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Fonction publique : des traitements différenciés en Suède et un manque de personnel en Italie

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. Lundi, focus sur la fonction publique en Suède et en Italie.

Article rédigé par franceinfo
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Une professeure de mathématiques donne un cours dans une école de Milan (Italie), le 7 septembre 2020 (illustration). (MIGUEL MEDINA / AFP)

Quelles sont les perspectives salariales dans la fonction publique ? Le gouvernement organise une troisième réunion avec les organisations syndicales lundi 13 décembre pour plancher sur l'avenir financier des fonctionnaires. Au menu des discussions du jour : les carrières et les rémunérations. En Suède, tous les fonctionnaires ne sont pas logés à la même enseigne et en Italie, on en cherche désespérément car les bras manquent. 

En Suède, trois niveaux de fonctionnaires et autant de conditions

En Suède, 1,6 million de personnes travaillent dans le secteur public, soit à peu près un tiers de la population active. Cependant, la situation de ces fonctionnaires et leurs conditions de travail sont assez variées en fonction de leur poste. Récemment, par exemple, le mouvement de grogne des sage-femmes à Stockholm s’est étendu dans le reste de la Suède. Elles réclament, entre autres, des hausses de salaire.

Dans le pays nordique, les fonctionnaires se divisent en trois catégories, qui correspondent à un découpage territorial. Au niveau de l’État, on retrouve les hauts-fonctionnaires, c'est-à-dire les employés des grandes agences gouvernementales. Eux ne se plaignent pas trop de leurs salaires. Ensuite, viennent les fonctionnaires qui travaillent au niveau des régions, responsables notamment de la santé : centres de soins, hôpitaux, cabinets dentaires... Enfin, on retrouve les fonctionnaires qui travaillent pour les communes - elles sont 270 au total. Ces communes sont responsables, entre autres, des écoles, des maisons de retraite, de l’aide à domicile...

C’est sans doute pour cette dernière catégorie d’employés que la situation est la plus critique. Le vieillissement de la population et une forte immigration ont plongé les finances des communes dans le rouge. C'est donc la course aux économies et ce malgré la présence des syndicats, qui restent très populaires dans le pays comparé à d'autres. En effet, même si les adhésions sont en baisse, entre 70 et 80% des fonctionnaires appartiennent à un syndicat, en fonction des collectivités.

En Suède, il n’y a pas de salaire minimum inscrit dans la loi : il est décidé dans le cadre des négociations collectives. Ensuite, l’évolution des revenus est négociée par les partenaires sociaux, tous les deux ans, en fonction notamment du niveau de l’inflation. Pour chaque employé, la hausse des salaires dépend donc de ces barèmes mais aussi d’une négociation individuelle, menée avec ses supérieurs et là encore encadrée par les conventions collectives. Les rémunérations augmentent donc régulièrement. 

En Italie, État cherche fonctionnaires désespérément

L'Etat italien lui-même le reconnaît : il manque de fonctionnaires. Au 1er janvier 2021, l'Italie comptait en effet 3,2 millions de fonctionnaires, soit un tout petit peu moins qu'en 2020. En revanche, comparé aux vingt dernières années, c'est le chiffre le plus bas. Parmi les raisons qui permettent d'expliquer cela, il y a la pandémie de Covid-19 qui a bloqué ou grandement perturbé plusieurs concours d’entrée, mais aussi les départs à la retraite, toujours plus nombreux et pas forcément remplacés. Ce phénomène va d'ailleurs s’accélérer car l’âge moyen des fonctionnaires italiens est de 50 ans. Dans les trois prochaines années, environ 500 000 fonctionnaires feront valoir leurs droits à la retraite.

Le gouvernement de Mario Draghi compte donc recruter de nouveaux agents rapidement. C'est un défi car, sans ces fonctionnaires, la reprise économique post-Covid pourrait se compliquer pour l'Italie. En effet, le gouvernement compte en grande partie sur eux pour gérer la manne que constitue le grand plan de relance financé en majorité par l'Union européenne. Le plan prévoit un investissement de 1,7 milliard d’euros pour améliorer les capacités administratives, aussi bien centrales que locales. Ces capacités permettront de gérer les 369 milliards d’euros des ressources allouées par Bruxelles à Rome.

Or, principalement dans les régions méridionales qui sont les plus pauvres de la Botte, le personnel n’est pas assez formé pour appliquer les réformes et les divers plans de modernisation du pays, comme la transformation numérique et le développement durable. Si l’Italie ne sait pas dépenser l’argent qu’on lui donne, cela pourrait être préjudiciable pour l’ensemble du pays, l’Europe pouvant récupérer les fonds non utilisés. Or, Mario Draghi, le président du Conseil, a été appelé justement pour mettre en œuvre cette relance dont le pays a tant besoin. C’est donc une grande partie de sa crédibilité qui est en jeu.

Les autorités italiennes sont donc confrontées à une vaste et nécessaire réforme de la fonction publique. L'Italie a besoin de fonctionnaires mieux formés et plus compétents, mieux rétribués et plus justement, plus jeunes et plus motivés. Les besoins existent dans les administrations centrales mais aussi dans les administrations décentralisées, qui ont plus de pouvoirs qu’en France, notamment en matière sanitaire. Après des années de sous-investissements, le gouvernement est bien décidé à saisir l’occasion qui se présente pour moderniser sa fonction publique.

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