Alimentation et santé : vin rouge ou vin blanc, quels pesticides dans le verre ?
Patricia Chairopoulos, journaliste au magazine 60 Millions de consommateurs nous parle aujourd'hui de leur dossier : "Rouge ou blanc", quels pesticides dans le verre ? Le mensuel de l'INC a testé 40 produits et bonne nouvelle, les deux tiers de cet échantillonnage s’en sortent sans résidu de pesticides dans les bouteilles.
franceinfo : Un résultat positif à cet échantillonnage, mais peut mieux faire ?
Patricia Chairopoulous : Oui, c’est exactement notre constat. Les deux tiers de notre échantillonnage sont sans résidu de pesticides dans les bouteilles, c’est donc une bonne nouvelle. Mais le dernier tiers restant contient un à trois résidus, il y a donc encore des progrès possibles à faire. Par ailleurs, nous avons mesuré les sulfites, et toutes nos références sont dans les clous, avec des valeurs en deçà des seuils réglementaires.
Pourtant, la législation s'est durcie sur l'usage des produits phytosanitaires ?
C’est vrai que sous la pression des consommateurs et des associations de protection de l’environnement, la réglementation s’est durcie, par exemple en limitant les quantités autorisées de certains pesticides par hectare ou encore, pour des labels comme la HVE (Haute valeur environnementale), l’interdiction depuis cette année d’utiliser certaines molécules potentiellement toxiques.
Sur quels critères avez-vous choisi vos vins, car le panel est large ?
Nous les avons choisis en grande distribution, et parmi les quatre appellations parmi les plus consommées : chablis, côtes-du-rhône, bordeaux et muscadet, en faisant un panel avec des vins conventionnels, des bios et des HVE.
Quelles molécules avez-vous trouvées ?
Sur les 742 molécules de pesticides recherchées, nous avons détecté 6 molécules différentes de pesticides, dont trois d’entre elles sont "CMR", c’est-à-dire suspectées d’avoir une action "Cancérogène, mutagène, reprotoxique". Elles sont toutefois présentes en très faibles quantités. Notons que les vins blancs de notre panel, sont globalement plus nombreux à contenir des résidus de pesticides que les rouges.
Les sulfites plutôt dans les vins blancs ?
Oui, sans surprise. En effet, les vins blancs contiennent moins de tanins, qui ont des propriétés antioxydantes que les vins rouges, et il est donc nécessaire d’ajouter plus de sulfites. Ils servent à prolonger la durée de conservation du vin, et à le protéger de l’oxydation. Les muscadets sont les plus "chargés" en sulfites, à raison de 100 mg/l en moyenne, sachant que la limite est de 200 mg/l pour les blancs conventionnels.
Du côté des rouges, les bordeaux et les côtes-du-rhône s'en sortent plutôt bien ?
Oui, et surtout les bordeaux, puisque dans notre étude, les deux tiers des références récoltent une note supérieure à 15/20, à la fois parce qu’ils ne contiennent pas trop de sulfites – trois fois moins que la valeur seuil (150 mg/l pour les rouges conventionnels) – et parce que la plupart, excepté deux bouteilles, sont exempts de pesticides. C’est un peu moins bien pour les côtes-du-rhône, avec 4 références sur 10 qui contiennent des traces d’un pesticide CMR.
Est-ce que les vins bio tiennent leurs promesses ?
Complètement, puisque tous nos vins bio sont "propres" ! Ils ont d’ailleurs des notes égales ou supérieures à 16/20.
Quid de la certification HVE qu'on trouve sur de nombreuses bouteilles (haute qualité environnementale) ?
Notre constat est plus nuancé que pour le bio. Le cahier des charges de cette certification limite, certes, l’usage de certains pesticides de synthèse, mais ne les interdit pas. Or, nos analyses montrent la présence de résidus de pesticides potentiellement toxiques, CMR, dans plusieurs vins HVE, notamment un bordeaux et un muscadet, qui se retrouvent en fin de classement.
Des vins avec zéro pesticides, on peut y croire ou pas dans l'avenir ?
Des travaux scientifiques s’y attellent. Ils misent sur plusieurs leviers comme une meilleure connaissance du cycle des parasites, une sélection de variétés de vignes résistantes à certaines maladies ou encore le développement du bio contrôle.
De manière générale, que faut-il regarder sur les étiquettes avant d'acheter une bouteille ?
Déjà le label ou la certification. Et depuis janvier dernier, les bouteilles produites doivent afficher la liste des ingrédients encore présents dans le vin, ainsi que les valeurs nutritionnelles. Il s’agit généralement d’un QR code sur l’étiquette. Mais la plupart des bouteilles, actuellement en rayon, ne sont pas encore concernées par cette obligation.
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