En Autriche, en Italie et en Suède, les trains de nuit comme alternative à l'avion
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Autriche, l'Italie et la Suède, où les trains de nuit ont la part belle. De nouvelles lignes sont même en développement.
Le Réseau Action Climat milite pour valoriser le train sur l'avion. L'ONG a transmis un rapport ce mercredi 16 juin aux sénateurs, qui discutent actuellement du projet de loi climat. Alors que la France a supprimé des lignes et la majorité des trains de nuit avant de les relancer très récemment, à l'image du Paris-Nice, d'autres pays ont depuis longtemps parié sur le transport ferroviaire nocturne, à l'image de l'Autriche, de l'Italie et de la Suède.
En Autriche, un pari risqué mais payant
Le pays a été précurseur sur les trains de nuit. L'Autriche a fait ce pari dès 2016, quand beaucoup de pays européens délaissaient leurs lignes nocturnes car jugées non rentables. Les chemins de fer autrichiens ÖBB ont racheté à leurs homologues allemands une partie de leur division "train de nuit".
Depuis, ÖBB développe son réseau. La compagnie opère aujourd’hui près de 30 lignes, seule ou en partenariat. De Vienne, vous pouvez vous rendre, en train de nuit, en Suisse, en Allemagne, en Italie, et depuis mai dernier aux Pays-Bas. Les prix varient selon l’option choisie, de 30 euros pour une place assise à 140 euros pour une cabine individuelle sur la ligne Vienne-Rome. Elle relie les deux capitales en un peu plus de 13h30.
Aujourd'hui, l'Autriche est vue comme un modèle. Le train de nuit, bien moins polluant que l’avion, est vu comme une solution d’avenir. Ce mode de transport pose de nombreux défis logistiques et financiers mais selon Bernhard Rieder, d’ÖBB, la compagnie s’y retrouve. "Sur 36 millions de passagers sur nos grandes lignes, 1,5 million d'entre eux empruntent les trains de nuit. C'est donc une niche", indique-t-il. 'Mais on peut les rendre rentables, quand on a le bon concept opérationnel. Nous avons réussi à le faire en 2019 et nous sommes convaincus que nous pourrons de nouveau y arriver après la période du coronavirus."
ÖBB mise sur une tendance de fond : les trains de nuit se développeront de plus en plus à l’avenir partout en Europe. Une ligne Vienne-Paris est annoncée pour la fin de cette année.
En Italie, le train de nuit indispensable pour traverser le pays
Même avec l'avènement des vols low cost et des trains à grande vitesse, le train de nuit n'a jamais disparu en Italie. Il a été amputé mais bien moins qu'en France. Le train de nuit de l'autre côté des Alpes, c'est historique, culturel et lié à la géographie du pays. Il permet de rejoindre le Sud au Nord pour travailler, se faire soigner. Durant l'été, pendant les vacances, les touristes prennent le train de nuit. Cette année Trenitalia, la SNCF italienne, a lancé le premier Frecciarossa [l'équivalent du TGV] de nuit entre Milan et Reggio di Calabria, tout au bout du pied de la botte.
Plus généralement, c'est la solution ferroviaire qui est plébiscitée. L'Italie a encore quelques problèmes avec certaines petites lignes ou des trains de banlieue, mais les grandes lignes fonctionnent bien. Il n'y a pas vraiment de concurrence avec l'avion sauf pour les îles [Sardaigne et Sicile notamment]. La compagnie aérienne Alitalia va très mal et devrait diviser sa flotte et ses effectifs par deux.
Tous les trajets de moins de quatre heures sont donc assurés par les trains. En 10 ans, le nombre de passagers sur le Rome/Milan a plus que triplé, passant de 1 à 3,6 millions. Le Rome/Venise dure quatre heures et affiche souvent complet. C'est en revanche plus long pour se rendre dans le Sud mais grâce au plan européen, Bari ou encore Reggio di Calabria seront à moins de quatre heures de la capitale italienne.
En Suède, les voyageurs délaissent les aéroports pour les gares
Stockholm prévoit d'augmenter son offre ferroviaire nocturne ces prochaines années. Les trains de nuit sont très populaires. La géographie du pays s'y prête bien. Malmö est à plus de 600 kilomètres au sud-ouest de Stockholm, et les villes de Laponie à plus de 1 000 kilomètres au nord de la capitale. De quoi passer une bonne nuit dans un train, et d'arriver le lendemain matin.
Ce qui est nouveau, c'est le retour des trains de nuit vers le reste du continent européen. Certains vous emmènent vers Berlin l'été, ou les stations de ski autrichiennes l'hiver. Le gouvernement a lancé un appel d'offres pour l'ouverture de deux lignes régulières vers l'Allemagne, et vers Bruxelles. Avec des départs prévus tous les soirs, en 2022.
Il faut rappeler que c'est en Suède qu'est né le mouvement du flygskam, la honte de prendre l'avion, trop polluant. Le nombre de passagers a clairement baissé dans les aéroports et augmenter dans les gares du pays, et ce même avant le Covid. Mais cela ne profite pas qu'aux trains de nuit. Le gouvernement veut construire de nouvelles lignes, l’équivalent du TGV, pour relier Stockholm, Malmö, Göteborg, et Oslo en Norvège, à 320 km/h. Mais cela coûte très cher, environ 30 milliards d'euros.
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