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Guerre en Ukraine : l'Allemagne et l'Espagne ont de plus en plus de mal à prendre en charge les réfugiés ukrainiens

Dans le club des correspondants, franceinfo s'intéresse à l'actualité vue de l'étranger. Aujourd'hui direction l'Allemagne et l'Espagne, deux pays qui peinent à faire face à l'afflux de réfugiés ukrainiens.

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Des réfugiés ukrainiens participent à un salon de l'emploi à Berlin, le 2 juin 2022. (JOHN MACDOUGALL / AFP)

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, fin février 2022, près de huit millions d’Ukrainiens ont fui leur pays. Après la Pologne, l’Allemagne est le second pays d’accueil pour les Ukrainiens en exil, plus d’un million de personnes y ont trouvé refuge. En Espagne, le gouvernement veut continuer à soutenir ceux qui ont fui la guerre, mais certaines lois ne sont pas faites pour les réfugiés temporaires.

A Cottbus en Allemagne, la ville est "au bout de ce qu'elle peut offrir"

La ville de Cottbus, à 130 kilomètres au sud de Berlin est toute proche de la frontière polonaise. Les autorités de cette ville d’un peu moins de 100 000 habitants expliquent qu’elles ne peuvent plus accueillir de nouveaux réfugiés, car la ville est arrivée au bout de ce qu’elle peut offrir. Sur son site internet, la mairie souhaite la bienvenue aux nouveaux arrivants. Et depuis le début de l’année, ces nouveaux arrivants ce sont majoritairement des réfugiés.

1 045 se sont installés à Cottbus depuis le début de l’année, principalement des Ukrainiens. C’est 300 de plus que la ville ne peut en accueillir, explique le porte-parole de la mairie, Jan Glossmann. "Les gens arrivent chez nous, on s’en occupe, on les conseille, on les oriente, on les héberge. On doit regarder qui travaille, qui peut travailler, quel est le statut de demandeur d’asile de chacun."

"Clairement notre capacité d’accueil est épuisée. Nous ne voulons pas les héberger dans des camps de tentes. Il faut qu’en Europe, ces réfugiés soient répartis de façon équitable."

Jan Glossmann, porte-parole de la mairie de Cottbus

à franceinfo

Ce sont dans les écoles que la situation est la plus délicate. En quelques mois, 300 enfants ukrainiens ont été inscrits dans les 30 établissements de Cottbus. Des professeurs ont été recrutés, certains parmi les Ukrainiens arrivés dans la ville. "Pour une ville comme Cottbus, c’est beaucoup, cela veut dire qu’il faudrait une école entière en plus"explique le responsable des services scolaires de la circonscription, Uwe Mader. "On a des classes surchargées, avec parfois 30 élèves au lieu de 25. Il peut arriver que des parents se plaignent que l’enseignement en pâtisse. En termes de place et de personnel disponible, on est à l’extrême limite."

La ville a donc décidé de ne plus accueillir de réfugiés pour ne pas saturer davantage les écoles et les cabinets médicaux, dont les carnets de rendez-vous affichent complets pendant plusieurs semaines. La mairie veut pouvoir leur assurer un accueil digne et d’être au chaud quand l’hiver sera devenu plus rude. Et puis l’accompagnement des familles aussi, est compliqué : "Pour une famille ukrainienne de deux ou trois personnes, il faut un conseiller, pour les accompagner dans leurs démarches de la vie quotidienne", explique Helga Franken, éducatrice spécialisée à Cottbus. Elle redoute de manquer de bras pour suivre les réfugiés ukrainiens. "Il faut faire attention, en particulier aux enfants. Et c’est très compliqué parce que tout cela ne semble jamais devoir se terminer."

L’alerte lancée par la mairie de Cottbus semble avoir été entendue : ces derniers jours, le nombre de réfugiés a cessé d’augmenter dans la ville.

En Espagne, le problème très concret des plaques d'immatriculation étrangères

Les réfugiés Ukrainiens ont été accueillis les bras ouverts par le gouvernement espagnol. Mais aujourd’hui, certains d’entre eux sont rattrapés par la bureaucratie et se retrouve avec ce problème très concret des plaques d’immatriculation. Au bout de sept mois de résidence en Espagne, tout conducteur doit dévisser ses plaques étrangères et les remplacer par des plaques espagnoles, ce qui coûte en moyenne 1 000 euros. Une mesure logique pour quelqu’un qui s’installe, un peu moins pour des personnes qui ont le désir de repartir dans leur pays d’origine dès que possible.

Une pétition a été publiée sur la plateforme change.org [en espagnol] pour se plaindre de cette situation. Elle demande une exception, la possibilité de pouvoir continuer à circuler avec les plaques ukrainiennes tant qu’elles bénéficient du statut de protection temporaire. Un peu plus de 35 000 signatures ont été récoltées.

Le site d’information espagnol ElConfidencial.com a parlé avec la réfugiée qui a lancé ce texte, Margaryta Pugachova. Elle explique que c’est paradoxal de devoir changer les plaques, alors qu’elle devra à nouveau remplacer ces plaques espagnoles par des plaques ukrainiennes à son retour au pays. Et elle indique que d’autres pays, l’Allemagne et a Pologne, ont accordé un sursis aux Ukrainiens. ElConfidencial.com a interrogé l’administration compétente. Réponse, en substance : la loi c’est la loi, ils ne peuvent rien faire en la matière. Les contrevenants s’exposent à une amende entre 200 et 6 000 euros.

Concernant la prolongation de leur séjour, les réfugiés ukrainiens en Espagne n’ont pas de problèmes de papiers, commencent à avoir des difficultés économiques. Les premières aides, fixées pour six mois, arrivent à échéance. La porte-parole du gouvernement, Isabel Rodríguez, exposait le mois dernier la réponse de l’exécutif : "Nous sommes le cinquième pays d’Europe qui a le plus accueilli de réfugiés ukrainiens." 

"L’Espagne continue de soutenir pleinement toutes les personnes qui ont fui la guerre dans leur pays. Concrètement, nous avons adopté aujourd’hui des subventions directes, à hauteur de 335 millions d’euros qui seront versées aux principales associations impliquées dans l’accueil des réfugiés."

Isabel Rodríguez

porte-parole du gouvernement espagnol

Une subvention aux régions a également été versée. Elle permettra de verser 400 euros mensuels par réfugié, pour ceux qui bien sûr n’ont pas encore trouvé d’emploi et à nouveau pour une durée maximale de six mois.

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