Quel accueil pour les réfugiés ukrainiens, en Irlande, au Royaume-Uni et en Grèce ?
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Direction l'Irlande, le Royaume-Uni et la Grèce pour comprendre comment sont accueillis les réfugiés qui fuient la guerre en Ukraine.
Conséquence directe de la guerre en Ukraine, des réfugiés, principalement des femmes et des enfants, affluent vers l'ouest du pays et de nombreux états européens voisins. Depuis le début du conflit le 24 février dernier, plus de 2,5 millions de personnes ont déjà fui à l'étranger selon le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés. Il s'agirait donc de l'exode le plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale. Comment se passe alors l'accueil de ces réfugiés en Europe ? Pour le comprendre, direction l'Irlande, le Royaume-Uni et la Grèce.
>> Suivez les dernières informations concernant la guerre en Ukraine
En Irlande, un vaste élan de solidarité
En Irlande, le gouvernement s’apprête à accueillir 100 000 Ukrainiens, un chiffre important pour un pays de 5 millions d’habitants. Le nombre d’Irlandais prêts à héberger des réfugiés chez eux pour une durée de six mois à un an est lui aussi impressionnant. En une semaine, 12 000 personnes ont déjà proposé une chambre d’ami ou un logement entier via une plateforme mise en place par la Croix-Rouge. L’association n’avait jamais vu cela, d’habitude il faut plusieurs mois pour atteindre de tels résultats. Cette solidarité fait suite à un appel du gouvernement au public pour éviter au maximum que ces familles fuyant la guerre se retrouvent dans des hôtels. Pour l'instant, 2 500 Ukrainiens sont arrivés en Irlande, principalement pour rejoindre des amis ou de la famille.
Tous les Ukrainiens ne pourront cependant pas tous être logés chez des Irlandais. Pour les autres, un centre d’accueil a été ouvert à l’aéroport de Dublin. Dès leur arrivée, on donne aux réfugiés des cartes SIM, des chargeurs et surtout un numéro PPS, un identifiant qui leur donne accès à toutes les aides de l'État. Ils pourront ainsi bénéficier d’un logement à court terme, d’une protection sociale et trouver un travail légal et non payé au noir. L'objectif est en effet de les intégrer très rapidement à la société irlandaise. La ministre de l’Éducation est d’ailleurs en train de faire le tour des places disponibles dans les classes pour permettre aux enfants ukrainiens d’aller à l’école dès leur arrivée en Irlande.
Au Royaume-Uni, les démarches pour obtenir un visa facilitées
Au Royaume-Uni, on assiste bien à un changement de cap de la part du gouvernement. Largement critiqué sur la complexité des démarches d’entrée des refugiés ukrainiens sur son sol, le pays a finalement décidé de les assouplir. Cette inflexion a été saluée par le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin qui, sur twitter, parle d’un pas dans la bonne direction. La semaine précédente, le même Gérald Darmanin avait employé des mots très durs, évoquant la "réponse totalement inadaptée" et le manque d’humanité du Royaume-Uni à l'égard des réfugiés ukrainiens.
Il s’est donc ravisé après que son homologue britannique Priti Patel a annoncé jeudi 10 mars : "À partir de mardi, je peux annoncer que les Ukrainiens titulaires d'un passeport n'auront plus besoin de se rendre dans un centre de demande de visas pour donner leurs données biométriques avant de venir au Royaume-Uni." Initialement, obtenir le précieux sésame était un vrai parcours du combattant. Difficile, voire impossible d’avoir un rendez-vous dans un centre de demandes de visas et ces derniers jours, les témoignages d’Ukrainiens à s'être vu refuser l’entrée sur le territoire britannique se sont multipliés. Sur les plus de deux millions de personnes à avoir déjà fui l’Ukraine, un peu plus de 1 000 visas ont été accordés par les autorités britanniques.
Pour le moment cependant, seuls les Ukrainiens ayant de la famille au Royaume-Uni peuvent demander un visa. Il faut aussi être muni d’un passeport et être de nationalité ukrainienne et non résident ukrainien. Mais selon le journal The Telegraph, les règles vont être de nouveau assouplies dans les prochains jours. Le gouvernement va lancer une campagne nationale et demander aux Britanniques d’héberger pour une durée d’un an tout Ukrainien voulant s’installer au Royaume-Uni. Ils auront également le droit de travailler et pourront recevoir des aides de l’État.
En Grèce, un bien meilleur accueil pour les réfugiés ukrainiens que pour les autres
Plus de 6 000 réfugiés ukrainiens sont déjà arrivés en Grèce. Une politique d'accueil spécifique s'est immédiatement mise en place, et elle semble très différente de celle reservée aux autres arrivants. Le statut de réfugiés est ainsi immédiatement donné aux Ukrainiens, ce qui n'est pas le cas par exemple pour les Afghans, ou les Syriens qui fuient eux aussi la guerre. Ces derniers doivent remplir une demande d'asile qui attendra parfois des années avant d'être étudiée. Pendant ce temps, la plus grande partie d'entre eux vivra dans des camps à l'accès contrôlé. Les réfugiés ukrainiens bénéficient quant à eux de meilleures structures d’accueil. Le gouvernement grec étudie par ailleurs la mise en place de formulaires que les Ukrainiens pourront remplir à la frontière afin d'indiquer leurs expériences professionnelles, les langues qu'ils parlent et leurs compétences diverses afin qu'ils puissent s'intégrer, s'ils le souhaitent, à la société grecque. Cela ne s'est jamais vu auparavant.
Pour expliquer cette différence de traitement, il suffit de lire les déclarations des ministres en charge de ces dossiers en Grèce. Le ministre des Migrations a ainsi qualifié les Ukrainiens de "vrais réfugiés", sous-entendant donc que les autres ne le sont pas. De son côté, le ministre du Tourisme a invité les ONG qui travaillent dans les camps sur les îles grecques "à aller en Ukraine". Enfin, un député du parti conservateur a souligné le fait que "les Ukrainiens sont des blancs chrétiens orthodoxes, et pas des Africains d'une autre religion". Une politique de deux poids deux mesures pour les réfugiés est désormais appliquée en Grèce, qui risque de créer des tensions dans les camps de demandeurs d'asile.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.