Présidentielle 2022 : Quelles sont les réactions au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie après la réélection d'Emmanuel Macron
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie pour voir comment ces pays réagissent après la victoire d'Emmanuel Macron.
L'élection présidentielle a été suivie avec attention chez nos voisins européens et outre-Manche. Les dirigeants se sont empressés de commenter la réélection d'Emmanuel Macron dimanche 24 avril. Direction l'Allemagne, le Royaume et l'Italie pour analyser les réactions.
>> Présidentielle 2022 : suivez les réactions au lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron
Fin du "brit-bashing" au Royaume-Uni
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson a été l’un des premiers à réagir dimanche soir par un tweet en Français : "La France est l’un de nos alliés les plus proches et les plus importants. Je suis heureux de continuer à travailler ensemble sur les sujets clés pour nos deux pays et le monde", écrit-il.
Félicitations à @EmmanuelMacron pour votre réélection à la Présidence de la République Française. La France est l’un de nos alliés les plus proches et les plus importants. Je suis heureux de continuer à travailler ensemble sur les sujets-clés pour nos deux pays et pour le monde.
— Boris Johnson (@BorisJohnson) April 24, 2022
Derrière ces belles phrases se cache une réalité plus compliquée. Avec cette élection, les ministres britanniques espèrent la fin de ce qu'ils décrivent comme du "brit-bashing". Ils considèrent qu'Emmanuel Macron et son gouvernement ont utilisé la rivalité ancestrale entre les deux pays pour faire leur campagne présidentielle : sur les migrants qui traversent la Manche, le dossier de la pêche, le protocole d’application du Brexit en Irlande du Nord… Depuis un an sur tous ces sujets de tension, Londres pointait du doigt les visées électoralistes du camp Macron. Ils souhaitent donc revenir à une relation plus apaisée et plus constructive désormais. C'est en tout cas le message qu'ils font passer.
Dans la presse Anglaise, on tape plus franchement sur le président français réélu. Au point que dans le Daily Mail on peut lire lundi 25 avril : "Macron et l'équipe qui l'entoure sont viscéralement anti - britanniques.", sous la plume de Jonathan Miller, brexiter convaincu. Il traite même le président français réélu de "clown" faisant clairement référence à une phrase qui lui est prêtée. Il visait alors Boris Johnson. Dans le Telegraph, James Crisp écrit que "les esprits peuvent se calmer (entre les deux leaders) mais un rapprochement est peu probable tant que la confiance n'est pas progressivement rétablie." Ce que le Times résume en "une relation tendue".
"Ouf" de soulagement en Allemagne
Longtemps absorbée par la guerre en Ukraine, l'Allemagne s'est véritablement intéressée au scrutin français dans la dernière ligne droite. Avec la crainte très clairement exprimée par neuf Allemands sur dix de voir l'extrême droite l'emporter. De l'autre côté du Rhin, un énorme "ouf" de soulagement a été poussé à l’annonce des résultats.
Félicitations, herzliche Glückwünsche, lieber Präsident @EmmanuelMacron. Deine Wählerinnen und Wähler haben heute auch ein starkes Bekenntnis zu Europa gesendet.
— Bundeskanzler Olaf Scholz (@Bundeskanzler) April 24, 2022
Ich freue mich, dass wir unsere gute Zusammenarbeit fortsetzen! pic.twitter.com/ZJQSc6OAz9
La précipitation des politiques allemands, a félicité le président réélu, a bien traduit la fébrilité ambiante. Le chancelier Olaf Scholz s'est ainsi targuer d'avoir été le premier dirigeant à joindre Emmanuel Macron au téléphone avant d'annoncer une prochaine rencontre, comme le veut la tradition. Une fois passé le soulagement, les questions autour du bon score de Marine Le Pen, surnommée par certains médias en Allemagne la candidate de cauchemar, ont fait surface. Analyse du Spiegel : Vladimir Poutine a perdu l'élection française alors que pour le Tagesspiegel la réélection d'Emmanuel Macron prouve certes la raison politique d'une majorité de Français, mais cette élection envoie tout de même un signal d'alarme à l'Union européenne.
Ce signal donne lieu a une remise en question en Allemagne. "Il serait temps de répondre aux grandes idées européennes de Macron", propose l'écologiste Anton Hofreiter. Maintenant qu'Angela Merkel n'est plus là pour lui mettre des bâtons dans les roues, complète le Spiegel, certains médias espèrent voir le président gouverner autrement. Avec un Parlement plus impliqué et des décisions, mieux discutées. Le Tagesspiegel rêve d'exporter un peu de la culture du compromis à l'allemande : "La politique française doit apprendre, à forger des coalitions au lieu de diviser".
Ambiguïté en Italie
En Italie, si Mario Draghi n'a pas immédiatement été appelé par Emmanuel Macron, le président du Conseil italien a très chaleureusement salué sa victoire. C'est même une "merveilleuse nouvelle pour l'ensemble de l'Europe", écrit Mario Draghi en son nom personnel et au nom de son gouvernement. Une large coalition gouverne l'Italie pratiquement tous les partis sont représentés de la gauche à l'extrême-droite sauf les post-fascistes de Fratelli d'Italia, seul gros parti dans l'opposition qui détient aujourd'hui le plus d'intentions de vote dans les sondages devant le parti démocrate. Mais c'est donc un gouvernement pro-européen qui s'engage avec Emmanuel Macron pour bâtir une Europe plus forte, plus solidaire et plus juste selon Mario Draghi. Une Italie qui cherche à jouer un rôle plus important en Europe et qui compte, non plus sur le seul couple franco-allemand, mais sur la triangulation Paris-Berlin-Rome.
Sauf qu'à l'intérieur de ce gouvernement la Ligue de Matteo Salvini n'est pas vraiment pro-européenne. Matteo Salvini a lui félicité Marine Le Pen. "Seule contre tous, cohérente et souriante, elle a recueilli le vote de 13 millions de Français, un pourcentage jamais vu auparavant", insiste le patron de la Ligue qui joue un drôle de jeu car le gouvernement auquel il appartient est profondément pro-européen et les ministres de la Ligue travaillent très bien avec leurs homologues comme Bruno Le Maire par exemple. Cette victoire d'Emmanuel Macron vient affaiblir la Ligue, en tous cas les ambitions de Matteo Salvini, qui devra clarifier ses choix très vite car on vote en Italie dans un an.
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