Victoire de l'extrême droite, dissolution de l'Assemblée… Les réactions en Russie, au Royaume-Uni et en Moldavie
Le président de la République française, Emmanuel Macron, a pris la décision de dissoudre l'Assemblée nationale, dimanche 9 juin dans la soirée, après la large victoire du Rassemblement national aux élections européennes. Une décision qui suscite de nombreuses réactions, y compris hors de l'Union européenne.
Le Club des correspondants fait une première escale en Russie où la soirée du dimanche en France n'est pas passée inaperçue. Tant la presse que le pouvoir russe y voient avant tout une défaite d'Emmanuel Macron. Nous irons ensuite au Royaume-Uni, où on ne votait évidemment pas pour les élections européennes, puisque le Brexit est passé par là. Mais à Londres, les résultats de dimanche soir et surtout la décision d’Emmanuel Macron ont été largement commentés.
Puis nous ferons un dernier arrêt en Moldavie, où la victoire du Rassemblement national en France est également commentée, mais c'est davantage la vague populiste au sein de l'Union européenne qui inquiète. La Moldavie souhaite adhérer à l'UE et la montée de l'extrême droite pourrait compliquer les discussions.
Russie : une défaite d'Emmanuel Macron
Ni la presse, ni le pouvoir russe ne se réjouissent ouvertement de la victoire du Rassemblement national. Il y a pourtant des connexions anciennes entre le RN et le Kremlin, mais Moscou garde toujours en apparence une certaine distance, d'autant plus que les dirigeants russes n'ont en général que mépris pour l'Union européenne. Les élections européennes ne sont donc pas forcément très significatives à leurs yeux. En revanche, ils commentent largement la décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale.
Pour le Président de la Douma, Viatcheslav Volodine, Emmanuel Macron s'accroche au pouvoir avec l'énergie du désespoir. Il doit démissionner, estime ce proche de Vladimir Poutine. L'agence officielle RIA Novosti compare la défaite du camp présidentiel à la Bérézina de Napoléon. Tout cela, affirme l'éditorialiste, parce qu'il a voulu complaire à Washington et faire de la lèche à Bruxelles au détriment de ses propres intérêts nationaux. C'est à peu près ce qu'a dit également Valentina Matvienko, la présidente du Sénat.
Une campagne antifrançaise
Le tabloïd pro-pouvoir Komsomolskaïa Pravda enfonce le clou. Emmanuel Macron est aujourd'hui, comme Volodymyr Zelensky, un président illégitime. La violence des commentateurs russes s'inscrit évidemment dans la suite de la campagne antifrançaise, très virulente qui règne en Russie en raison du soutien affirmé de Paris à Kiev.
Royaume-Uni : Une dissolution à haut risque
Le choix du président français apparaît sur plusieurs unes de quotidiens britanniques, pas tous. Les radios et les télés lui ont accordé beaucoup de place dès dimanche soir. "Le président Emmanuel Macron choque la France en annonçant des élections législatives anticipées", selon la chaîne de télé BBC News. Et sur le site de la BBC, l’annonce du président français est "une immense surprise et un énorme risque".
Sur Sky News, l’ancienne députée conservatrice et pro-européenne, Anna Soubri, se désole de voir les résultats en Europe avec la montée des partis opposés à l’idée européenne. Sachant ce qui s’est passé au Royaume-Uni, elle s’alarme aujourd’hui de la situation dans les autres pays européens et notamment en France. Pour le journal de droite, le Telegraph, Macron joue avec de la "dynamite" et elle pourrait bien "lui exploser au visage".
Des législatives le 4 juillet
Il y a une campagne en cours au Royaume-Uni et des élections législatives qui auront lieu pile entre les deux tours en France, le 4 juillet. L’actualité britannique a vite repris le dessus dans les médias, mais on trouve des parallèles. Dans les colonnes du Times par exemple, on fait un peu de politique-fiction, basée sur des sondages qui donnent les travaillistes de retour au pouvoir après 14 ans dans l’opposition.
Moldavie : la crainte d'un impact sur le processus d’adhésion à l'UE
En Moldavie, 52 bureaux de vote ont été ouverts dimanche pour les élections européennes. Près d’un million de Moldaves disposent de la double nationalité roumaine. Plus de 55 000 d’entre eux ont voté en Moldavie. Les médias moldaves évoquent bien sûr la percée de l’extrême droite en France, mais les regards sont avant tout portés sur Bruxelles et la composition du nouveau Parlement, qui pourrait impacter le processus d’adhésion de la Moldavie à l'Union européenne.
La Commission européenne a confirmé vendredi que la Moldavie a bien rempli toutes les conditions pour le début des négociations d’adhésion. Mais certaines factions politiques dans l’Union se prononcent contre un élargissement au-delà des actuels 27 membres.
Un référendum le 20 octobre
La composition du nouveau Parlement européen ne devrait pas permettre un blocage du processus d’adhésion, mais la progression de l’extrême droite pourrait compliquer les discussions. Les députés européens seront aussi amenés à s’exprimer sur les aides accordées à la Moldavie, tant pour son développement que pour lutter contre l’influence de la Russie.
Justement, la Moldavie organise le 20 octobre un référendum sur l’adhésion à l’Union européenne, le même jour que l’élection présidentielle. Si l’actuelle présidente pro-européenne Maia Sandu conserve une majorité confortable dans les sondages, les partis pro-russes font tout pour faire échouer le référendum.
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