franceinfo conso. Electroménager, vêtements, voitures : faites-les durer !
Qu'est-ce que consommer durable aujourd'hui ? Cela fait 40 ans que le développemet durable existe mais la place de la durabilité dans la vie des consommateurs ne cesse d'évoluer et de prendre des formes nouvelles, en particulier depuis le début la crise sanitaire. Un numéro hors-série du magazine "60 Millions de consommateurs" est consacré à cette question.
Le rendez-vous franceinfo conso est consacré aujourd'hui avec le magazine 60 Millions de consommateurs à la durabilité de nos produits. Décryptage avec Sylvie Metzelard, rédactrice en chef, qui a coordonné un hors-série à ce sujet. Et si on recyclait au lieu de jeter ?
franceinfo : L’électroménager, les vêtements, les ordinateurs, les voitures aussi, le "durable", c’est tendance aujourd’hui ?
Sylvie Metzelard : Oui, il y a une vraie prise de conscience aujourd’hui qu’il nous faut consommer différemment. Que c’est important, bien sûr pour son porte- monnaie, pour la planète, et aussi pour être en adéquation avec de nouvelles valeurs auxquelles on aspire. Mais entre nos désirs et la pratique, il y a encore beaucoup de chemin à faire !
Qu’est-ce qu’on entend par "démarche durable" ? C’est réparer ou faire réparer ?
Pas seulement ! C’est déjà mieux acheter pour ne pas acheter de choses inutiles ou qui vont être fichues très rapidement, donc à jeter. Une fois que l’on a acheté, c’est entretenir : la moitié des appareils rapportés aux services après-vente souffrent de défaut d’entretien et ne nécessitent aucune pièce de rechange et l’on monte à 60% pour le gros électroménager !
La crise sanitaire a-t-elle changé les modes de consommation ?
Nettement oui, et pas simplement en achetant beaucoup plus en ligne qu’avant. On a vu que l’on pouvait acheter différemment. En restant à la maison, on a fait du tri, et réalisé le nombre invraisemblable d’achats inutiles que l’on avait pu faire ; on a réappris des gestes simples comme réparer soi-même, faire à manger.
Acheter moins mais mieux, ça veut dire qu'il faut acheter des produits plus robustes ? Plus écolos ? Plus polyvalents ?
Plus robuste, c’est sûr ; c’est un objet que l’on pourra faire réparer, dont on peut disposer de pièces détachées ; cela doit être un objet qui correspond à ses besoins, pas avec plein de fonctionnalités qui seront inutiles.
Et il faut accepter d’y mettre le prix. Le durable à prix cassés ça n’existe pas ?
Oui, quand vous achetez un petit appareil électroménager qui ne se démonte pas où tout est soudé, vous voyez tout de suite qu’il ne sera jamais réparable ; pour ce qui est du gros électroménager, vous pouvez en dénicher à prix raisonnable mais ils doivent être basiques avec peu de fonctions mais attention, ces appareils peu techniques, sont certes moins chers mais aussi moins bons côté performances environnementales.
En matière d’électroménager, quelles sont les marques fiables et pourquoi ?
Pour déterminer quelles étaient les marques fiables dans de grandes catégories de produits, nous avons établi un palmarès à partir du nombre de pannes remontées par les usagers, le taux de satisfaction qu’ils leur donnaient, et sur la durée des pièces de rechange disponibles, renseignée par les fabricants. Pour les lave-linge et lave-vaisselle, par exemple, Miele et Bosch sont particulièrement bien placés ou Faure pour les réfrigérateurs.
Mais quand on achète un produit, que ce soit un lave-vaisselle, un robot ménager ou un aspirateur, c’est compliqué de savoir si il va durer longtemps ou non , s’il est réparable ou pas. Il y a des codes à connaître sur les étiquettes ?
On a une petite étiquette nouvelle qui est arrivée, elle représente une clé à molette sur fond de couleur, de rouge à vert, c’est ce que l’on appelle l’indice de réparabilité. Il prend en compte la facilité de démonter les appareils et à se procurer des pièces détachées, notamment. Malheureusement, pour l’instant seules cinq familles de produits bénéficient de cette étiquette : les lave-linge à hublot, les ordinateurs portables, les smartphones, les téléviseurs et les tondeuses à gazon électrique. On nous promet aussi un indice de durabilité pour 2024.
Acheter des produits fiables et robustes, faire réparer plutôt que jeter, la réparation, c’est un nouveau marché ?
C’est surtout l’autoréparation qui a le vent en poupe ; on répare soi-même mais en se faisant aider ; on regarde des tutos sur internet, on profite des ateliers des grandes enseignes et l’on va de plus en plus dans les "repair" cafés. Des endroits où l’on vous aide à réparer vous-même et où vous ne payez que les pièces nécessaires. Ils couvrent désormais un nombre incroyables d’objets à réparer ; il y a désormais des endroits où l’on vous aide ainsi à réparer votre vélo, votre voiture, vos vêtements…
Mais parfois ça coûte plus cher de réparer que de remplacer, donc il faut être très vigilant ?
Dans quelques rares cas, comme celui des sèche-linge, il peut être plus économique de remplacer. Il faut voir quand intervient la panne, plus elle intervient tôt, plus on peut espérer que la machine continue à servir longtemps après sa réparation ; ce sera donc plus rentable de réparer que d’acheter.
Et au niveau des produits alimentaires, là aussi il y a une façon "durable" d’acheter ?
Oui, certains produits dont nous établissons la liste peuvent être mangés très longtemps après leur date de péremption, d’autres non bien sûr ; nous avons établi des listes de famille de produits en conséquence mais aussi donné des conseils de conservation car mieux vos produits sont conservés, plus longtemps ils durent. Il faut bien regarder les dates de durabilité minimale, la "ddm", et la date limite de consommation la date limite de consommation. Il n’y a pas de risque pour la santé à manger une date de durabilité minimale dépassée.
Changement d’état d’esprit des consommateurs, c’est une chose, mais est ce que les industriels sont prêts à jouer le jeu ?
Cela dépend lesquels, mais sous la pression des consommateurs, de fait, une évolution se fait ; on le voit dans l’effort que font certains pour les pièces détachées ou en favorisant les ateliers de réparation.
Le problème aussi, c’est que l’achat d’un produit ou son renouvellement fait partie du plaisir. Comment se désintoxiquer ? Quels conseils donnez-vous ?
L’acte d’achat peut procurer un plaisir certes, mais éphémère. Pour se désintoxiquer, rien de mieux que d’adopter ce que l’on appelle la "méthode Bisou". A chaque lettre du mot correspond une question que l’on doit se poser. B. pour besoin, est ce que j’ai besoin de c’est objet ? I comme immédiat, est-ce indispensable que je l’achète tout de suite ; S pour semblable ; je n’ai pas déjà quelque chose d’analogue qui risquerait de faire double emploi ? O comme origine ; d’où vient ce produit, et quelles ressources il a sollicité et enfin, U comme utile. Cela va-t-il vraiment apporter un plus à mon quotidien. En se posant systématiquement ces questions avant, on achète moins, je vous le garantis !
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