'extérieur de l'Union européenne, pour faire transiter les immigrés qui pour des raisons diverses ne peuvent pas être renvoyés immédiatement dans leurs pays. La ministre ne fournit pas de détails sur les pays susceptibles d'ouvrir de tels centres, ni aucune modalité précise sur leur fonctionnement, ou le statut juridique de ces lieux.

Ces centres de départ, hors les murs européens, ont été qualifiés de "solution innovante", plus "efficace pour dissuader les candidats à l'exil" que les centres de demande d'asile dans des pays tiers, où les gens pourraient attendre en amont, le temps d'obtenir une réponse à leur demande d'asile. Une piste qui a été envisagée avec le Rwanda, par le Royaume Uni - où la Cour Suprême doit se prononcer sur la légalité en droit international de cette mesure -. Cette piste a aussi été prônée par le Danemark, qui a finalement abandonné l'idée en début d'année.

Une autre mesure est entrée en vigueur le 1er novembre : le montant du salaire minimum, demandé aux étrangers non européens pour obtenir un visa de travail, a été doublé. Des milliers de personnes pourraient être obligées de partir. Cette mesure provoque une levée de boucliers dans les confédérations d'entreprises, qui craignent que la pénurie de main-d’œuvre actuelle s'aggrave. Elles redoutent, également, que les autres employés demandent un alignement des salaires sur ce revenu minimum exigé pour les travailleurs non européens.

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