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franceinfo conso. Il faut réglementer les produits au cannabidiol

Le cannabidiol, aussi appelé CBD, est un dérivé du chanvre, légal, à l'inverse du cannabis. Mais la réglementation reste encore assez vague tout comme l'information sur les produits qu'on trouve dans le commerce. Une enquête de "60 Millions de consommateurs" nous aide à y voir plus clair. 

Article rédigé par franceinfo, Catherine Pottier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Image prise le 14 janvier 2021 à Lavau-sur-Loire en Loire-Atlantique, montrant des têtes de cannabidiol ou CBD.  (LOIC VENANCE / AFP)

Dérivé du chanvre, le CBD ou cannabidiol, est légal, à l'inverse du cannabis. Mais sa réglementation reste encore assez vague, tout comme l'information sur les produits qu'on trouve dans le commerce. Un dossier du dernier numéro de 60 Millions de consommateurs : "Produits au cannabidiol, il faut sortir du flou" éclaire notre lanterne. Benjamin Douriez, rédacteur en chef adjoint du magazine est notre invité. 

franceinfo : D'abord, pour les personnes qui n'auraient jamais entendu parler de ce CBD, qu'est-ce que c'est ? Quels sont ses effets ? En quoi est-ce différent du cannabis ?  

Benjamin Douriez : Le CBD c’est le cannabidiol, une substance présente dans le chanvre qui a des effets relaxants. Mais elle n’a pas d’effet psychoactif – pour faire court, on va dire que ce n’est pas une drogue – à l’inverse du THC. Le THC qui est LA substance responsable des principaux effets du cannabis qui, elle, est interdite. Donc le CBD, on le trouve en vente libre – des fabricants le vendent pour ses effets sur le sommeil ou la détente par exemple.  

Le CBD à donc des vertus, et on le retrouve dans des produits très divers ?

Il y a une espèce de vogue autour des produits au CBD. Ils sont vendus sur le web ou dans des boutiques spécialisées, qui fleurissent dans certains grandes villes. Ce sont des produits extrêmement variés. On trouve notamment des liquides pour cigarettes électroniques au CBD, des fleurs séchées, des tisanes, et même des cosmétiques – des crèmes pour la peau au CBD.    

Et la réglementation actuelle sur ces produits est trop floue aujourd'hui, selon votre enquête ?   

Oui elle est quasi inexistante. La réglementation dit uniquement que le cannabidiol, le CBD, doit être issu d’une plante de chanvre ne contenant pas de THC, ou alors uniquement des traces pas plus de 0,2%. Mais pour ce qui est du CBD en lui-même, il n’y a pas vraiment d’encadrement. Il n’y a pas de teneur maximum – on trouve donc des produits susceptibles d’apporter la même dose de CBD présente dans un médicament – ce qui est un problème !  

Est-il prévu qu'elle évolue ?   

On ne peut pas faire l’économie d’une évolution réglementaire. Les pouvoirs publics en sont conscients. D’autant qu’un récent arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, au mois de novembre, ouvre la voie à l’importation en France de produits d’autres européens. Pour protéger les consommateurs, nous, à 60 Millions de consommateurs, on estime qu’il faut encadrer notamment la teneur en CBD des produits et leur étiquetage – pas réglementé à l’heure actuelle non plus.  

En tous cas pour l'instant cette réglementation est tellement floue que vous notez que certains producteurs affichent la mention "cannabis 100% légal", qui n'a pas lieu d'être ? 

On retrouve encore des fabricants qui surfent sur cette confusion avec le cannabis – sans doute pour profiter d’une image sulfureuse qui peut attirer certains clients. Mais non, le CBD n’est pas du cannabis légal, ce n’est pas du cannabis tout court, parce qu’il n’y a pas de THC.  

L'une des valeurs ajoutées de votre dossier, ce sont les essais, 28 produits au CBD testés. Que ressort-il de vos tests ?   

Ce grand flou justement. On a mesuré la teneur en CBD. Et là, pas mal de surprises ! Car ce qu’on a trouvé ne correspond pas toujours à la teneur indiquée.   En fait, c’est le grand n’importe quoi, parce qu’on a des produits dans lesquels le taux mesuré est supérieur au taux annoncé. Et d’autres, où il est inférieur, jusqu’à deux fois inférieur dans certaines fleurs et thés au CBD, malgré un prix de vente parfois élevé.    

Il y a assez peu de produits alimentaires 

C’est vrai qu’il y a aussi un autre flou réglementaire au niveau européen, qui est de savoir si on peut utiliser du CBD dans les produits alimentaires. Ce n’est pas clair ! Malgré cela, il y a des huiles, ou encore des gélules vendues comme des compléments alimentaires qui figurent parmi les produits que nous avons étudiés.

Et ce qui vous rend un peu circonspect, c'est qu'il y a bien souvent un défaut d'information sur la composition des produits, sur les étiquettes ?

Oui, l’acheteur de ce type de produit est très mal informé. On a évoqué la teneur affichée (quand elle est affichée, parce que ce n’est pas systématique), elle est peu fiable. Autre souci : les fabricants ne disent pas toujours à quelle dose utiliser leur produit ; or, à certaines doses, ces produits peuvent être toxiques ! Et il manque souvent les mises en garde : par exemple sur les risques d’interaction entre le CBD et certains médicaments. Ce sont des manques d’information qui impliquent un défaut de sécurité. 

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