Israël-Palestine : pas de point de vue convergent entre les États du Vatican, du Brésil et de la Pologne
Les chrétiens qui vivent entre Israël et dans les territoires palestiniens sont, dans leur très grande majorité, arabes. Dans les commentaires de l’Église, c'est en toile de fond : le mois dernier, devant l’ONU, le ministre des Affaires étrangères du Vatican parlait de "l’attitude de plus en plus autoritaire et militairement invasive de l’État d’Israël" vis-à-vis des Palestiniens. Le patriarche latin de Jérusalem a dit de son côté : "L’escalade des violences était sous le nez de chacun." Pour l’Église, la question palestinienne est incontournable.
Au Vatican, les commentaires ne sont pas alignés sur ceux des chancelleries occidentales
Au Vatican, deux interventions du Pape n'ont pas mentionné le Hamas. La réaction a été très générale dimanche lors de l’Angélus, alors qu’on découvrait l’horreur des actes commis par le mouvement terroriste. François a dit sa solidarité aux familles de victimes et appelé à ce que les attaques cessent en Israël. "Ceux qui sont attaqués ont le droit de se défendre", a-t-il déclaré mercredi à propos de l'État hébreu. C’est important quand on sait la difficulté rencontrée par le Pape à désigner un agresseur en Ukraine. Mais il ajoutait :"Je suis très préoccupé par le siège total dans lequel vivent les Palestiniens à Gaza." Position la plus équilibrée possible. Environ 1 000 chrétiens vivent à Gaza.
Une autre réaction a marqué les jours passés. Celle des chefs des Églises de terre sainte à Jérusalem qui appelaient dimanche à la "cessation de toute violence qui porte préjudice aux civils". L’ambassade d’Israël auprès du Saint-Siège a déploré une ambiguïté linguistique immorale. Depuis, le patriarche latin de Jérusalem, le nouveau cardinal Pizzaballa a précisé : "Notre condamnation pour les atrocités, sous-entendu commises par le Hamas, est totale".
Au Brésil, les évangéliques et leur poids électoral
Ce conflit a des conséquences sur la politique interne. Les tensions sont vives à Brasilia. Le pays est directement touché, avec deux citoyens brésiliens, un homme et une femme, tués dans les attaques terroristes, tandis qu'une femme est toujours considérée comme disparue. Lundi, deux parlementaires ont échangé des insultes et ont dû être séparés.
Ici comme ailleurs, le thème est clivant, mais au Brésil, les tensions sont amplifiées par la forte présence des évangéliques et leur importance électorale. Pour eux, l'existence d'Israël est une condition au retour du messie sur terre et le pays est un symbole rassembleur. L'opposition d'extrême droite, à commencer par Jair Bolsonaro, cherche donc, notamment, à faire le lien entre le gouvernement Lula et le Hamas. C'est donc aussi pour éviter de donner du grain à moudre à son opposition, que Lula tente sur ce sujet de se maintenir au-dessus de la mêlée.
Critiqué par ses partenaires occidentaux pour certaines de ses déclarations sur le conflit en Ukraine, le président brésilien se montre cette fois beaucoup plus équilibré. Il a immédiatement condamné les actes terroristes, tout en appelant de ses vœux la fin des hostilités et des négociations pour une solution à deux États. Lula s'est à nouveau exprimé ce mercredi : d'un côté, il appelle le Hamas à libérer les enfants retenus en otage, d'un autre, il souhaite la fin des bombardements pour permettre l'évacuation des enfants de la bande de Gaza.
En Pologne, le pouvoir anti immigration en pleine campagne s'identifie à Israël
En Pologne, le conflit en Israël s’immisce forcément dans la campagne électorale et c’est le parti au pouvoir qui l’utilise pour nourrir son discours anti immigration. Pour Mateusz Morawiecki, ce qu'il se passe en Israël pourra bientôt se passer en Pologne. Selon lui, si l’opposition remporte les élections dimanche prochain, elle laissera l’Union européenne ouvrir grand les portes à des terroristes islamiques et aux immigrés. Et la Pologne vivra ce qui se passe en ce moment entre la Palestine et Israël.
Avec ce discours, on voit bien que Varsovie apporte tout son soutien à Israël. Pourtant les relations entre le parti Droit et Justice, au pouvoir, et ses homologues israéliens n’ont pas toujours été très bonnes. En 2018, les deux pays s’étaient fâchés après que le parlement polonais a adopté une loi punissant les personnes qui attribuent les crimes de l’Holocauste au peuple polonais. L’ambassadeur israélien en Pologne avait même quitté le pays récemment… Mais les discussions ont repris depuis.
La Pologne s’inquiète aussi pour les répercussions sur la guerre en Ukraine. Les combats continuent avec la Russie et Varsovie craint que l’aide internationale se détourne un peu de son allié ukrainien. Et que la situation au Proche-Orient change la donne de l’autre côté de la frontière.
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