Xi Jinping en Europe : le président chinois se rendra en Serbie et en Hongrie

C'est la première tournée du président chinois en Europe depuis la pandémie de Covid-19. Après sa visite deux jours en France, il se rendra en Serbie et en Hongrie, deux partenaires économiques et politiques.
Article rédigé par Laurent Rouy, Florence La Bruyère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le président chinois Xi Jinping dans la cour de l'Élysée le 6 mai 2024. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

Le président chinois, Xi Jinping, est arrivé lundi 6 mai à l'Élysée pour le début d'une visite d'État de deux jours en France. Le président chinois poursuivra ensuite sa tournée européenne en Hongrie et en Serbie, deux étapes qui peuvent sembler étonnantes, mais qui s'expliquent par les liens économiques et géopolitiques.

La Serbie est une porte d'entrée en Europe et la Chine est le deuxième partenaire économique du pays. Budapest sera la deuxième étape du président chinois en Europe, avec Viktor Orban le plus sinophile des dirigeants européens. Il a fait de son pays une tête de pont de la Chine en Europe.

Serbie : Pékin participe à 60 projets d'infrastructures

Xi Jinping fait la tournée de pays européens qui comptent pour la Chine. Si le président chinois voit la France comme le leader en Europe, il sait aussi que la Serbie est l'une de ses portes d'entrée privilégiées sur le continent, et ce, pour plusieurs raisons à la fois géopolitiques et économiques. Avec la guerre en Ukraine, la porte d'entrée en Europe que constituent les Balkans gagne en importance, et la Serbie, de par sa position géographique stratégique, figure en bonne place sur les "nouvelles routes de la soie", ce projet pharaonique chinois qui vise à créer un corridor logistique entre la Chine et, notamment, l'Europe.

La Chine est le deuxième partenaire économique de la Serbie, derrière l'Allemagne. Les échanges entre la Serbie et la Chine ont été multipliés par 100 en un peu plus de 10 ans. Pékin participe à 60 projets d'infrastructures en Serbie, pour un montant de 19 milliards d'euros, et fournit un tiers des investissements étrangers du pays. Des entreprises chinoises ont aussi racheté des industries lourdes serbes des secteurs métallurgiques et énergiques. Un accord de libre-échange a même été signé en 2023 entre les deux pays.

"L'amitié de fer" : la Chine ne reconnaît pas le Kosovo

Pour Xi Jinping, la visite en Serbie est l'assurance de ne recevoir aucune critique en matière de droits de l'homme, par exemple. Les deux pays ont aussi une approche commune de l'intégrité territoriale des territoires. Ainsi, la Chine ne reconnaît pas le Kosovo aux Nations unies, tandis que Belgrade soutient Pékin sur Taiwan et le Tibet. Mais pour le président serbe Aleksandar Vučić, le soutien de la Chine est inestimable alors que la Serbie est de plus en plus critiquée pour l'attaque paramilitaire au Kosovo en septembre 2023, les restrictions de la liberté des médias et les fraudes à peine cachées aux élections législatives et municipales de décembre 2023. "L'amitié de fer", c'est ainsi qu'est qualifiée la relation sino-serbe à Belgrade, permet de contrebalancer les critiques de Bruxelles et de Washington. Si les pressions des Occidentaux deviennent trop fortes, la Serbie pourra toujours renforcer ses liens avec la Russie et la Chine, liens qui n'ont jamais été menacés depuis une quinzaine d'années.

Hongrie : Pékin investit 8 milliards d'euros en 2023

Pour le Premier ministre hongrois Viktor Orban, Pékin est devenu un partenaire majeur. Pour preuve, un chiffre très parlant. En 2023, la Hongrie a attiré 13 milliards d’euros d’investissements étrangers et sur ces 13 milliards, 8 milliards proviennent d’investissements chinois. Un exemple, le chinois BYD, le plus grand constructeur de voitures électriques au monde, est en train de bâtir sa première usine européenne au sud de la Hongrie, à Szeged. Le ministre hongrois des Affaires étrangères s’en est récemment félicité. "BYD, le premier constructeur mondial de voitures électriques, a décidé d’installer sa première usine européenne ici, à Szeged. Cette décision consolide la position économique de la Hongrie. Cela va aussi renforcer la position de la Hongrie sur le marché mondial de l’industrie automobile électrique", a-t-il déclaré.

Deux grands fabricants chinois de batteries pour voitures électriques sont aussi en train de s’installer en Hongrie, pour fournir les usines allemandes installées depuis longtemps dans le pays. BMW, Audi ou encore Mercedes produisent aujourd’hui des voitures électriques. La Hongrie est devenue l'arrière-cour de l’Allemagne. Ces firmes allemandes ont besoin de fournisseurs de batteries à côté de leurs usines.

Une opinion publique partagée

Il y a aussi une dimension politique. Viktor Orban a été le premier Européen à signer le partenariat sur les routes de la soie. Pour les électeurs de Viktor Orban, l’ouverture à la Chine est une bonne chose. La télévision publique et les nombreux médias privés que possède le clan de Viktor Orban ne cessent de répéter que la Chine est un partenaire fantastique, que les entreprises hongroises profitent de ce rapprochement.

Les Hongrois qui ne votent pas pour Viktor Orban, qui s’informent auprès de médias indépendants, sont beaucoup plus inquiets. Ils pensent que leur Premier ministre s’éloigne de l’Europe et se rapproche beaucoup trop de Pékin. Pékin va financer la ligne de chemin de fer entre Budapest et Belgrade. En échange, Viktor Orban a accepté que des policiers chinois patrouillent bientôt dans les rues hongroises. Cela inquiète pas mal de Hongrois.

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